Les Tizi-Ouz�ens ne croient pas leurs oreilles, beaucoup sont abasourdis par les propos de Bouteflika r�it�rant son �jamais � l�officialisation de tamazight�, d�j� prononc�s lors de la campagne pour la concorde civile. Les avis sont, il est vrai, partag�s entre l�indignation de ceux qui s�estiment trahis et par le pouvoir et par les dialoguistes des arouch qui n�ont pas cess� de faire croire � l�officialisation de tamazight sans r�f�rendum et ceux qui ne se sont jamais tromp�s sur la nature fonci�rement conservatrice antid�mocratique et n�gatrice du syst�me en place et dont Bouteflika vient de confirmer les th�ses en effa�ant d�un trait les promesses d�un dialogue pour lequel il a pourtant mandat� son chef du gouvernement pour mener � bien les n�gociations avec la d�l�gation des arouch conduite par Bela�d Abrika. Pour Monsieur tout le monde, Bouteflika est d�routant, � Tizi-Ouzou, o� il s�est abstenu de faire la moindre allusion � l�officialisation de tamazight, pourtant largement susurr�e par ses relais, il proclame que nous sommes tous des Amazighs arabis�s par l�Islam. A Constantine, il coupe court � l�espoir d�officialisation suscit�, nourri et entretenu depuis des mois, sugg�r� m�me par un passage de la charte, dupant ainsi l�opinion publique et les plus sinc�res des dialoguistes. Que s�est-il pass� entre les pr�paratifs de son meeting et ses d�clarations � provocatrices, calomnieuses et semant la haine et la division � de Constantine, se demandent les plus cr�dules et oublieux des propos de Belkhadem SG du FLN, repr�sentant personnel de Bouteflika, d�clarant � Tizi-Ouzou et � B�ja�a, le probl�me de tamazight d�finitivement r�gl� par la Constitution, occultant aussi les d�clarations du leader du MSP, ministre d�Etat, sur l�unicit� de l�arabe comme langue officielle, r�clamant par ailleurs des sanctions contre les chahuteurs. On est, certes, interloqu� devant le reniement des engagements pris par le chef du gouvernement au nom de l�Etat mais on ne croit pas, m�me dans ces milieux, que Bouteflika ait c�d� aux pressions de la coalition islamo-ba�thiste au pouvoir. En d�pit du caract�re vindicatif et revanchard qu�on lui pr�te, � tort ou � raison, on exclut �galement que Bouteflika ait fait de telles d�clarations en repr�sailles au chahut de son meeting au stade du 1er-Novembre de Tizi- Ouzou et aux �tudiants qui l�ont contraint � �carter certains points de son programme d�inspection. Les d�clarations de Constantine refl�tent bien le profond sentiment d�un homme qui incarne toutes les tares du syst�me, confisquant la R�volution du 1er-Novembre 54 et la volont� du peuple. Il fallait �tre vraiment na�f pour s�attendre au respect des engagements pris par Ouyahia. On ignore d�ailleurs si c�est le cas, si ce n�est pas une farce con�ue et ex�cut�e par le pouvoir et ses partenaires des arouch, soutiennent les farouches opposants � tout ce qui �mane du pouvoir en place. Pour ces derniers, il n�y a jamais eu aucune avanc�e dans le dialogue de dupes entre le pouvoir et l�aile dialoguiste pour d�clarer aujourd�hui un retour � la case d�part, il s�agit d�une com�die destin�e � remettre les clients du pouvoir au go�t du jour et reprendre par leur interm�diaire le contr�le de la Kabylie frondeuse. L�Islam est une religion universelle, respectant les sp�cificit�s des peuples, il n�a pas vocation d�arabiser ceux qui l�embrassent, pour s�en convaincre, il suffit d�observer la tr�s nette diff�rence distinguant le monde musulman du monde arabe. Les m�mes milieux r�futent l�argument du pr�sident consistant � dire qu�il n�y a pas de pays de par le monde pratiquant deux langues officielles. Cela rel�ve soit de l�igno rance des r�alit�s linguistiques des pays comme la Suisse, le Canada, la Belgique, l�Afrique du Sud... soit de la volont� d�lib�r�e de tromper l�opinion publique nationale et de la dresser contre l�officialisation de tamazight, pr�sent�e comme portant atteinte � l�unit� nationale. Conscients ou non, les arouch ont �t� leurr�s sur les intentions r�elles du pouvoir et ils ont contribu� � leur tour � berner l�opinion sur les pr�tendus acquis dans le cadre de leur interminable dialogue avec un pouvoir qu�ils savaient machiav�lique et versatile, soulignent ceux qui ne se sont pas fait d�illusion sur l�issue du dialogue et les intentions du pouvoir. En tout �tat de cause, Bouteflika a rendu un grand service � l�opposition par ses d�clarations de Constantine, son projet de charte est vou� � l��chec dans la r�gion o� m�me les militants du RND et du FLN sont stup�faits par les propos du pr�sident compromettant leurs chances de succ�s aux �lections partielles de novembre prochain. Ceux-l�, comme tous ceux qui ont donn� jusquel� un quitus � Bouteflika, regrettent de lui avoir fait confiance et se demandent si le premier magistrat du pays peut pr�ner la r�conciliation et le pardon avec les terroristes sanguinaires, d�un c�t�, et faire des d�clarations incendiaires � l��gard d�une r�gion dont le patriotisme, l�attachement � l�unit� nationale, au caract�re d�mocratique et r�publicain de l�Etat ne sont � d�montrer, de l�autre. Les plus neutres et indiff�rents � la chose politique redoutent quant � eux le retour � la violence et la marginalisation de la Kabylie sur le plan du d�veloppement �conomique et social o� elle accuse d�j� un grand retard par rapport � d�autres r�gions du pays. Quant � l�aile dialoguiste des arouch, assomm�e et ridiculis�e par Bouteflika, au m�me titre d�ailleurs que le chef du gouvernement, elle tient un conclave interwilayas depuis hier, � la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi- Ouzou pour adopter une riposte visant pour le moins le boycott du r�f�rendum rejoignant ainsi, bien que tardivement, les auteurs acteurs politiques pr�conisant la m�me attitude � l��gard de ce scrutin qualifi� � juste titre de pl�biscite. Le r�f�rendum promet d��tre chaud, � entendre certaines voix parmi les arouch.