Plus de trois ans apr�s la myst�rieuse disparition de son �poux, dans la soir�e du 13 mars 2001, Martine Haussy ne renonce pas, elle recherche inlassablement son mari, elle s�accroche au moindre indice, au moindre espoir de retrouver ses traces. Lors de son dernier s�jour � Tizi-Ouzou, le mois de juin 2005, elle a sollicit� la contribution de notre journal aux efforts qu�elle continue de d�ployer pour retrouver son compagnon de 25 ans, p�re de son enfant �g� maintenant d�une vingtaine d�ann�e, n� � Tizi-Ouzou. Ils y avaient v�cu 10 ans. Quittant le pays en 1998, � l�apog�e du terrorisme, le couple mixte s�installe en Belgique o� il ne tarde pas � se faire une situation convenant aux profils professionnels des �poux. Martine Haussy est architecte, Kamel Berkane est un brillant ing�nieur industriel vite remarqu� par les chasseurs de cerveaux qui le recommandent � la Sonaca de Gosselies, une soci�t� d�a�ronautique fabricant des avions espions sans pilote, des drones sous licence isra�lienne, et qui participe � la construction d�Airbus et au programme spatial Ariane. C�est amplement suffisant pour �tre suspect� d�espionnage industriel et peut-�tre aussi de liens avec l�affaire des attentats du 11 septembre 2001. C�est � la sortie de l�usine vers 18h30 qu�il dispara�tra, selon une version se r�f�rant aux indices trouv�s sur place, entre un des 3 restaurants de Gosselies o� il aurait re�u, durant toute l�apr�s-midi, les clients de la Sonaca et son domicile qu�il devait regagner vers 19h00. Joint au t�l�phone portable vers 18h15 par son fils qui lui demandait de ramener du pain, K. Berkane aurait r�pondu : �Je bois mon caf� et je viens�, suivant l�une des versions en pr�sence. En Belgique, son pays d�origine, Martine Haussy a remu� ciel et terre d�s le lendemain de l��nigmatique disparition de son mari, elle a mis en branle les polices locale et f�d�rale, la justice qui a d�clench� la commission rogatoire sans succ�s, les services secrets et le minist�re de la D�fense. Les canaux de Bernissart et de Charleroi furent sond�s, les ports et les a�roports, y compris ceux des pays voisins, et les milieux immobiliers de ses relations furent interrog�s mais en vain, aucune trace de Kamel Berkane ni de son v�hicule Toyota Corolla ni de ses deux t�l�phones portables... Outre la derni�re conversation t�l�phonique avec son fils � 18h15, la pointeuse et l�usage de sa carte magn�tique � utilis�e pour la premi�re fois durant tout le mois � au sein de l�usine indiquaient 18h36. Les investigations men�es par diff�rents services qui ont employ� de grands moyens sont rest�es, au jour d�aujourd�hui, sans r�sultat officiel, du moins pour la famille Berkane qui continue de vivre dans l�angoisse de l�incertitude. Face au mutisme officiel des autorit�s polici�res et judiciaires belges qui ont pourtant affich� la meilleure volont� d��lucider l�affaire concernant, au-del� de la personne du disparu, la souverainet� et la s�curit� du pays, Martine Haussy a interpell� plusieurs membres du gouvernement belge, les ambassadeurs d�Alg�rie � Bruxelles et � Washington; elle a rencontr� M. Ali Ammar le 24 octobre 2002 sur un rendez-vous arrang� par Anne-Marie Lizin, s�natrice belge, amie de l�Alg�rie. Elle a, par ailleurs, �crit � deux reprises au pr�sident Bouteflika et eut recours � l��mission �Appel � t�moins� de la RTBF en date du 30 octobre 2002 ; elle aurait �t� programm�e � deux reprises dans l��mission �Tout est possible� de l�ENTV, rendez-vous d�command�, selon ses dires, � la derni�re heure par l�animateur. Obstin�e dans ses recherches, l��pouse inconsolable continuera de s�adresser � tous ceux qu�elle juge susceptibles d�aider au succ�s de ses investigations, la presse belge scandalis�e par cette myst�rieuse disparition, � vrai dire, un enl�vement violant la souverainet� du pays, lui a consacr� de tr�s larges �chos. Marie- C�cile Royen signe dans Le vif/Express du 9/1/2004 une enqu�te � plusieurs pistes o� l�Alg�rie est la principale cible. Reconstituant l�historique de l�affaire, l�auteur a retrac� l�itin�raire et le profil professionnel de K. Berkane, �de belle prestance, � l�aise dans tous les milieux, meneur d�hommes, appr�ci� de son employeur, bon p�re et bon mari, ing�nieur en maintenance industrielle, juge international de gymnastique, membre de la F�d�ration africaine de gymnastique, voyageant beaucoup, parlant plusieurs langues�, indique Marie-C�cile Royen laissant entendre qu�il �tait soup�onn� d��tre un agent de son pays, �entretenant en tous les cas d�excellentes relations avec les officiels de son pays�. Entrant dans le vif du sujet, l�auteur de l�enqu�te �crit : �Ce jour-l�, l�ing�nieur industriel de la Sonaca a encha�n� d�jeuner d�affaires, caf� et pousse-caf� dans deux �tablissements de la r�gion, avec trois convives diff�rents, des fournisseurs de la Sonaca. Ce qui n�est pas de ses habitudes�, remarque Marie-C�cile Royen, qui enfonce le clou en signalant que le disparu qui id�alisait son pays, ne voulait plus en entendre parler suite � l�arrestation dont il a �t� victime � l�a�roport d�Alger, au moment de repartir en Belgique � la fin du Ramadhan 2002, pour une histoire de ch�que sans provision. R�gl�e en quelques coups de fils pass�s en Belgique et en Alg�rie, l�affaire aurait invers� les sentiments patriotiques du disparu, ajoute l�auteur sur les indications de Mme Berkane. Concluant son enqu�te pleine d�insinuations sur la responsabilit� de l�Alg�rie dans cette disparition malgr� les assurances de M. Ali Amar et de Mme Anne-Marie Lizin, s�natrice belge, Marie- C�cile Royen s�interroge sur le pourquoi de la disparition de Kamel Berkane ? Un choix personnel li� � un �v�nement de sa vie priv�e ? Enlev� par les services d�un pays dont il aurait contrari� les int�r�ts ? R�cup�r� contre son gr� ou avec son accord par les services militaires de son pays ? Retourn� par les islamistes ... coul� sous une dalle de b�ton par une mafia quelconque... le temps et les enqu�tes tous azimuts n�ont fait qu�amplifier le myst�re... Alain Lallemand, journaliste au Soir de Belgique r�pond dans un article du mois de juin 2005 � ce questionnement en citant le t�moignage d�un Alg�rien install� en Belgique, proche du pouvoir, qui aurait obtenu d�Alger l�information verbale, mais cat�gorique selon laquelle Berkane est d�tenu dans la capitale y�m�nite. Un avis d�Amnesty International post� sur Internet depuis d�cembre 2003 confirme la d�tention d�un ressortissant alg�rien d�nomm� Kamel Berkane dans une prison � Sana� jusqu�au 23 d�cembre 2003, ajoute l�auteur. Les officiels belges relancent les recherches par l�interm�diaire de relations notamment au Kowe�t, en Arabie S�oudite et au Y�men, mais sans r�sultat, pr�cise le m�me journaliste. Qui pouvait enlever de Belgique un brillant cadre, alg�ro-belge, de la soci�t� d�a�ronautique sans soulever l�indignation des officiels belges ? Qui pouvait le transporter et l�emprisonner au Y�men jusqu�au 23 d�cembre 2003, sinon la CIA ? Celle-ci aurait effectu� des enl�vements similaires en Su�de, en Italie, en Allemagne d�apr�s Alain Lallemand. Sa cons�ur, Nathalie Matheiem, citant le New York Times, indique comment des avions fant�mes appartenant � des successeurs de la compagnie a�rienne priv�e de la CIA dissoute en 1976 � propos des �abus des services secrets am�ricains au Vietnam, proc�dent aux enl�vements et vers quelles destinations. Il s�agit, selon l�envoy�e sp�ciale du Soir de Belgique � New York d�un nouveau service clandestin cr�� en 1979 et renforc� apr�s les attentats du 11 septembre comprenant 7 soci�t�s �cran �propri�taires� de 26 avions. Ce nouveau service est charg� d�organiser les enl�vements de suspects, de transporter les agents am�ricains dans des lieux o� un avion officiel ou militaire serait mal accueilli ou encore d�amener aux Etats-Unis des invit�s que l�administration tient � recevoir discr�tement. Ainsi, le myst�re de l�enl�vement sans trace de Kamel Berkane et le mutisme des officiels belges au m�pris de la souverainet� de leur pays s�explique par la toute puissance des auteurs du rapt et par la suspicion pesant sur le disparu, pourtant r�put� antiislamiste et proche des milieux officiels alg�riens. Y a-t-il au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, un Alg�rien, un Arabe ou un musulman travaillant dans des secteurs strat�giques � l��tranger qui ne soit pas sujet � suspicion en Am�rique et en Europe ? L�affaire de Lotfi Ra�ssi, pilote alg�rien arr�t� arbitrairement et d�tenu pendant 5 mois en Grande- Bretagne, est �difiante � cet �gard. On se demande quel est l�objectif de cet enl�vement. Est-ce pour des soup�ons de terrorisme ou simplement pour prot�ger des secrets industriels strat�giques pour certains pays ? Pourquoi d�tenir un suspect aussi longtemps dans le secret le plus absolu en territoire �tranger sans le d�clarer soit coupable, soit innocent et le faire savoir aux deux pays dont il est le ressortissant ? Cherche-t-on, vu son profil, � en faire un agent au service de l�Am�rique ou bien l�a-t-on d�j� �limin� parce qu�il, � en faire un agent au service de l�Am�rique ou bien l�a-t-on d�j� �limin� par ce que trop compromettant pour ses ravisseurs et les int�r�ts qu�ils repr�sentent ? En l��tat actuel des choses, ces questions demeurent sans r�ponse.