Tebboune ordonne aux membres du Gouvernement de préparer des plans d'action sectoriels    Lettre ouverte A Monsieur le président de la République    L'Algérie révise partiellement sa politique des subventions des prix du gaz naturel pour les industriels    Organisation d'une journée d'étude sur l'entrepreneuriat en milieu universitaire    Des artistes illustrent les horreurs de Ghaza    Erdogan salue une décision «courageuse»    La Bolivie exprime son soutien au mandat d'arrêt contre Netanyahu et Gallant    Les joueurs mouillent-ils leurs maillots ?    Ligue 1 Mobilis : la LFP fixe les dates de la 11e journée    Belaili sauve l'EST de la défaite contre Ben Guerdane    Lettre ouverte A Son Excellence, Monsieur le président de la République    Quarante-cinq lotissements sociaux créés à travers plusieurs commune    Opération de dépistage du diabète    Deux artistes algériens lauréats    Commémoration du 67e anniversaire de la bataille de Hassi-Ghambou dans le Grand erg occidental    Lettre ouverte A Son Excellence, Monsieur le président de la République    APN : le président de la commission des affaires étrangères s'entretient avec le chef de la délégation du Parlement iranien    Sétif: signature de 7 conventions entre NESDA et la direction de la formation professionnelle    Liban: 29 personnes tombent en martyres dans une frappe de l'armée sioniste sur Beyrouth (nouveau bilan)    Canoë - Kayak et Para-Canoë/Championnats arabes 2024: l'Algérie sacrée championne, devant l'Egypte et la Tunisie    Athlétisme / 10 km de la Saint-Nicolas : Victoire de l'Algérien Saïd Ameri    Le Général d'Armée Saïd Chanegriha en visite officielle à l'Etat du Koweït    Ouverture de la 70e session de l'AP-OTAN à Montréal avec la participation du Conseil de la nation    Rencontre entre les ministres de l'Education nationale et des Sports en prévision du Championnat national scolaire des sports collectifs    Examens de fin d'année session 2024 : début des inscriptions mardi    Le président de la République préside une réunion du Conseil des ministres    Travaux publics: coup d'envoi du 20e SITP avec la participation de 232 exposants    Borrell appelle les Etats membres de l'UE à appliquer la décision de la CPI à l'encontre de responsables sionistes    Mandats d'arrêt contre deux responsables sionistes: la Bolivie appelle à l'application de la décision de la CPI    Journée d'étude à Alger sur l'entrepreneuriat en milieu universitaire    Foot/Jeux Africains militaires-2024: l'équipe nationale remporte la médaille d'or en battant le Cameroun 1-0    Tunisie: ouverture des Journées Théâtrales de Carthage    Tlemcen: deux artistes d'Algérie et du Pakistan lauréats du concours international de la miniature et de l'enluminure    Nâama: colloque sur "Le rôle des institutions spécialisées dans la promotion de la langue arabe"    Le président de la République préside la cérémonie de prestation de serment de la nouvelle Directrice exécutive du Secrétariat continental du MAEP    L'ANP est intransigeante !    L'Algérie happée par le maelström malien    Un jour ou l'autre.    En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle    Tunisie. Une élection sans opposition pour Kaïs Saïed    Algérie : l'inquiétant fossé entre le régime et la population    BOUSBAA بوصبع : VICTIME OU COUPABLE ?    Des casernes au parlement : Naviguer les difficiles chemins de la gouvernance civile en Algérie    Les larmes de Imane    Algérie assoiffée : Une nation riche en pétrole, perdue dans le désert de ses priorités    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    Pôle urbain Ahmed Zabana: Ouverture prochaine d'une classe pour enfants trisomiques    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



LA M�RE DE MOHAMED BENCHICOU
"Qu'est-ce que 24 mois dans la vie d'un homme !"
Publié dans Le Soir d'Algérie le 14 - 06 - 2005

Une ann�e d�j� ! Je n'ai plus la notion du temps… C‘est complexe, les douze mois semblent �tre vite pass�s… Pourtant !…. Parfois, il y a des jours qui me paraissent �tre une �ternit�…. C'est tous ces jours o� je me demande comment Mohamed vit sa d�tention… Il lui reste une ann�e ?
Qu'est-ce que 24 mois dans la vie d'un homme !� C'est par ces mots, qui refl�tent ses sentiments quant � la d�tention de son fils, que la m�re de Mohamed Benchicou nous m�ne vers le salon de son modeste appartement situ� au 10�me �tage d'un des immeubles de la place du 1er-Mai. Quelques minutes auparavant, au seuil de la porte, nous venions de lui expliquer, presque timidement, la raison pour laquelle, en cette fin de matin�e de dimanche 12 juin, nous sommes venus interrompre la sieste de cette femme �g�e et malade. Nos excuses balbuti�es font esquisser un large sourire sur le visage de cette femme de 71 ans au regard fatigu� mais p�tillant, que la vie ne semble pas avoir �pargn�e et qui nous invite � prendre place dans cette pi�ce du domicile parental de Mohamed Benchicou o� les policiers ont un jour d�barqu� pour le fouiller de fond en comble dans l'espoir d'y trouver �quelque chose� qui pourrait mettre le journaliste � l'ombre, et pour longtemps. Un souvenir que la m�re du directeur du journal Le Matin garde intact. �Ils �taient une dizaine, l'un d'entre eux, un officier, �tait assis l�, au m�me endroit o� vous �tes, il tentait de m'occuper, pendant que ses coll�gues qui accompagnaient Mohamed retournaient la maison… Ils n'ont rien trouv�…� Ses petits yeux d'un bleu limpide se voilent, elle d�tourne son regard pour fixer la porte d'entr�e du salon, grande ouverte. Son regard se fige sur un calendrier 2005 accroch� au mur du couloir. Il est illustr� par un portrait de Mohamed Benchicou arborant un sourire triomphant. Le journaliste a h�rit� de sa m�re le bleu des yeux. Un bleu que fait ressortir un peu plus la robe de la m�me couleur qu'elle porte avec une rare �l�gance en ce d�but d'apr�s-midi de juin. La vieille femme semble puiser son courage dans le regard de son fils. Elle revient impassible. Elle force le respect, en aucun cas la compassion. �Qu'ont-ils fait? Mohamed est en prison ! Et apr�s ! Ce n'est pas un criminel, un assassin ou un voleur, il n'a pas trahi son pays !� Un pays qu'elle aime par-dessus tout et qu'elle nous raconte � sa fa�on. A la fa�on de ces mamans qui briment leur instinct maternel pour encourager leur enfant dans le combat qu'il a choisi, et ce, quoi qu'il leur en co�te. Elle en est convaincue, son fils est en prison pour ses �crits et non pour une histoire de bons de caisse et cela lui suffit pour survivre � la d�tention arbitraire de son fils. �Eux-m�mes ont fini par l'admettre� dit-elle l'air victorieux avant de nous raconter l'intervention en direct de ce ministre de la R�publique qui, interrog� sur le cas de Benchicou, a reconnu que le journaliste est en prison �pour ce qu'il a �crit� Un aveu pour la m�re de Mohamed Benchicou. Elle interrompt son r�cit en s'excusant d'avoir �trop parl� de Mohamed� et de ne pas avoir demand� des nouvelles de ses confr�res. �Comment vont Hakim La�lam, Dilem, le directeur du Soir, Omar... ils ne donnent pas de nouvelles... et les autres ; ceux qui ont �t� condamn�s � la prison.� Elle ne nous donne pas le temps de r�pondre. Elle se met � implorer de tous ses vœux la volont� divine pour prot�ger les journalistes qui sont �dehors� et qui continuent � faire leur m�tier avec la m�me abn�gation. �Vous savez, m�me s'ils ne le manifestent pas, les gens vous respectent pour ce que vous faites. J'en ai pris conscience � chacune de mes visites � la prison. Personne ne rate l'occasion de me dire combien on respecte Mohamed. Tous disent que son emprisonnement est une injustice, et qu'il est en prison pour son livre.� Un ouvrage qu'elle nous raconte � sa mani�re, avec des mots simples. Comme elle nous racontera ses visites au parloir de la prison, les longues heures d'attente, avant d'entendre �dans le haut-parleur � les nom et pr�nom de son fils, avant de franchir �le long couloir�, avant de pouvoir �lui parler cinq minutes � travers une vitre�. Une �preuve que ses autres fils tentent de lui �pargner, mais que la vieille femme tenace �ent�t�e�, pour reprendre son fils Abdelkrim, surmonte. �Pour Mohamed.� �Vous savez, il m'arrive de me r�veiller la nuit, pour oublier que Mohamed qui n'a rien fait est en prison, je prie, je prie , je prie et j'invoque Dieu pour qu'il fasse justice. � Cela l'am�ne � nous conseiller de ne pas d�sesp�rer, de ne jamais baisser les bras parce que �quoi qu'ils fassent, ils ne sont pas �ternels et surtout parce qu'il y a une justice divine�. La m�re de Mohamed Benchicou commence � se sentir lasse, elle fait un effort pour qu'on ne s'en rende pas compte. On se retire pour laisser se reposer cette femme �g�e qui souffre de l'absence de son fils et qui puise dans sa foi en Dieu la force pour la supporter. Encore une ann�e ! Douze, c'est peut-�tre rien dans la vie d'un homme, mais c'est toute une vie dans celle de sa m�re. S. A.


ABDELLAH BENARBIA, SON AVOCAT
"Mohamed a un moral d'acier"
Entretien r�alis� par Sa�da Azzouz
Le journaliste et directeur du journal Le Matin boucle en ce 14 juin une ann�e de d�tention. Douze mois sur les vingt-quatre auxquels il a �t� condamn� il y a un an par le tribunal d'El-Harrach viennent de s'�couler. Comment le prisonnier le plus c�l�bre de la maison d'arr�t d'El-Harrach les a-t-il v�cus ? La question nous l'avons pos�e � son avocat et ami, Me Abdellah Benarbia, qui, depuis son incarc�ration, lui rend visite presque chaque jour. Il ressort de ce petit entretien, que l'avocat a bien voulu nous accorder, que Mohamed Benchicou vit sa d�tention avec beaucoup de philosophie.
Le Soir d'Alg�rie : Vous rendez r�guli�rement visite � Mohamed Benchicou. De vos diff�rents entretiens comment pensez-vous qu'il a g�r� ses 366 jours de d�tention, alors qu'il lui en reste autant � passer ?
Abdellah Benarbia : Je peux vous assurer que M. Benchicou dispose actuellement d'un tr�s bon moral, pour ne pas dire d'un moral d'acier qui r�siste � toutes les �preuves, � l'exception de ses probl�mes de sant�. L. S. : Justement, comment arrive-t-il � vivre et � supporter sa maladie ?
A. B. : Il faut savoir qu'avant son incarc�ration, il se soignait pour une arthrose cervicale, pour laquelle il �tait suivi par des sp�cialistes. Depuis son incarc�ration, les soins appropri�s ne lui sont plus administr�s. Cela, bien �videmment, se r�percute sur son �tat de sant�. Sa maladie se d�t�riore et menace s�rieusement de paralysie son bras droit.
L. S. : Arrive-t-il � g�rer moralement cette menace ?
A. B. : Malgr� son �tat de sant� d�ficient, faisant un travail sur lui-m�me et convaincu de son innocence, il arrive � se forger une raison qui lui permet de supporter les privations des libert�s.
L. S. : Et comment vit-il son �loignement de sa famille ?
A. B. : Il est �vident que pour tout d�tenu, l'absence de la famille p�se lourdement sur ses responsabilit�s familiales. Il lui arrive de les voir lors des visites � la prison, mais sans pour autant leur manifester un quelconque signe de d�couragement.
L. S. : Et vis-�-vis de son m�tier ? Le fait de ne pas �crire ne lui manque-t-il pas ? A. B. : Vous �tes de la presse, vous �tes journalistes, vous connaissez bien Mohamed Benchicou, il ne sait rien faire d'autre que d'�tre un journaliste talentueux et parfois pol�miste. On en parle parfois, il avoue avoir travaill� sans haine, sans m�pris � l'�gard de quiconque. Son seul souci c'�tait de mettre son quotidien au service du citoyen et de la soci�t�.
L. S. : Quand il n'est pas au tribunal que fait-il de ses journ�es et comment vit-il quotidiennement son incarc�ration ?
A. B. : De par sa personnalit�, Mohamed Benchicou, pour nous, �ami Mohamed� pour ses cod�tenus, jouit de l'estime de tout le monde y compris les prisonniers. Cette entente entre co-pr�venus et le respect qu'il a lui-m�me du r�glement int�rieur de la prison font que sa d�tention se trouve quelque peu acceptable. J'avoue que la situation �tait tr�s difficile pour lui les tout premiers jours de son incarc�ration. Depuis, il s'est fait une raison et subit sa peine avec une certaine philosophie. Sinon, il passe �norm�ment de temps dans la biblioth�que de la prison, la lecture lui permet aussi de tenir le coup.
L. S. : A-t-il une id�e sur la mobilisation que suscite son incarc�ration et les actions entreprises pour sa lib�ration ? Quel commentaire en fait-il ?
A. B. : A travers ses avocats, sa famille, la presse quand il arrive � en avoir, il est au courant de la tournure qu'a pris sa situation pour �tre �minemment politique. Pour le reste, il ne fait aucun commentaire, il a purg� la moiti� de sa peine et dans douze mois il sera libre…
L. S. : Pour reprendre son travail de journaliste ?
Comme je vous l'ai dit, � part �crire Mohamed Benchicou ne sait rien faire d'autre, ceci par conviction politique et en conformit� avec son statut personnel.
S.A.

KHALED BOURAYOU
"On condamne le journaliste pas son �crit !"
Ma�tre Khaled Bourayou est l'avocat de plusieurs titres de la presse ind�pendante. A ce titre, il a plaid� plusieurs affaires dites de diffamation et conna�t donc parfaitement la nature de l'acharnement contre la presse et les journalistes…
Le Soir d'Alg�rie : Vous �tes l'avocat attitr� de la presse ind�pendante et, � ce titre, vous pouvez nous dresser un bref constat quant � la situation de la presse et de la libert� d'expression, aujourd'hui.
Khaled Bourayou : La premi�re ann�e du deuxi�me mandat pr�sidentiel aura �t� une ann�e extr�mement dure pour la presse. Apr�s l'�t� chaud de 2003 et les derniers six mois pr�c�dant l'�lection pr�sidentielle, rappelez-vous de la vague d'arrestations des journalistes par la police judiciaire. L'ann�e en cours aura �t� l'aboutissement des proc�dures de m�me qu'elle voit la vague de sanctions et de proc�s des journalistes. Cela a commenc� avec le proc�s de Hafnaoui Ghoul. Rappelez-vous d'ailleurs les conditions de d�roulement de ce proc�s. Un correspondant qui se retrouve avec une dizaine de plaintes ! Certes, il est aujourd'hui en libert� et c'est une bonne chose. Pour lui comme pour nous. S'en est suivi le proc�s de Benchicou puis les derni�res condamnations � l'encontre du collectif r�dactionnel du Soir d'Alg�rie, notamment Fouad Boughanem, Hakim La�lam et Kamel Amarni.
L. S : Parlons du cas Benchicou, justement. Outre l'emprisonnement, le pouvoir et ses relais tentent de l'humilier en maintenant qu'il ne se trouve pas en prison pour ses �crits, mais pour une sordide histoire de bons de caisse.
K. B : Le cas Benchicou ? Il faut dire le proc�s Benchicou car il s'agit bien du proc�s d'un homme avant d'�tre celui d'une infraction. Une infraction du reste mont�e de toutes pi�ces. Cet homme qui est un journaliste a exprim�, comme tout autre journaliste, ses opinions et ses id�es. Le tort de ses id�es est le fait qu'il a critiqu� et combattu une forme de gouvernance. Certains ont trouv� cela de l'exc�s ; d'autres en ont profit� pour r�gler des comptes avec lui. Ceci dit, si Benchicou avait soutenu la ligne du pr�sident avec exc�s, il ne serait pas dans la situation qui est la sienne aujourd'hui. Il aurait fait entrer mille bons de caisse que personne n'aurait trouv� � redire. Il ne faut donc pas se leurrer. En Benchicou, c'est le journaliste qu'on a condamn� ; c'est le directeur d'un journal qu'on a mis en prison. Pour l'anecdote, il faut savoir que lors du proc�s de Ghoul, l'avocat de la wilaya avait soutenu, tenez-vous bien, que le correspondant n'est pas un journaliste. D'ailleurs cette tendance qui consiste � faire du journaliste un d�linquant de droit commun est consacr�e par la l�gislation actuelle. Le code p�nal et ses amendements de 2001 consid�rent que le d�lit de presse rel�ve du droit commun, attentatoire � l'ordre public et qu'il faut, par cons�quent, le sanctionner en tant que tel. C'est vous dire que c'est beaucoup plus la qualit� de journaliste qu'on sanctionne que la personne poursuivie. Il suffit d'�tre journaliste pour �tre sanctionn�.
L. S. : Pourquoi � votre avis ?
K. B. : De nos jours, le journaliste constitue un trouble � l'ordre public. Certains magistrats ont peur des pesanteurs politiques que comporte le d�lit de presse. M�me lorsqu'il apporte la preuve du fait diffamatoire, il est quand m�me sanctionn� ! Donc, on juge beaucoup plus le journaliste que son �crit. Autrefois, on connaissait le d�lit de faci�s, aujourd'hui on d�couvre celui d'�tre journaliste ! C'est un propos excessif peut-�tre mais c'est, h�las, la v�rit�. Les journalistes ont pay� un lourd tribut durant la p�riode du terrorisme, aujourd'hui ils continuent � payer pour leurs opinions. Ceci m'am�ne � dire que l'Alg�rie a r�gress�, je dirai � la fois d'une mani�re affligeante et dangereuse. Le Maroc conna�t aujourd'hui une ouverture vers la libert� d'expression au moment o� celle de l'Alg�rie se referme. Le pouvoir ne peut plus se pr�valoir de cet alibi de libert� d'expression en Alg�rie qui n'est malheureusement qu'une fa�ade. Comme il ne peut pas se faire une l�gitimit� sans les libert�s. Il est vrai que la l�gitimit� sort des urnes tous les cinq ans. Mais pour qu'elle soit entretenue, il importe fort de la concilier avec l'�coute, le respect de l'autre ainsi que d'admettre la critique. C'est � ces valeurs primordiales de l'homme, combien instructive pour nos gouvernants, qu'il faille d�sormais s'atteler.
L .S : En la mati�re, l'Alg�rie a d�finitivement perdu toute cr�dibilit� et les pressions internationales sont l�. Apr�s les Am�ricains � deux reprises, c'est au tour du Parlement europ�en d'interpeller le pouvoir alg�rien � propos de la libert� de la presse et de l'emprisonnement des journalistes.
K. B. : La mobilisation de la communaut� internationale contredit s�rieusement toute la volont� du pouvoir d'am�liorer l'image de l'Alg�rie � l'�tranger. Il n'y a pas meilleure vitrine � offrir que celle des libert�s et du droit. Mais encore, il ne peut pas y avoir un d�veloppement juste �quitable et �galitaire sans le respect de la libert� et des droits. C'est � ces conditions que nous pourrons esp�rer avoir, demain, une justice ind�pendante. Qui doit pr�server les libert�s et les droits. Or, telle qu'elle fonctionne aujourd'hui, notre justice reste en retrait.
L. S. : Cela est-il possible pour une justice dont le premier magistrat, le chef de l'Etat en l'occurrence, avait publiquement trait� les journalistes de terroristes, de "tayabate el hammam", etc. ?
K. B. : Je vous renvoie � la r�solution du dixi�me sommet de la francophonie sur la libert� de la presse. Bouteflika l'avait ratifi�e. Et en tant que chef d'Etat, il a engag� l'Alg�rie dans cette r�solution. Les dispositions de cette m�me r�solution sont-elles, pour autant, prises en charge en Alg�rie ? Je r�pondrai que non ! Non car le pays dispose d'un outil normatif qui sanctionne le journaliste au lieu de le prot�ger. Par exemple, le journaliste ne peut pas b�n�ficier de l'exception de v�rit�. Car il ne peut pas se pr�valoir de la bonne foi. Ces notions sont d'ailleurs �trang�res � la l�gislation alg�rienne. A cela s'ajoute un discours qui n'est pas de nature � pr�server la libert� d'expression. En conclusion, je peux dire que l'Alg�rie qui a toujours �t� une terre de libert� et d'hommes libres est un pays qui a pay� un lourd tribut � la libert�. Que nos gouvernants sachent qu'il n'y a pas d'avenir pour cette Alg�rie ni pour d'ailleurs ceux qui la gouvernent sans libert� et droit. Les d�fis de ce nouveau si�cle sont ceux des vertus de l'homme, de sa dignit� et de sa libert�.
Entretien r�alis� par Kamel Amarni
ROBERT MENARD (REPORTERS SANS FRONTIERES)
"Une nouvelle campagne pour Benchicou"
Le Soir d'Alg�rie: De quelle mani�re votre organisation compte-t-elle poursuivre la mobilisation pour la lib�ration de Benchicou qui, ce 14 juin, aura purg� une ann�e de prison?
Robert M�nard : Nous lan�ons aujourd'hui m�me une nouvelle campagne pour sensibiliser le public fran�ais et �tranger � la situation de la libert� de la presse. Nous esp�rons qu'elle permettra de remettre l'Alg�rie sur le devant de l'actualit�. Nous avons �galement demand� des visas pour nous rendre en Alg�rie et nous attendons avec impatience la r�ponse du gouvernement.
L. S. : Le Parlement europ�en vient de voter une r�solution pour la d�p�nalisation du d�lit de presse en Alg�rie. Quelle appr�ciation en portez-vous ?
R. M. : C'est une tr�s bonne chose. C'est � notre connaissance la premi�re fois que le Parlement europ�en se prononce avec autant de force sur la situation de la presse en Alg�rie. Cela va obliger tous les diplomates europ�ens qui vont rencontrer des repr�sentants des autorit�s alg�riennes � aborder cette question. L'Union europ�enne doit renforcer sa pression sur Alger. Le gouvernement alg�rien a sign� un accord d'association avec Bruxelles qui impose un respect de la libert� d'expression.
L. S. : De quelle fa�on votre organisation compte-t-elle accompagner cette r�solution?
R. M. : Nous allons la diffuser massivement et en parler avec tous les diplomates que nous rencontrons. Nous allons �galement demander aux autorit�s des Etats membres de faire une d�marche similaire en direct avec l'Alg�rie, notamment au gouvernement fran�ais.
S. A. I.
BACHIR CHERIF HASSAN, DIRECTEUR DE "LA TRIBUNE"
"Beaucoup de douleur � voir un journaliste en prison"
Le Soir d'Alg�rie : Le directeur du Matin aura purg� le mardi 14 juin 2005 une ann�e d'emprisonnement. Une demande de mise en libert� provisoire introduite auparavant par ses avocats a �t� rejet�e, alors que son �tat de sant� serait pr�occupant…
Bachir Cherif Hassan : On �prouve beaucoup de douleur � voir un journaliste en prison, davantage lorsqu'il est doubl� d'un intellectuel. Nous avons esp�r�, en relation avec la loi, qu'apr�s 12 mois de prison, la justice dans son ind�pendance puisse faire jouer tous les actes de recours. Il ne faut pas que le cas de notre confr�re Benchicou reste un acte de fixation politique. Et m�me les plaies ne sont pas toutes ferm�es, � la veille de la f�te de l'ind�pendance nationale et au moment o� les autorit�s �voquent la r�conciliation nationale, nous sommes persuad�s que le premier magistrat du pays, dans un acte de mansu�tude, puisse faire r�f�rence au cas Benchicou.
L. S. : Le Parlement europ�en vient d'adopter une r�solution � travers laquelle il appelle � la d�p�nalisation du d�lit de presse en Alg�rie. Quelle appr�ciation en faites-vous ?
B. C. H. : Je n'ai pas tous les �l�ments quant � l'esprit qui a pr�sid� au vote de cette r�solution, mais concernant son contenu, il va de soi qu'on ne peut qu'y souscrire. D'autant que la d�p�nalisation du d�lit de presse fait partie du combat de la profession, et ce, depuis la cr�ation de la presse ind�pendante. La revendication a �t� exprim�e en direction de tous les ex�cutifs qui se sont succ�d� depuis. Il est bien entendu que, journalistes que nous sommes, nous sommes toujours dispos�s � r�pondre aux convocations de la justice. Le journaliste est justiciable autant que n'importe quel autre citoyen. Evidemment, conform�ment aux lois de la R�publique, quand des actes de diffamation sont prouv�s, les pr�judices moraux caus�s doivent �tres r�par�s. Cela dit, le respect ultraformaliste des r�gles de d�ontologie et d'�thique professionnelles r�futeront de fait l'acte de p�nalisation du d�lit de presse.
S. A. I.


Chronologie d'une incarc�ration
• Interpellation de Benchicou � l'a�roport
Mohamed Benchicou est arriv� en ao�t 2003 � Alger en provenance de Paris. Quand il se pr�sente au guichet de la police des fronti�res, le policier quitte son guichet et va pr�venir ses chefs. (Il le confirmera lui-m�me lors du proc�s). Des policiers en civil ordonnent � M. Benchicou de les suivre pour proc�der � une fouille au corps et de son porte-documents. Dans son porte-documents, ils trouvent des bons de caisse. Les policiers font des photocopies de ces bons et les rendent � M. Benchicou qu'ils laissent partir sans �tablir de proc�s-verbal, "avec sans doute le secret espoir de ne pas laisser de traces de ce qui s'apparente � une bavure". Le lendemain, M. Benchicou apprend par le quotidien EL Moudjahid qu'une plainte est d�pos�e contre lui par le minist�re des Finances pour transfert de capitaux.
• D�menti de la Direction g�n�rale des douanes
La Direction des douanes r�agit imm�diatement en adressant une lettre qu'elle a rendue publique au chef du gouvernement et aux services de s�curit� concern�s dans laquelle elle d�clare sans ambages qu'il n'y a pas de d�lit, selon la loi en vigueur en Alg�rie et selon le code des douanes. Mieux, l'institution douani�re d�clare que la police des fronti�res a outrepass� ses pr�rogatives en contr�lant M. Benchicou avant son arriv�e � la douane et que m�me dans le cas d'un d�lit, c'est � la douane de dresser un P-V et au Tr�sor de porter plainte. Malgr� cela, M. Benchicou est convoqu� au commissariat o� l'on tente en vain de lui faire signer un proc�s-verbal (P-V) � titre r�troactif (sanctionnant la fouille � l'a�roport quelques jours plus t�t). Son domicile et celui de sa m�re sont perquisitionn�s. Il est �galement convoqu� par le juge d'instruction qui le place sous contr�le judiciaire avec retrait du passeport et obligation de se pr�senter une fois par semaine au tribunal pour signer un registre de pr�sence, en vue de prouver qu'il n'a pas quitt� le territoire national.
• Bataille de proc�dures et mobilisation des avocats
Le proc�s est programm� pour le 14 juin 2004 apr�s avoir �t� pr�vu une premi�re fois pour le 31 mai de la m�me ann�e. Les avocats de la d�fense engagent une v�ritable bataille de proc�dures. Cette derni�re engag�e entre le collectif de la d�fense et la partie civile est soutenue, selon des observateurs, "par un parti-pris flagrant de la pr�sidente de la cour et du procureur g�n�ral". Les avis divergeaient, en effet, sur la constitution du minist�re des Finances comme partie civile. Se basant sur le code de proc�dure p�nale, la d�fense a affirm� que "l'institution concern�e ne peut pas prendre part au proc�s pour la simple raison que l'amende pr�vue par les textes de loi rev�t un caract�re p�nal qui va alimenter le Tr�sor public". Chose qui a pouss� Me Benarbia � relever que "le minist�re des Finances est automatiquement disqualifi� puisqu'il ne peut pas demander plus que ne pr�voit la r�glementation en la mati�re". Concernant l'arrestation de M. Benchicou � l'a�roport Houari-Boumediene, les policiers, au nombre de quatre, convoqu�s pour apporter la version des faits, ont tous signal� qu'ils avaient agi dans un cadre de contr�le routinier et non pas sur instruction du ministre de l'Int�rieur. Ces policiers ont ni� m�me le fait de "conna�tre physiquement M. Benchicou".
• Arr�t� en pleine audience
L'instruction du dossier a �t� d�clar�e achev�e en octobre 2003 mais le proc�s n'est fix� qu'au 31 mai 2004 puis renvoy� au 14 juin. Date � laquelle M. Benchicou a �t� condamn� � deux ann�es de prison ferme et 200 000 euros d'amende avec mandat de d�p�t � l'audience lors d'un simulacre de proc�s. Le procureur de la R�publique avait requis une peine de 5 ann�es de prison ferme accompagn�e de mandat de d�p�t. Les observateurs sont unanimes : "C'est le couronnement de la cabale juridico-polici�re foment�e par le ministre de l'Int�rieur. L'annonce du verdict avait �galement choqu� toutes les personnes pr�sentes � l'audience, � savoir les citoyens, journalistes, familles, victimes du terrorisme et avocats ont r�pliqu� par des slogans hostiles au pouvoir : "Pouvoir assassin!", "Etat terroriste!", "Justice aux ordres!", "Madani Mezrag honor�, Benchicou en prison!". Face � la col�re des pr�sents qui devenait ing�rable, la pr�sidente de la cour quitte les lieux, alors que le pr�venu encercl� par les policiers adresse un dernier regard � l'assistance, levant la main et les doigts en V de la victoire. L'image est bouleversante. Troubl�e, Mme Zouani, la m�re d'Amel, assassin�e � Sidi-Moussa par les acolytes de Antar Zouabri, "�mir" du GIA, s'�vanouit. Les fr�res du directeur du Matin n'arrivent pas � contenir leur col�re s'en prenant aux magistrats.
• Les avocats constern�s, le d�but de la mobilisation
Me Za�di, un des avocats du collectif de la d�fense de Mohamed Benchicou, ne m�che pas ses mots pour signaler que "le verdict est dict� par le pr�sident Bouteflika et son ministre de l'Int�rieur, Zerhouni". Le fait �tait pr�visible : quelques minutes avant le retour de la pr�sidente de la cour des d�lib�rations, les policiers en civil ont �t� instruits d'occuper les travers de la salle d'audience afin d'�viter tout d�bordement lorsque le verdict sera prononc�. Les pr�sents ne doutent point : "Benchicou va �tre emprisonn�." Le pressentiment ne tardera pas � se confirmer. Le pr�texte id�al, pour reprendre les d�clarations du collectif de la d�fense, est trouv� par les instigateurs du cercle pr�sidentiel pour �crouer le journaliste. Pourtant, l'accusation "de port de bons d'�pargne lors des d�placements de personnes � l'�tranger ne constitue nullement une infraction � la r�glementation des changes", ont expliqu� les avocats du pr�venu. A rappeler que pas moins de huit robes noires se sont succ�d� � la barre pour affirmer, documents, dispositions l�gales et notes du r�glement int�rieur de la Banque d'Alg�rie � l'appui, que les faits reproch�s � M. Benchicou "sont tous frapp�s de nullit�". La raison �voqu�e : les bons d'�pargne ne sont pas n�gociables � l'�tranger puisque l'argent dont il est fait mention se trouve en Alg�rie. Me Benarbia indiquera � ce propos "qu'un tel d�lit peut �tre constat� si l'argent transf�r� � l'ext�rieur du pays servait � financer une activit� commerciale ou �conomique. Chose qui est loin de ressembler au cas de M. Benchicou".
• Mise sous scell�s du journal "Le Matin"
Une semaine apr�s l'incarc�ration de Mohamed Benchicou, un huissier de justice se pr�sente au si�ge du journal pour demander l'�vacuation des lieux et les mettre sous scell�s. L'huissier de justice entame sa proc�dure suite � une ordonnance du 15 juin par le pr�sident du tribunal sur requ�te de la Direction des imp�ts de Sidi-M'hamed. Face � ce harc�lement, l'avocat charg� de cette affaire, Me Messaoud, dira : "Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour �viter la vente aux ench�res de l'immeuble." Une vente pr�vue le 26 juin, alors que les trois tentatives pr�c�dentes (3 avril, 8 mai et 29 mai) de la vente du local de Hussein-Dey ont �chou�, faute d'acheteurs. La chambre administrative statuera sur cette affaire le 30 juin, soit quatre jours apr�s la mise en vente aux ench�res. Par ailleurs, dans la m�me journ�e d'hier, il a �t� notifi� � l'entreprise le refus des imp�ts d'�tablir un �ch�ancier pour le paiement des 50 % restants de la somme exig�e dans le cadre du redressement fiscal.
• La soci�t� civile s'implique
A l'initiative du collectif du journal Le Matin un premier rassemblement s'est tenu le lundi 5 juillet 2004 � la place de la Libert�-de-la-Presse � la rue Hassiba-Ben-Bouali � Alger. Un appel auquel ont r�pondu des journalistes de la presse priv�e et publique, des �diteurs, des avocats, des organisations de femmes, des associations de jeunes, les repr�sentants des syndicats autonomes, des partis politiques, d'anciens ministres et aussi beaucoup d'anciens moudjahidine. Tous ont tenu � l'occasion de la f�te de l'Ind�pendance � manifester leur attachement � la libert� d'expression, un droit constitutionnel. Le m�me rassemblement, ayant eu lieu lundi � Paris, a eu un succ�s qui d�passait les pr�visions les plus optimistes des organisateurs. Politiquement, cela a �t� un succ�s. Le maire de Paris, Bertrand Delano�, a non seulement autoris� le rassemblement sur la place de l'H�tel de ville, mis � la disposition des organisateurs une tribune et une sono, mais a manifest� sans ambigu�t� son soutien et sa solidarit� avec la presse et les journalistes alg�riens. Parall�lement, le Comit� pour la lib�ration de Benchicou voit le jour. Plusieurs actions et autres protestations de mobilisation sont entreprises pour exiger la lib�ration du journaliste et directeur du journal Le Matin.
Abder Bettache
AIDAN WHITE (FEDERATION INTERNATIONALE DES JOURNALISTES)
"Les autorit�s alg�riennes devront s'expliquer"
Le Soir d'Alg�rie : La mobilisation internationale pour la lib�ration de la consoeur Florence Aubenas et de son guide Hussein a port� ses fruits. Ils viennent d'�tre lib�r�s, apr�s de longs mois de captivit�. En revanche, cette mobilisation semble inefficace face � l'attitude de gouvernements liberticides qui poursuivent de maintenir des journalistes en prison. Le journaliste alg�rien Mohamed Benchicou aura boucl� ce 14 juin 2005 une ann�e d'emprisonnement ferme.
Aidan White : La lib�ration de Florence Aubenas t�moigne de l'impact d'une mobilisation internationale et d'une prise de conscience de chacun sur l'importance du travail des journalistes. Le cas de Mohamed Benchicou a sans doute �t� moins visible, les circonstances li�es � sa d�tention �tant diff�rentes. D'une part, l'Irak a capt� l'attention d'une grande partie de la communaut� internationale, et Florence Aubenas et son guide sont devenus des symboles pour l'ensemble des journalistes emprisonn�s dans des conditions iniques et d�testables. Nous avons appris qu'il fallait prot�ger les journalistes, pas seulement des kidnappings, mais aussi des pressions insidieuses et indirectes dont certains gouvernements �taient capables. Mohamed Benchicou est la victime d'un syst�me judiciaire d�voy�, alors que le gouvernement d�tourne la loi pour mieux censurer des professionnels de la presse. Il est clair que la mobilisation ne fera que grandir apr�s le premier anniversaire de sa d�tention, que l'ensemble de la communaut� internationale va condamner ce 14 juin 2005.
L. S. : De quelle mani�re votre organisation compte poursuivre la mobilisation pour la lib�ration de Benchicou?
Aidan White : La mobilisation pour Mohamed Benchicou s'amplifie et nous comptons nous engager de fa�on ferme et d�cisive pour transformer l'affaire Benchicou en un symbole pour tous les journalistes injustement emprisonn�s, menac�s ou harcel�s par des gouvernements qui ont perdu la notion d'int�r�t public et d�voy� les fondements du syst�me d�mocratique. La FIJ va appeler l'ensemble des syndicats et associations professionnels de journalistes dans le monde � �crire au gouvernement alg�rien pour demander la lib�ration de Mohamed Benchicou. Ils alerteront �galement leurs autorit�s nationales. Nous continuerons �galement de travailler avec les institutions europ�ennes, notamment pour que ces questions fondamentales de la libert� d'expression et des droits de l'Homme soient au cœur du partenariat euro-m�diterran�en. Le Conseil europ�en devra notamment donner suite � la r�solution du Parlement europ�en adopt�e le 8 juin dernier.
L. S. : Le Parlement europ�en vient de voter une r�solution pour la d�p�nalisation du d�lit de presse en Alg�rie. Quelle appr�ciation en portez-vous?
Aidan White : La r�solution du Parlement europ�en apporte un soutien essentiel � la campagne internationale men�e par une pluralit� d'acteurs politiques, syndicaux et associatifs, qui demandent la lib�ration imm�diate de Mohamed Benchicou. Le Parlement europ�en apporte une cr�dibilit� et un poids suppl�mentaires � ces appels, qui vont s'amplifier. Les autorit�s alg�riennes devront s'expliquer.
L. S. : De quelle fa�on votre organisation compte-t-elle accompagner cette r�solution?
Aidan White : La F�d�ration internationale des journalistes organisera demain, 14 juin, une conf�rence de presse pour d�noncer la d�tention de Mohamed Benchicou. Mme H�l�ne Flautre, pr�sidente de la sous-commission du Parlement europ�en pour les droits de l'Homme, assistera d'ailleurs � l'�v�nement. Nous allons r�solument soutenir les conclusions de cette r�solution et demander � la Commission europ�enne et au Conseil europ�en de prendre position. Encore une fois, les autorit�s alg�riennes devront s'expliquer, ne serait-ce que dans le cadre de la mise en œuvre de l'accord d'association avec l'Union europ�enne. S. A. I.
ALI DJERRI, P-DG D' "EL KHABAR"
"Chacun assumera ses responsabilit�s devant l'histoire"
Le Soir d'Alg�rie : Le directeur du Matin aura purg� le mardi 14 juin 2005 une ann�e d'emprisonnement. Une demande de mise en libert� provisoire introduite auparavant par ses avocats a �t� rejet�e, alors que son �tat de sant� serait pr�occupant…
Ali Djerri : On est pein� par le fait que notre confr�re Mohamed Benchicou soit toujours maintenu en prison. On n'en serait pas � la comm�moration, ce 14 juin, d'une ann�e de prison si le pouvoir n'avait pas choisi de recourir � la coercition � l'encontre de notre confr�re. S'il me rassure que Benchicou tienne le coup et poursuive d'assumer son engagement, je dois en revanche faire remarquer que la solidarit� � son endroit n'a pas �t� ce qu'elle devrait �tre. A mon sens, on n'a pas fait ce qu'il fallait faire. A la riposte organis�e au lendemain de son incarc�ration a manqu� le cadre solidaire � m�me de la structurer efficacement et durablement. Cependant, je ne condamne personne. Chacun appr�ciait la situation � sa mani�re. Il restera que chacun assumera ses responsabilit�s devant l'histoire. Pour continuer � croire que Benchicou a �t� jug� et condamn� pour ses �crits, je r�it�re ma demande pour sa lib�ration.
L. S. : Le Parlement europ�en vient d'adopter une r�solution � travers laquelle il appelle � la d�p�nalisation du d�lit de presse en Alg�rie. Quelle appr�ciation en faites-vous ?
A. D. : L'on ne peut que s'en r�jouir. Depuis le temps que l'on tire la sonnette d'alarme sur la situation de la presse alg�rienne, sur les dangers encourus par les m�dias et les journalistes alg�riens, il �tait temps que pareille r�solution intervienne. La d�p�nalisation du d�lit de presse est une exigence. Le journaliste ne doit pas aller en prison pour ses �crits, quelles que soient son appartenance et sa conviction politiques. Benchicou en prison, c'est une honte pour l'Alg�rie de 2005. Le prix Benchicou pour la plume libre est une excellente initiative. Cette derni�re s'appr�cie comme l'expression d'une position, d'un engagement… Par ailleurs, je m'entends d�j� r�torquer sur la responsabilit� des journalistes, eh bien je dirais simplement que la notion n'aura de sens que dans un environnement de r�elle libert� de d�mocratie. La r�solution du Parlement europ�en, qui se justifie par les clauses contractuelles de l'accord d'association avec l'Union europ�enne, participera � coup s�r au renforcement de la libert� de la presse… des libert�s en g�n�ral.
S. A. I.
ABDERRAHMANE MAHMOUDI, DIRECTEUR DU "JOUR D'ALGERIE"
"C'est le moment id�al pour envisager une lib�ration"
Le Soir d'Alg�rie : Le directeur du Matin aura purg� le mardi 14 juin 2005 une ann�e d'emprisonnement. Une demande de mise en libert� provisoire introduite auparavant par ses avocats a �t� rejet�e, alors que son �tat de sant� serait pr�occupant…
Abderrahmane Mahmoudi : Je pense qu'une ann�e d'emprisonnement est le moment psychologique id�al pour envisager la lib�ration d'un journaliste qui n'a pas commis de d�lit imprescriptible. L'on sait, dans le cas de Mohamed Benchicou, l'amalgame entretenu autour du motif de l'incarc�ration, et, � propos, le doute peut b�n�ficier � sa lib�ration. Cela dit, pour un journaliste, un directeur d'un journal, une ann�e de prison est excessive. Une meilleure appr�ciation de sa situation pourrait permettre aujourd'hui de pr�tendre � d�tendre l'atmosph�re. On a beaucoup de peine de voir un confr�re, un ami en prison. On souhaite sa lib�ration. On n'en a pas cess� d'appeler, au demeurant. Une incarc�ration qui d�passerait cette p�riode est inacceptable.
L. S. : Le Parlement europ�en vient d'adopter une r�solution � travers laquelle il appelle � la d�p�nalisation du d�lit de presse en Alg�rie. Quelle appr�ciation en faites-vous ?
A. M. : Il est �vident qu'on ne peut qu'applaudir � cette r�solution. D'autant qu'il n'est pas exclu que la p�nalisation du d�lit de presse en Alg�rie ait ob�i � une crainte que proc�d� d'une volont� de l�gif�rer. Les autorit�s ont pens� � mettre en place des garde-fous ; mais cela a �rig� une barri�re d'incompr�hension entre des segments de la soci�t� qui doivent normalement se compl�ter. Les journalistes ne sont tout de m�me pas des gens qui se transforment en criminels. C'est seulement le m�tier qui veut que l'on soit amen� � d�noncer des situations peu orthodoxes. Cela peut causer des probl�mes, entra�ner des dommages collat�raux. Mais toujours est-il ce n'est pas en mettant les journalistes en prison qu'on r�glerait le probl�me. On ne gu�rit pas un mal par un mal plus grand. Il aurait �t� plus intelligent pour les autorit�s alg�riennes d'envisager un code de l'information plus convivial, et ce, dans l'int�r�t de tout le monde, la profession, les institutions et la soci�t� en g�n�ral. Ce qui est dramatique, cependant, est qu'on se retrouve � �noncer des lapalissades, un journaliste, un directeur de journal en libert� plut�t qu'en prison, un code de l'information plut�t qu'un code p�nal. Cela d�montre l'�tendue du d�calage, l'immensit� du retard que l'on accuse par rapport � d'autres soci�t�s.
S.A.I.

Mme HADDA HAZZAM, DIRECTRICE D' "AL FEDJR"
"Cela n'honore pas l'Alg�rie"
Le Soir d'Alg�rie : Le directeur du Matinaura purg� le mardi 14 juin 2005 une ann�e d'emprisonnement. Une demande de mise en libert� provisoire introduite auparavant par ses avocats a �t� rejet�e, alors que son �tat de sant� serait pr�occupant…
Hadda Hazzam : On s'attendait � ce qu'il soit lib�r� avant qu'il n'ait pass� 12 mois en prison. Nous pensions alors que le pouvoir allait faire preuve d'intelligence et agisse dans le sens de l'apaisement de sa relation avec la presse. H�las, on est forc� de constater tout le contraire. Cela n'honore pas l'Alg�rie qui, en maintenant Benchicou en prison, se retrouve � subir les pressions de l'�tranger, de la communaut� europ�enne, notamment. L'�tat de sant� de Benchicou est pr�occupant. Une raison suppl�mentaire pour le remettre en libert�. L'emprisonnement de Benchicou et la fermeture de son journal Le matin sont une perte pour la pluralit� m�diatique. C'�tait important d'avoir Benchicou, que l'on aime ou n'aime pas ce qu'il �crivait. Le pouvoir a-t-il r�solu les probl�mes de l'Alg�rie en mettant Benchicou en prison ? Evidemment que non.
L. S. : Le Parlement europ�en vient d'adopter une r�solution � travers laquelle il appelle � la d�p�nalisation du d�lit de presse en Alg�rie. Quelle appr�ciation en faites-vous ?
H. H. : On est pour la d�p�nalisation du d�lit de presse. �a a toujours �t� notre revendication. La r�solution du Parlement europ�en nous renvoie � cette r�alit� qui veut que le monde nous observe. Cela dit, il convient d'appuyer cette r�solution. Ceci m�me si franchement je la trouve r�ductrice dans son �num�ration des titres de la presse alg�rienne harcel�s par le pouvoir, en faisant l'impasse sur la presse d'expression arabophone. Faut-il dire que la presse arabophone, du moins certains titres � l'exemple d' El Fedjr et El Khabar, subit autant le harc�lement. La r�solution du Parlement europ�en signifie pour nous, par ailleurs, que le combat men� pour la lib�ration de Benchicou et la d�p�nalisation du d�lit de presse n'est pas rest� vain.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.