La commune du littoral des Iflissen compte plusieurs endroits invitant au repos et au farniente. Ses plages sont �parpill�es sur deux dizaines de kilom�tres environ. Des lieux qui demeurent, malgr� leur raret� et leur forte fr�quentation par des citoyens locaux, compl�tement sauvages, vierges et inexploit�s ! Ils n�ont b�n�fici� d�aucune promotion de la part des pouvoirs publics. Pour preuve, aucune d�entre elles n�est propos�e par les autorit�s locales � la commission de wilaya habilit�e � �lire les plages autoris�es � recevoir un dispositif de surveillance. Que ce soit � Abechar, Sidi-Khaled ou Tamda- Ouguemoune, l�apport de l�Etat, hormis le rev�tement de sa piste d�acc�s � cette derni�re plage, les autorit�s n�ont pas investi un centime dans ces lieux de d�tente. M�me le quotidien est g�r� par l�ensemble des exploitants de commerces saisonniers et des citoyens, jeunes en majorit�, des villages avoisinants soucieux de la tranquillit� des familles qui y viennent passer un bon moment. Ils sont l� pour r�gler tous les diff�rends, vols, agressions, noyades � A la plage d�Abechar, les exploitants riverains, malgr� l�impraticabilit� de la route durant toute la saison des pluies, ont r�alis� de gros investissements. Le site comprend des gargotes, un camp de toile pour familles au bord de la vague, un parking gard� et confort indispensable, les douches o� les baigneurs se d�barrassent du sel de la mer avant d�enfiler leurs v�tements. A Tamda-Ouguemoune, une plage faite de galets et entrecoup�e de gros rochers, assure la discr�tion et le repos. Un coin tranquille o� se m�lent les p�cheurs professionnels � ceux utilisant la ligne, les baigneurs, et les c�l�brit�s locales en vill�giatures. Dans cet endroit paradisiaque plein de minicriques accident�es, l�intimit� de chacun est respect�e. Ici, on note avec all�geance la hausse sensible de la fr�quentation de la plage en comparaison � l�ann�e pass�e. Le restaurant Le Grand Rocher, de 72 couverts change de service jusqu�� cinq fois par jour depuis le d�but de la saison estivale � ce jour. Les clients sont attir�s par l�emplacement et la cuisine, de produits frais de la mer, p�ch�s en g�n�ral le matin m�me. Le Grand Rocher construit en forme de l�avant de la coque d�un navire avec des tables sur les deux ailes donnant toutes sur la mer, s�par�es au milieu par la cuisine ou encore, � l�ext�rieur, pousse ses tables sur le rocher et abrit�es d�un parasol fait de branches de v�g�tation et avec acc�s en bois suspendu parfois. Tamda-Ouguemoune demeure peut-�tre l�un des rares lieux kabyles qui re�oit encore quelques touristes �trangers, et de nombreuses c�l�brit�s locales en qu�te de tournage de clips � l�image de Yasmina, Ali Irsane, Ferhat Iguercha, Hocine Azar, Fahem� De la plage d��chouage au site touristique Il y a quelques ann�es � peine, Tamda-Ouguemoune n��tait qu�une plage d��chouage fr�quent�e par une vingtaine de p�cheurs, tous issus des environs, le village Issenadjene, notamment qui se situe juste au-dessus sur la colline. La plage de galets donnait de gros soucis � la communaut� pour exercer son m�tier. La mise � l�eau de la barque �tait une t�che ardue qui demandait la pr�sence humaine forte pour maintenir le bateau �quilibr� par mer houleuse. La sortie de cette derni�re (barque) avec tout le mat�riel de p�che qui a pris l�eau s�av�rait une man�uvre plus difficile et risqu�e � plus d�un titre. D�ailleurs, les p�cheurs ne cessent de conna�tre des m�saventures, retournement de bateau, blessures et perte de mat�riel de p�che sont le lot quotidien des usagers. Les p�cheurs demandent aux autorit�s locales et r�gionales l�am�lioration de leurs conditions de travail et la reconnaissance de Tamda-Ouguemoune comme un lieu d�exercice de p�che et au-del� � le promouvoir avec notamment la r�alisation d�un quai d��chouage abrit� pour prot�ger et donner un minimum de s�curit� aux professionnels. Car, jusqu�� ce jour, par saison de pluie qui ravive le souvenir de la vague g�ante qui hante encore les esprits, les p�cheurs sont oblig�s de charrier leur mat�riel au derri�re des cases dans la terre ferme. Au cas contraire, il y a risque de tout perdre, emport� par les vagues. Les d�marches � ce jour sont rest�es vaines. Mais Tamda- Ouguemoune a connu ces derniers temps un autre sort : l��bauche d�un site touristique. De gros investissements investissements ont �t� r�alis�s par les anciens occupants qui, dans un �lan de promotion, ont d�cid� de se prendre en charge et de faire l�extension de leur activit�. Le rev�tement de piste d�acc�s a contribu� d�une fa�on irr�versible au d�veloppement de leur activit�. La construction de restaurants dont la sp�cialit� commune reste domin�, logique oblige, par l�offre des produits de mer g�n�ralement p�ch�s le matin m�me et servis frais, na�t comme des champignons. Ils sont serr�s les uns aux autres sur l��troite bande constructible de quelque 200 m�tres environ. Souvenir de la vague g�ante d�avril 2003 Un mini-tsunami a failli tout emporter en avril 2003 � Tamda-Ouguemoune. Cela s��tait produit par une nuit calme qui ne laissait pr�sager un tel d�cha�nement de la mer. Les p�cheurs, pour la plupart d�entre eux habitaient des cases construites tout pr�s du rivage avec un m�lange de parpaings, de t�les et toutes autres sortes de mat�riel disponible, ont �t� d�truites par la vague g�ante qui a provoqu� un naufrage en terre ferme, dans lequel des p�cheurs, surpris au lit ne sont sortis indemnes que gr�ce � une chance inou�e. La vague �tait tellement forte qu�elle a emport� tout sur son passage. Tout le mat�riel entrepos� � l�ext�rieur a �t� endommag�, en partie ou compl�tement, par les flots. Un p�cheur avait m�me perdu sa barque � l�occasion. Mais fort heureusement on ne d�plore aucune victime humaine. Le lendemain de la catastrophe, les autorit�s locales se sont d�plac�es sur les lieux et �taient �mues par le sort de la pauvre communaut� des p�cheurs. Ces derniers n�ont pas manqu� de rappeler de nouveau aux autorit�s l�importance de la d�limitation du domaine public maritime qui leur permettra de b�tir des cases en dur loin de la vague. D�apr�s l�un d�entre eux, le domaine public maritime se limite � l�int�rieur de terre ferme ce qui aurait donn� aux p�cheurs plus d�espace de s�curit� pour construire leurs cabanes. Car actuellement, les riverains ont pouss� les limites de leurs parcelles au-del� de la leur et les p�cheurs sont forc�s de construire en faisant �carter les galets de la plage. Ou encore sur les rochers. Mais peine perdue ! M�me devant le mini raz-de-mar�e, les autorit�s ayant constat� de visu l�importance des d�g�ts et la situation d�grad�e des p�cheurs, n�ont vers� aucun centime pour permettre aux p�cheurs de se relever et de pouvoir, � nouveau, exercer leur m�tier. Quelques mois plus tard, Tamda-Ouguemoune rena�t de ses cendres gr�ce � la solidarit� des p�cheurs, des nouvelles constructions en dure ont vu le jour et le lieu est devenu, en l�espace de quelques ann�es, l��bauche incontestable d�un site touristique priv� � promouvoir. La non-prise en charge des lieux par les autorit�s A Tamda-Ouguemoune, l�entr�e des autorit�s locales dans ce lieu incontestablement touristique, remonte � la fin des ann�es 1990, et se limite au rev�tement de la piste d�acc�s de 300 m�tres environ, sinon l�Etat n�a jamais d�bours� un dinar pour rendre les conditions de vie et du travail des p�cheurs un peu plus souple ni pour encourager les investisseurs cr�ateurs de l�emploi et acteurs �conomiques pr�sents ensuite. Pourtant, il fut un temps, au d�but des ann�es 1990, o� les autorit�s locales des Iflissen ont failli faire un geste envers la pauvre communaut� des p�cheurs. En effet, les autorit�s voulaient construire en dur une dizaine de cases pour p�cheurs et �radiquer par la m�me occasion les r�sidences pr�caires faites d�un m�lange de parpaing, de t�les et de roseaux confectionn�s par les infortun�s marins afin de s�abriter eux et leur mat�riel et pouvoir ainsi continuer l�exercice de leur m�tier dans leur lieu de travail pr�f�r�. Mais l� encore pas de chance. L�os qui avait fait �chouer le projet est la non-d�limitation du domaine public maritime par les autorit�s concern�es. Aussi, les propri�taires des terrains avoisinants se sont oppos�s � la construction des cases. Car, disent-ils, �elles seront construites sur leurs propri�t�s� s�en est suivi alors toute une d�marche aupr�s des responsables du domaine de la wilaya. Apr�s maintes d�marches et courriers envoy�s par les p�cheurs et les autorit�s locales, l�APC des Iflissen a eu droit � une r�ponse s�che : �Faute de moyens nous sommes dans l�impossibilit� de donner suite � votre demande.� Et depuis, l�espoir de voir �riger les cases en question �tait d�finitivement enterr�. La Sonelgaz de son c�t� a fait elle aussi la sourde oreille aux sempiternelles supplications des marins. Avant l�ouverture des restaurants, p�cher le poisson pose probl�me par son �coulement sur le march�. Les p�cheurs �taient alors oblig�s de vendre la marchandise en l��talant sur la place publique ou encore de faire le porte-�-porte des h�tels. Les p�cheurs vendaient au rabais, car les moyens de cong�lation n�existent pas. Etant donn� que le site n�est pas aliment� en �nergie �lectrique. Il ne l�est d�ailleurs pas � ce jour. Seulement, � pr�sent avec la prolif�ration des restaurants, la marchandise est achet�e par les propri�taires et consomm�e fra�che sur place. Pourtant, si la Sonelgaz d�cide de faire le n�cessaire, cela ne demandera pas l�effort de d�placer des montagnes ni de s�offrir les fonds de ses caisses. Il suffit de rallonger la ligne d�alimentation de quatre ou cinq poteaux pour acheminer l��nergie et surtout faire b�n�ficier d�autres habitants riverains qui d�nent � ce jour � la lumi�re des bougies et se prive d�un verre d�eau fra�che par la canicule qui s�vit actuellement. Aussi, aujourd�hui Tamda-Ouguemoune est tiss� de fils �lectriques comme une toile d�araign�e. Chacun des exploitants utilise ses moyens personnels pour acheminer le courant � des centaines de m�tres. Le probl�me d�eau potable existe aussi. Les restaurateurs ach�tent au prix de 800 DA la citerne de 2000 litres et il faudra avoir les bras forts pour acheminer les tonneaux, tellement le tracteur ne peut pas acc�der � toutes les baraques. En somme, dans ce lieu paradisiaque parvenu � grande volont� et d�effort, l�Etat n�a pas contribu�. Zaou�a de Sidi-Khaled : l�h�te des pauvres La cour de la zaou�a de Sidi-Khaled est noire du monde en cet apr�s-midi de la fin du mois d�ao�t. Des familles issues de tous les horizons de la Kabylie viennent passer des moments de douceur et de relaxe au pied de la vague � moindres frais. Durant toute la saison estivales les familles n�ont pas cess� de faire les chass�s crois�s. En effet, la zaou�a de Sidi-Khaled qui compte une douzaine de chambres spacieuses est occup�e pendant trois jours. Une par famille, mais le s�jour peut d�passer les trois jours si aucune famille ne vient pour solliciter l�h�bergement. L�acc�s est � la port�e de tous pour peu qu�on puisse supporter la promiscuit�. Ce qui est en g�n�ral, l�occasion r�v�e par les femmes au foyer pour discuter et faire de nouvelles connaissances. Au lieu de s�acquitter d�une axe de location, les estivants alimentent la caisse de la zaou�a par des dons. A l�int�rieur de la zaou�a, tout est pr�par� pour passer un s�jour dans les conditions supportables. Pour pr�parer les repas, il existe une cuisine commune et l�eau coule du robinet. La zaou�a est �galement aliment�e en �lectricit� et entour�e d�un vaste parking gard� pour assurer la s�curit� des v�hicules. La seule condition d�acc�s � ce lieu sacr� est d��tre un couple l�gitime, mari� et de pr�f�rence parent, nous at- on dit. La plage de Sidi-Khaled s��tire sur quelques centaines de m�tres de petits galets et d�un plan d�eau peu profond, mais rocailleux, re�oit plus de familles et de couples que de jeunes c�libataires en qu�te d�aventure et de l��me s�ur bord�e par plusieurs maisons construites, en g�n�ral, par des riches propri�taires pour leurs vacances, les pieds dans l�eau et parfois poussent leur perron jusqu�� repousser les vagues m�me en �t� et par mer calme. Tr�s peu de gargotes et de commerces et aucun bootleggers. Les familles, qui viennent, appr�cient hautement leurs s�jours. Au pied de la zaou�a, lors de notre passage, nous avons remarqu� la pr�sence de nombreuses vieilles femmes cal�es entre de grosses pierres baignant leurs vieux os dans l�eau sal�e. Lors de notre passage, nous nous sommes fait passer pour une personne en qu�te d�une petite place pour passer quelques jours de vacances. Le gardien du temple nous a appris qu�une seule chambre est disponible actuellement et que le mode de r�servation n�existe pas ici. Mais que pour b�n�ficier d�une chambre, il faut arriver le jour de sa lib�ration. Ainsi, il se peut qu�une famille se d�place plus d�une fois avant d��lire domicile dans la zaou�a de Sidi-Khaled.