Un conclave extraordinaire des structures du mouvement sera organisé demain à Béjaïa pour décider des suites à donner à la déclaration du président de la République qui a dit non à l'officialisation de tamazight. Après l'accord global signé entre le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, et la délégation des archs le 15 janvier 2005, et l'accord de principe de l'officialisation de la langue amazigh auxquels ont abouti les discussions entre les deux parties lors de leurs deux rencontres le 11 août et le 13 septembre dernier, Belaïd Abrika se dit être “surpris par la déclaration du premier magistrat du pays jeudi qui fragilise aujourd'hui le processus du dialogue engagé”. Lors d'une conférence de presse qu'il a animée hier à la maison de la presse Tahar Djaout, “le délégué” des genêts, qui fait remarquer que “le mouvement citoyen tient toujours à l'application de l'accord global et n'abandonnera jamais la revendication portant sur l'officialisation de tamazight, affirmera que le combat continue jusqu'au règlement définitif de cette question”. Refusant de se prononcer sur les suites à donner à la dernière sortie du président de la République, Belaïd Abrika annoncera, cependant, un conclave extraordinaire des présidences tournantes du mouvement demain à Béjaïa. C'est là que la réponse des archs sera connue, soulignera par ailleurs le conférencier, qui s'abstient de commenter le désaveu du chef de l'Etat à l'égard de son chef du gouvernement en remettant en cause l'engagement qu'il a pris vis-à-vis des archs quant à l'officialisation de tamazight. “Je pense, dira-t-il, qu'on n'est pas là pour porter le chapeau à X ou à Y, s'il y a des divergences nous en saurons plus les jours à venir”. Très prudent dans ses réponses aux questions des journalistes, Belaïd Abrika avouera : “Nous sommes dans une conjoncture particulière, c'est une situation délicate pour tout le monde.” “Nous portons dit-il, une lourde responsabilité quant à l'aboutissement de cette revendication”. Le mouvement citoyen ira-t-il jusqu'à reprendre l'action de rue ? “C'est aux structures d'en décider”, répondra le conférencier qui précise que “s'il est nécessaire ce sera la rue, s'il est nécessaire ce sera la voix du dialogue”. “Le Mouvement citoyen, affirmera-t-il, s'inscrit dans la durée”. Belaïd Abrika qui estime que, “les archs n'ont pas été bernés” en se référant à l'accord global du 15 janvier dernier, soulignera que la différence entre eux et ceux qui étaient connus sous le sobriquet “des archs taiwan”, c'est qu'eux ne sont pas venus “pour brader la plate-forme d'El-Kseur”. “La population connaît nos détracteurs”, lancera en substance le conférencier qui réitérera les dernières décisions de l'Interwilaya quant aux deux prochaines échéances électorales. “Il a été décidé, soulignera-t-il, de laisser le libre choix aux citoyens lors du référendum du 29 septembre et les élections partielles du 24 novembre prochain”. Belaïd Abrika indique, en effet, que les archs restent à l'écoute de l'évolution de la situation. “Le premier magistrat du pays avait fait en 1999 ce genre de déclaration mais il a fini par la constitutionnaliser sans passer par le référendum”, dira Abrika avant d'ajouter que le chef de l'Etat est “libre de déclarer ce qu'il veut”. C'est ainsi que le délégué des genêts tente d'atténuer la sévère et inattendue remise en cause de ce que les archs croyaient comme acquis : l'officialisation de tamazight. Karim Daoudi