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L'�T� A TIGZIRT
Une saison en demi-teinte
Publié dans Le Soir d'Algérie le 15 - 08 - 2005

La saison estivale tigzirtoise tire � sa fin. Elle dure en g�n�ral du d�but juin jusqu�� la mi-ao�t et s�ach�ve avant terme malgr� les vacances, les cong�s et la chaleur. Dans une semaine, la ville se videra peu � peu de ses derniers estivants et la monotonie se r�installera jusqu�� devenir morose. C�est le temps de tirer le bilan et les enseignements.
La population autochtone, notamment les commer�ants, guettent avec impatience le retour de l��t� avec son rush de visiteurs pour augmenter les b�n�fices et amortir le d�ficit de l�ann�e. Il fut un temps, au milieu des ann�es 1990 particuli�rement, o� tout au long de la saison estivale, la ville �tait prise d�assaut par des dizaines de milliers de visiteurs qui atteignaient parfois durant les wee-kends jusqu�au chiffre astronomique, pour une petite station baln�aire comme Tigzirt, de cent mille personnes, selon les estimations que donnait l�office local de tourisme. A ceux-ci, il faut ajouter les centaines de familles nanties qui s�journaient dans les appartements et les villas que les autochtones mettaient � leur disposition pour la somme de 30 000 DA/mois. Le travail saisonnier fleurissait, les fast-foods poussaient comme des champignons et les b�n�fices s�amassaient. D�ailleurs, certains commer�ants, d�bord�s par le travail, engageaient des ouvriers saisonniers. Bref, en �t� toutes les boutiques tournaient � plein r�gime. Mais le temps de l�opulence a soudainement pris fin avec le retour de la s�curit� dans l�Alg�rois et Boumerd�s. Depuis, Tigzirt n�est plus une destination privil�gi�e des touristes locaux. A cette raison du d�clin de fr�quentation de la cit� baln�aire, il faut ajouter aussi le poids des �v�nements du Printemps noir en Kabylie en avril 2001 qui ont plong� la r�gion dans une atmosph�re glauque et peu propice aux joies de la mer. Tout cela avait fait que le captif tigzirtois est noy� dans la morosit�.
2004/2005 : le taux de fr�quentation des plages de Tigzirt reste stable
A en croire les informations en notre possession fournies par les �l�ments de la Protection civile, le nombre des estivants ayant s�journ� sur nos plages, en comparaison avec les chiffres de l�ann�e pass�e, demeurent � peu de diff�rences pr�s stables du moins pour les deux premiers mois de la saison. Le nombre d�estivants ayant foul� le sol tigzirtois en juin 2004 �tait de 93 100 personnes contre 206 640 dans la m�me p�riode de l�ann�e en cours. Le mois de juillet de l�ann�e �coul�e a connu une l�g�re hausse dont le nombre a atteint 1 296 500 estivants, par contre, celui de l�ann�e en cours est de 1 103 300. Pour ce qui est du travail des interventions des sauveteurs en mer, pour les mois de juin et juillet, il est � retenir la mort de trois personnes dont deux par noyade, dans des zones non surveill�es. Quant � la troisi�me qui �tait une jeune fille, elle est d�c�d�e des suites d�une crise cardiaque � la plage de Tassalast. Au final, les ma�tres-nageurs ont effectu� 83 sauvetages de noyades dont deux personnes ont �t� sauv�es apr�s r�animation par les services sp�cialis�s de la sant�. Le nombre de bless�s soign�s sur place dans les unit�s de la Protection civile a atteint le chiffre de 576 cas dont 60 jug�s pr�occupants ont �t� achemin�s vers les h�pitaux les plus proches. Enfin, le bilan du mois d�ao�t n�est toujours pas arr�t�.
Electricit� : une panne de plus
Depuis la mise en service de la station de dessalement d�eau de mer, le probl�me de la p�nurie ne se pose plus. La qualit� du pr�cieux liquide est certes �cre et a un arri�re- go�t sal� mais reste tout de m�me disponible presque toujours et dans tout le quartier. Cette eau demeure, cependant, prohib�e par les utilisateurs d�appareils sensibles tels que le mat�riel de d�veloppement de la photographie dont les r�sidus du sel rongent les rouages et composants. L��lectricit� en revanche, n�arr�te pas de faire faux bond en cette p�riode de chaleur. Ce qui n�a pas manqu� de g�ner les vacanciers contraints de d�ner � la chandelle ou � se passer d�un verre d�eau fra�che et de la ventilation durant les longues nuits chaudes et moites. Une canicule accentu�e surtout par les feux de for�t allum�s un peu partout en Kabylie. D�apr�s les informations en notre possession, les coupures d��lectricit� surviennent en moyenne deux fois par semaine avec parfois des chutes de tensions persistantes. Des coupures pas tr�s longues comme de coutume mais tout de m�me p�nalisante. Elles se produisaient en g�n�ral la nuit. Mais aussi, le jour pour raison de d�lestage pour cause de travaux. Mais depuis mercredi dernier c�est la catastrophe. Un transformateur a �t� grill� et il se trouve que la Sonelgaz n�en poss�de pas de neuf pour le remplacer. Ce fut alors une panne ressentie par tous les habitants. Et le samedi soir le transformateur n��tait toujours pas remplac�. Le volet transport qui est du ressort exclusif du priv�, ne se pose plus depuis belle lurette. C�est aussi un indicateur infaillible pour d�montrer si besoin est, le net recul de fr�quentation des plages de Tigzirt. Lors de notre pr�sence � la station des fourgons qui desservent la ville des G�nets, dans l�apr�s-midi (17h) de jeudi dernier, nous avons constat� un trafic fluide, mais sans bousculade comme cela �tait de coutume il y a quelques ann�es dans les soir�es des week-ends.
Propret� et hygi�ne
En comparaison avec d�autres petites villes du pays dont les moyens de nettoyage sont d�risoires, on peut dire sans risque de se tromper que la ville de Tigzirt est propre. Le service de la voirie s�est toujours acquitt� de sa t�che convenablement, et ce, en d�pit de l��parpillement des habitants et de l�inexistence d�un nombre de brigades suffisant. Le seul point noir du d�cor demeure les trottoirs eux-m�mes dont le carrelage est par plusieurs endroits d�coll�, non refait ni ajust� la surface � l�aide du ciment. Quant � l�hygi�ne des plages, c�est une autre paire de manche. Toutes les eaux us�es des habitants se d�versent vers les plages dans trois endroits diff�rents dont un seul est dot� d�un bassin de d�cantation, celui de Tassalast. Dans la plage Feraoun, les rejets du lotissement est se jettent dans la zone rocailleuse et interm�diaire des deux parties de la plage. La grande plage aussi n�est pas �pargn�e, elle aussi, re�oit sa part que d�gorge le canal install� par l�administration coloniale au pied de la presqu��le. Le secr�taire g�n�ral de l�APC, M. Brahim Ouhaddad, devenu le premier magistrat de la commune apr�s la dissolution des assembl�es issues des �lections locales d�octobre 2002 que nous avons contact� par t�l�phone samedi dernier nous a assur� que le probl�me sera r�gl� avant la prochaine saison estivale. Sur les plages elles-m�mes, l�hygi�ne n�est pas de mise. Le ressac des vagues ne cesse de rejeter les algues et les d�chets des baigneurs sont visibles dans chaque recoin. Notre source � l�APC nous a r�v�l� que �contrairement � la saison pass�e o� le travail de nettoyage des plages a �t� confi� � une entreprise priv�e qui payait ses ouvriers � 10 000 DA, cette ann�e les charg�s de la t�che r�partis entre 24 � la Grande Plage, 9 � Feraoun et 12 � Tassalast, sont recrut�s dans le cadre du filet social et r�tribuaient � raison de 3 000 DA, d�o� leur laisser-aller�, conclut notre source. Les quelques personnes que nous avons apostroph�es ne cachaient vraiment pas leur malaise et leur col�re.
L�animation : un vrai g�chis
L�animation artistique et culturelle sont quasi inexistantes durant toute la saison estivale en cours � Tigzirt. Par le pass�, en �t�, et surtout avant les �v�nements du Printemps noir, il arrivait que le centre culturel et l�esplanade de la Pointe se disputaient les familles en vir�e nocturne. Des artistes de terroir �taient programm�s chaque soir pour �gayer les nuits des estivants. Apr�s le spectacle, les visiteurs finissaient souvent leurs nuits par des baignades nocturnes sur la petite plage, h�las ! aujourd�hui ensevelie sous quatre m�tres de gravats dans le chantier de construction du nouveau port de p�che et de plaisance. De retour en ville, les vendeurs des glaces et autres boissons rafra�chissantes y travaillaient encore � mi-nuit pass�e. Cette ann�e comme aucune animation n�est programm�e, les familles et les noctambules, faute de mieux, se rabattent sur les tables que poussent les g�rants de fast-foods jusqu�� la vague. Les boissons consomm�es sous les forts d�cibels des disc-jockey et c�est le retour � la maison. �Tout est triste, une cit� baln�aire qui se meurt avec le soleil, c�est presque inimaginable�, constate � juste titre un habitu� de la vie nocturne. Pour en savoir plus, nous avons pos� la question au premier responsable de la ville qui nous a indiqu� que �c��tait l�ex-APC qui n�a pas jug� utile de programmer des soir�es artistiques et culturelles. Habituellement, avant le d�but de la saison estivale, l�APC �laborait un programme en collaboration avec les associations et l�Office local de tourisme pour assurer le spectacle durant tout l��t�. Seulement, cette ann�e, l�ex-APC n�a rien pr�par�, regrette notre source. Et ce fut un v�ritable g�chis.
Les visiteurs pas trop d�pensiers
Tout au long de l�ann�e, les commer�ants tigzirtois attendent avec espoir l�arriv�e massive des vacanciers qui ne tiennent pas le cordon de leurs bourses tr�s serr�es. Mais, apparemment, cette ann�e, le v�u est rest� pieux. Car les estivants qui ont choisi comme destination la cit� baln�aire de Tigzirt ne sont pas tr�s d�pensiers. Pour avoir une id�e pr�cise, nous avons effectu� une tourn�e � l�heure du lunch dans plusieurs restaurants et les terrasses des caf�s. L�activit� n��tait pas vraiment intense que d�habitue. Chez Hamid, restaurateur � quelque 100 m�tres de la vague, l�activit� est en net recul par rapport au moins de juin et juillet pass�s. De son c�t�, Karim vendeur d�objets artisanaux et de souvenirs, ce n�est pas le rush. En revanche chez les KMS, il y a une nette augmentation du chiffre d�affaires. Mais tout le monde s�accorde � dire que l�ann�e 2004 �tait plus lucrative que la pr�sente. �Durant la journ�e du vendredi, les rues �taient presque d�sertes�, constatait Karim. Pour ce qui est des vendeurs des pr�ts-�-porter, la saison est particuli�rement catastrophique �� cause de l�ouverture de deux foires dans la ville�, soutient-on.
La surprise de l�ann�e
La surprise de l��t� � Tigzirt-sur- Mer, cette ann�e, est sans doute l�arriv�e inattendue et massive de la m�duse. Un ph�nom�ne jusque-l� inconnu du grand public. De nos jours, presque tous les baigneurs ont eu affaire � ces petites poches piqueuses. Selon Hamid, un ma�tre-nageur qui participait depuis de longues ann�es � la surveillance des plages : �C�est la premi�re fois que nos c�tes subissent un tel envahissement. Avant, les personnes piqu�es par des m�duses, tout au long de la saison, se comptaient sur les doigts d�une seule main. Cette ann�e, cependant, nous enregistrons une moyenne de vingt cas par jour�, nous pr�cise notre interlocuteur. D�apr�s ce sauveteur en mer, les m�duses arrivent en masse � la faveur du courant ouest et du rafra�chissement de l�eau. Heureusement que les piq�res de ces derni�res, m�me dans les endroits sensibles du corps, si on ne gratte pas la partie envenim�e, ne provoquent pas d�enflement et d�infection. En plus des soins locaux appliqu�s imm�diatement apr�s la piq�re soulagent les br�lures. Lors de notre vir�e sur le zodiaque avec le ma�tre-nageur du c�t� de l��lot, nous les avions remarqu�es � fleur d�eau et dont les filaments invisibles causent des piq�res douloureuses � toute personne qui s�y frotte. Enfin, malgr� leur pr�sence permanente, leur rencontre n�a pas influ� sur les baigneurs qu�on croisait en nombre nageant vers le large.


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