Comme de coutume, pendant la saison estivale, synonyme de l�arriv�e massive des �migr�s, le march� parall�le de la devise fait partie des pr�occupations de nos compatriotes �tablis essentiellement en France. Une occasion aussi pour les golden boys d�occuper un march� de plus en plus prosp�re et de �concurrencer� le syst�me bancaire officiel. Le march� parall�le fait le bonheur des uns et enrichit les autres. Si � la veille des vacances l�euro affiche une sant� financi�re plut�t d�cente, au mois d�ao�t, la monnaie europ�enne se stabilise g�n�ralement � 112 DA. Les deux parties y trouvent leur compte. Dans des petites villes de Kabylie � l�instar de Larba� Nath Irathen ou de Boghni, des petites boutiques d�alimentation g�n�rale, de produits de volailles ou de kiosques multiservices font office aussi de �bureaux� de change. Agissant presque dans la l�galit�, les cambistes estiment qu�ils rendent �plut�t service�, � leur client�le. Une client�le divis�e en deux groupes, les acheteurs et les vendeurs. Si le gros des vendeurs se compose g�n�ralement de retrait�s de France ou d��migr�s venus passer des vacances �en toute s�curit� ou pour achever les travaux de construction de leurs maisons, les acheteurs, eux, se recrutent g�n�ralement chez les futurs expatri�s, ceux qui veulent monter une affaire �l�-bas�, enfin, tous les exclus du syst�me bancaire de plus en plus obsol�te� et ne r�pondant pas aux exigences du march�. �Tout le monde nous conna�t dans la r�gion. Ma boutique sert de lieu de change quasi officiel�, rassure Ali, cambiste �parall�lement� � son activit�. �Depuis longtemps, l�euro n�a pas grimp� � la barre des 114 DA. M�me si la devise s�est stabilis�e durant ces deux derniers mois, la situation est certainement profitable aux �migr�s qui voient ainsi leur �pargne gonfler�, explique Ali, envieusement. �En tout cas, poursuit-il, la saison estivale, c�est connu, le march� ne flambe jamais�, �l�abondance de la monnaie fait chuter le cours parall�le�. Notre interlocuteur conna�t bien cette activit� et ses rouages, il l�exerce �depuis des ann�es�. Son activit� ne risque pas d��tre menac�e par cette situation, encore moins par la s�rie de r�formes engag�es par le gouvernement pour �radiquer ce ph�nom�ne. �D�abord, note-t-il, ce n�est pas de sit�t qu�on va y acc�der aux devises du syst�me bancaire, on est tr�s loin de nous comparer par exemple au syst�me financier tunisien, o� � chaque coin de rue, on trouve un guichet de change officiel, et puis, m�me si on n�est pas bien approvisionn� en quantit� suffisante ici, le r�seau est sit�t contact�. Les cambistes traitent rarement des grosses sommes d�argent. �Il est des clients qui vous proposent jusqu�� 5000 euros. A ce moment, la transaction peut �tre revue l�g�rement � la baisse�. Au fait, le cours de la devise ne se forme qu�en fonction de la disponibilit� suffisante de cette monnaie. En �t�, les �zones de change parall�le� sont suffisamment aliment�es. Ce qui expliquerait la stabilit� de l�euro, durant ces deux derniers mois. Quant � la vente, le cambiste prend sa marge, un peu plus ch�re que le taux affich� pour l�achat d�un euro. La vente est fonction de la somme. Paradoxalement, plus la somme demand�e en euros est grande, plus l�acheteur paye la facture trop ch�re. �C�est comme �a que �a marche, imaginons qu�un client me demande de lui procurer dix mille ou vingt mille euros, il me faut alors prendre des rendez-vous, se d�placer parfois sur des kilom�tres pour les ramasser�, explique encore Ali, �c�est exact qu�en �t�, cette situation ne nous pose pas de probl�me, vu l�abondance de la monnaie, mais en hors-saison c�est souvent le cas�. A entendre, donc, notre cambiste, on comprendrait que les �migr�s en g�n�ral restent les gros approvisionneurs en devises �trang�res. Un fait confirm� par un banquier. �Les transferts de devises via les banques alg�riennes sont trop lents, ceux des banques �trang�res sont co�teux, alors le change parall�le a encore de beaux jours devant lui.� Les derni�res estimations montrent que pr�s de 10 milliards de dinars par an circulent sous les �lois� du march� parall�le, contrairement par exemple aux �migr�s du Maroc, qui alimentent annuellement leur syst�me financier gr�ce aux 2,5 milliards de dollars ramen�s d�Europe, principalement.