Contrairement aux années précédentes, le taux de change sur le marché parallèle et officiel n'a pas été influencé par l'arrivée de l'été et ses convois d'émigrés de retour au pays. A Oran, les cambistes de M'dina j'dida et ceux du centre-ville continuent de proposer 1 euro à 13,20 DA, un taux jugé excessif pour cette période de l'année. «Ni la grippe porcine, et encore moins les difficultés à obtenir un visa, n'ont provoqué la chute des cours sur le marché parallèle», affirme un habitué d'«El-garage», un parking situé à M'dina j'dida utilisé comme lieu de transaction par les cambistes. Avec Zenket essayaghine (la rue des bijoutiers) et les magasins de la rue Kerras Aoued, en plein centre-ville, il constitue l'une des places fortes du change parallèle à Oran. Dans un magasin du centre-ville, les affaires sont aujourd'hui moins florissantes. Le propriétaire, qui traitait quotidiennement de nombreuses affaires, affiche grise mine. «J'ai fait un investissement en achetant des détecteurs de faux billets mais avec les progrès technologiques mes équipements sont devenus désuets. Les faussaires ont porté un coup dur au marché et nous ne savons plus faire la différence entre un faux et un vrai billet», dira-t-il pour expliquer le recul de son chiffre d'affaires. Pour cette saison estivale, les cambistes ne veulent pas abdiquer. Ils croient dur comme fer que les affaires peuvent reprendre avant l'arrivée du mois d'août. «Plusieurs familles oranaises ont l'habitude de passer leurs vacances en Tunisie ou au Maroc et nous attendrons qu'elles se manifestent», dira Saïd, un agent de change qui officie entre «El-garage» et «Zenket essayaghine». Toutefois, il estime que cet optimisme pourrait être tempéré par le Ramadhan qui interviendra cette année en pleine période estivale. «Il faut espérer des voyages omra pendant cette période pour ne pas voir les affaires péricliter durant cette saison estivale.» Pour le moment, plusieurs cambistes estiment que les affaires ont pris un sacré coup cette année avec la chute du pouvoir d'achat et les difficultés d'obtenir des visas pour l'Espagne ou la France. «Il nous arrivait de traiter avec des citoyens qui partaient en Europe pour des vacances ou des soins, mais depuis deux ans, c'est devenu difficile avec les nouvelles mesures de circulation de fonds prises par certains pays dans le cadre des réseaux de financement occultes du terrorisme», affirme la même source, précisant que le marché parallèle traite près de 40% des mouvements des devises en Algérie. Ils estiment que même si ces capitaux constituent une manne financière qui échappe aux circuits réguliers et au fisc, ils rendent un grand service aux citoyens, surtout ceux qui voyagent régulièrement à l'étranger ou ceux qui reçoivent des devises étrangères de leurs proches émigrés. «Beaucoup préfèrent recourir à nos services plutôt qu'à ceux des banques qui sont moins intéressants», affirme Saïd qui n'hésite pas à dire que tant qu'il y aura des échanges entre le nord et le sud de la Méditerranée, ils arriveront toujours à sauver leur épingle du jeu.