Belle revanche pour un �crivain encens� � ses d�buts par la critique fran�aise avant d��tre lynch� durant l�ann�e 2001. Son dernier roman, l�Attentat (Editons Julliard) fait l�objet de critiques �logieuses (1). Du Nouvel Observateur � L�Express, en passant par Le Point ou le Journal du Dimanche, il ne laisse personne indiff�rent : le h�ros du roman, Amine, Arabe isra�lien, chirurgien, voit sa vie basculer quand un attentat kamikaze fait plusieurs morts et bless�s dans un resto de Tel-Aviv. En op�rant les bless�s, Amine d�couvre avec stupeur que le kamikaze n��tait autre que sa femme Sihem. Il essaie alors de comprendre comment son �pouse en est arriv�e � se faire exploser. Retour en arri�re. En janvier 2001, Apr�s avoir r�v�l� sa v�ritable identit�, Yasmina Khadra fait l�objet d�une campagne le sommant de renier son pass� d�officier de l�ANP sous peine d��tre qualifi� de �scribouillard des g�n�raux�. En r�action, il publie en janvier 2002, un livre L�imposture des mots o� il relate, sur un ton m�lant l�amertume � un humour corrosif, ses m�saventures avec le monde de l��dition et de la critique. �Les comptes rendus, que de nombreux journaux et magazines avaient promis de consacrer � mon roman autobiographique, ne suivent plus. Du jour au lendemain, l�enthousiasme c�de la place � la bouderie�. Il a le sentiment d��tre l�ch�. Moments �prouvants que sa rencontre avec la journaliste Florence Aubenas, qui �cherche la faille dans le dispositif du militaire� qu�il �tait, ou face � l�embarras de son �diteur lorsque para�t en librairie le livre de Habib Soua�dia, la Sale Guerre aux �ditions La D�couverte, livre que Khadra qualifie de �mensonge � dans un entretien � Marianne, au risque de nuire � sa carri�re de romancier. Ou encore, ce d�ner organis� par le ministre de la Francophonie et de la Coop�ration, Charles Josselin, qui tourne au vinaigre : une certaine Mme H�las � pseudo d�signant une �crivaine alg�rienne � le tient �pour un militaire aux mains macul�es de sang� pendant que la journaliste du Monde, Catherine Simon, �crit Khadra, �met �un rire corrosif, solidaire de la perspicacit� de l�invit�e. Assumant ses convictions, Yasmina Khadra publie dans Le Mondedu 13 mars 2001, une tribune, �A ceux qui crachent dans nos larmes�. Il y �crit : �Entre deux maux, je choisis celui qui p�sera probablement sur mes chances de romancier, mais qui aura l�excuse de ne pas peser sur ma conscience. Aussi, je d�clare solennellement que, durant huit ann�es de guerre, je n�ai �t� t�moin ni de pr�s ni de loin, ni soup�onn� le moindre massacre de civils susceptible d��tre perp�tr� par l�arm�e. Par contre, je d�clare que l�ensemble des massacres dont j�ai �t� t�moin et sur lesquels j�ai enqu�t� portent une seule et m�me signature : les GIA.� Avant d�ajouter : �Que dire de l�attitude de certains intellectuels fran�ais devant notre trag�die, sinon mon chagrin et ma d�ception, moi qui, trente-six ans durant, contre vents et mar�es, n�ai cherch� qu�� les rejoindre et m�instruire aupr�s d�eux ? Que dire de ces alli�s naturels dont je r�vais toutes les nuits et qui, avec une insoutenable prudence, font �talage d�un manque de discernement effarant ?�. Yasmina Khadra est donc de retour. Par la grande porte. Ses �uvres sont traduites en 17 langues. Son avant-dernier livre, Les hirondelles de Kaboul, traduit aux USA par John Cullen, a �t� �lu meilleur livre de l�ann�e par le San Francisco Chronicle et le Christian Sciences Monitor. Egal � lui-m�me, l��crivain qui disait dans un entretien � Marianne� propos des islamistes que les �d�douaner de leurs crimes, c�est impardonnable�, �crivait dans Le Matin du 17 juin 2004, � propos de l�emprisonnement de Mohamed Benchicou, �n'aurait-il pas �t� juste, apr�s avoir pardonn� aux ennemis de la nation, d'en faire autant avec les adversaires des gouvernants ?�. H. Z. (1) De son vrai nom, Mohamed Moulessehoul, il �tait commandant de l'ANP. Yasmina Khadra, l'Attentat, Editions Julliard. Paris 2005. Prix: 18 euros.