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KIOSQUE ARABE
Chasse ouverte aux coiffeurs Par Ahmed HALLI [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 04 - 07 - 2005

Non content de s�vir en Alg�rie et m�me jusqu'en Mauritanie, notre terrorisme r�siduel s'est fray� une route vers Baghdad. C'est le quotidien Al-Hayat de Londres qui nous apprend qu'une v�ritable agence de voyage s'�tait implant�e depuis 2003 chez nous. Un Egyptien au nom de guerre sans grande originalit� �tait � la t�te de ce r�seau. Jusqu'� son arrestation dont la date n'est pas pr�cis�e, Abou Djihad ou Yasser Al-Misri recrutait des tueurs alg�riens pour l'Irak.
Yasser Al-Misri, en liaison avec le Gspc, �tait charg� par Al-Qa�da de fournir le groupe Zarkaoui en "kamikazes" alg�riens. Il finan�ait lui-m�me les billets de voyage pour Damas d'o� les recrues �taient achemin�es par un r�seau syrien vers la fronti�re irakienne. Ils �taient ensuite pris en charge par des Irakiens de l'autre c�t�. Selon le quotidien qui cite des sources polici�res alg�riennes, Abou Djihad a r�ussi en quelques mois � mobiliser un r�seau de recruteurs � travers tout le pays. Il s'�tait surtout appuy� sur des �l�ments du groupe dit des "d�fenseurs de la pr�dication salafiste", dirig� par Salim Al-Afghani. Ce dernier avait proclam� en 2002 son all�geance � Oussama Ben Laden et au mollah Omar. Pour savoir ce que font ces recrues alg�riennes en Irak, il suffit de parcourir les m�dias. Chez les journaux arabes qui attendent l'issue de la bataille, on parle de "moussallahine", des hommes arm�s. Les mortellement nationalistes et patriotes comme nous saluent les actions de "r�sistance" quotidienne qui d�ciment les Irakiens. Pour les Fran�ais qui n'ont pas tous lu Vall�s, ce sont des "insurg�s" m�me apr�s la lib�ration de leurs otages. Eux, au moins, on sait qu'ils le font pour contrarier les Am�ricains qui les ont d�j� grug�s lors de la premi�re guerre. Pour nous r�sumer donc, nos compatriotes qui participent � la randonn�e "djihadiste" savent ce qu'ils doivent faire. Comme ils l'ont (l'auraient) fait en Alg�rie, ils vont en Irak pour massacrer le plus possible d'Irakiens. Entre deux tueries, ils pourront accessoirement "se faire" deux ou trois "Marines" isol�s (1). Pour tuer le plus possible d'Irakiens, il suffit de disposer d'explosifs et de les placer au bon endroit : centres de recrutement, march�s publics, mosqu�es chiites (2). Mais depuis quelques semaines, l'Irak "arm�, insurg�, r�sistant" s'est d�couvert de nouveaux ennemis : les coiffeurs. Le quotidien Al-Zaman rapporte que cette honorable corporation est la nouvelle cible des hommes de Zarkaoui. En deux mois, des dizaines de coiffeurs barbiers ont �t� tu�s dans Baghdad et les villes avoisinantes, pr�cise le journal. En une seule journ�e, dans la localit� de "Shaab", au nord-est de la capitale, huit coiffeurs avaient �t� assassin�s en mai dernier. L'initiative des terroristes de recourir au meurtre avait �t� pr�c�d�e d'une "fetwa " (comme s'il en pleuvait) interdisant les visages ras�s et les cheveux courts. Ce qui n'�tait pas bien nouveau et s'�tait d�j� produit en Iran et dans d'autres pays, en th�orie, non th�ocratiques. Le survivant d'un attentat contre un salon de coiffure, le mois dernier, a apport� une nouvelle pr�cision. L'un des assaillants a d�cr�t� avant d'ouvrir le feu qu'il �tait illicite de se raser la barbe et de se couper les cheveux "� la fran�aise". Bien entendu, on a affin� l'explication � ces meurtres depuis : les coiffeurs sont les alli�s objectifs des troupes d'occupation. Ils rasent les Irakiens et emp�chent ainsi les terroristes barbus de se fondre dans la foule. L'objectif de la r�sistance arm�e et positivement insurg�e est de contraindre tous les hommes d'Irak � laisser pousser leurs barbes. Quant aux femmes, elles offrent d�j� des recours providentiels avec la profusion de "djilbabs" en circulation. Vous me direz : pourquoi ne pas interdire simplement aux Irakiens de se raser ? C'est une question de logique : il y a beaucoup moins de barbiers que de barbes � raser. Il suffit donc de dissuader les Irakiens d'aller chez les coiffeurs en tuant ces derniers ou en grenadant leurs �choppes. R�sultat, nous dit Al-Zaman, de nombreux coiffeurs ont chang� de m�tier. On peut supposer que la plupart d'entre eux se sont dirig�s vers les centres de recrutement de la police et de l'arm�e pour survivre… ou pour p�rir dans un attentat � la voiture pi�g�e. En ce qui concerne pr�cis�ment les cheveux, il semble que la France ne soit plus en cause. Les additifs aux "fetwas" visent la coupe de cheveux tr�s courts et il n'est pas prouv� que ce soit l� un crime fran�ais. Comme les jeunes Irakiens affectionnent ce type de coupe, ils sont oblig�s parfois d'aller tr�s loin pour trouver des coiffeurs encore en vie. Dans cette r�gion en proie � la folie, on peut trouver des formes de d�rives les plus �tonnantes. Ainsi, ai-je appris incidemment � l'occasion du congr�s du parti Baath syrien, que les coiffeurs devaient obtenir une autorisation des services de renseignements pour ouvrir leur boutique. C'est une fa�on comme une autre de s'assurer la collaboration de cette corporation r�put�e offrir le lieu o� les langues se d�lient le mieux. Toujours est-il que pour montrer sa volont� de lib�ralisation, le parti Baath a pris une importante d�cision: plus d'autorisation pr�alable des services pour ouvrir un salon de coiffure. Suspicieux comme toujours, je me demande si les services syriens n'ont pas d�j� mis sous leur coupe toutes les �coles de coiffure du pays. Allez savoir… Tout ceci, pour vous confirmer chers amis reconvertis que seuls les idiots ne changent pas. Mais avant que vous d�cr�tiez que j'en suis un, apprenez ceci : votre soudaine attirance pour les tapis de pri�re, apr�s une vie de sybarites, ne leurre personne. Et si vous renoncez, ce n'est pas par soudaine conviction que l'asc�se �tait votre voie pr�destin�e. C'est tout simplement par ce que vous �tes techniquement amortis. L'ancien pr�sident Chadli Bendjedid aimait � dire qu'une seule main ne pouvait applaudir. Ce qui �cartait de fait tous les manchots de son entourage � claque (3). La sentence �tait disproportionn�e. Il est prouv� depuis que m�me un manchot peut applaudir… � condition de poss�der un stylo. En fait, le renoncement, s'il n'est pas feint, n'est pas un acte volontaire et il ne doit surtout rien � un retour soudain de la foi. Ceux qui mettent leurs oriflammes en berne � la premi�re alerte cardiaque ne sont pas fatalement touch�s par la gr�ce. C'est une situation qui leur est impos�e. Il y a des affections ou des atteintes de l'�ge invalidantes. Sans compter les pires de toutes, celles dont la cause est la crainte d'un proche ch�timent divin. C'est une esp�ce de "hara-kiri " mental que seuls les esprits les plus tortueux peuvent appr�hender. Mais que ne ferait-on pas pour une place au paradis ? Jusqu'� conclure, peut-�tre, un pacte avec le diable. Apr�s tout, il conna�t bien les lieux puisqu'il en a �t� chass� comme un malpropre. Ceci est toutefois un d�tail de l'histoire qui n'est pas pour g�ner les hypocrites. "Exhibez votre pi�t�, montrez-vous � la mosqu�e. M�me si vous avez un cœur de m�cr�ant, vous �tes le seul � le savoir". C'est, grosso modo, le conseil que donne A�t Menguellet � ceux qui br�lent d'arriver…et � ceux qui croient d�j� y �tre.
A. H.
(1) N'en d�plaise aux super
patriotes qui vouent un culte �
Ben Laden, par Zarkaoui interpos�,
ce sont les statistiques
qui parlent.
(2) Il y a aussi un terrorisme
chiite mais il est plus sournois,
plus discret. Ses principales
cibles sont aussi des chiites et
principalement des femmes ou
des hommes non conformes.
(3) On peut observer
d'ailleurs que les pr�pos�s � la
claque ne changent pas forc�ment
avec les changements de


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