Dysfonctionnements en termes d�organisation, contestation du r�le de l�ANEP et des prix encore difficilement accessibles, le 10�me Salon international du livre d�Alger, Sila, fait l�objet de nombreuses pol�miques.. Mais si la critique est � l�ordre du jour, l�enjeu fix� par le corps organisationnel reste n�anmoins ambitieux. Les visiteurs, quant � eux, semblent satisfaits de la plus importante manifestation litt�raire alg�rienne de l�ann�e. Une organisation fortement critiqu�e Jusque-l�, l��v�nement est qualifi� �de r�ussite� par les organisateurs. L�engouement des exposants pour ce salon est � l�origine de cet optimisme. Cette ann�e, la Safex a accueilli 83 exposants de plus que l�an dernier. �L�objectif d�int�grer plus de participants est de faire en sorte que l��v�nement soit ancr� dans le calendrier international�, pr�cise M. Adda, commissaire du salon. D�autres enjeux sont �galement en c�ur des pr�occupations de l�ANEP. �Assainir ce qui s�est pass� en 2000, r�habiliter ce salon international, faire de cette manifestation le premier salon bilingue et cr�er un �quilibre entre francophones et arabophones sont des points qui s�inscrivent �galement dans nos ambitions�, ajoute-t-il. Un enjeu important lorsque l�on consid�re que l�Alg�rie est le deuxi�me pays francophone selon la centrale de l��dition SNE, la statistique nationale de l��dition. N�anmoins, l�enthousiasme n�est pas partag� par les exposants. �Si les intentions sont louables, on est loin d�avoir atteint les objectifs de d�part�, d�clare Yasmina Belkacem, charg�e de communication des �ditions Chihab. Les professionnels reprochent aux organisateurs de privil�gier le livre import� au d�triment des �diteurs. �Cette ann�e, le Sila ne s�inscrit pas dans la promotion d�une production �ditoriale. La priorit� est � pr�sent donn�e aux importateurs. Le risque encouru, si ces derniers prennent le dessus ,est de s�orienter vers une foire. D�o� l�int�r�t de red�finir le salon d��dition�, pr�cise-t-elle. Une r�alit� qu�affiche ce 10�me Salon international du livre d�Alger. L�autre point de discorde repose sur la s�paration entre �diteurs arabes et �diteurs �trangers. Une particularit� propre � cette ann�e. �Le nombre croissant d�exposants ne permettait pas de concentrer l�ensemble des participants dans le m�me espace, la fr�quentation des stands islamistes, et la diff�rence de client�le �� sont les raisons avanc�es par Radia Abed, pr�sidente du SNEL, le Syndicat national des �diteurs, pour justifier cette d�cision. Une d�cision que les �diteurs arabes francophones d�plorent. �Une s�paration est concevable mais pas dans cet esprit�, d�clare une �ditrice d�ouvrages psychologiques francophones. Son stand de 9 m�tres est noy� entre les stands islamistes. Elle reproche l�absence de logique concernant l�am�nagement des stands. �En l�occurrence ma pr�sence dans ce pavillon est incoh�rente. La client�le ne correspond pas � mon lectorat.� Et pour pallier cette difficult�, la responsable d��dition va � la rencontre de sa client�le en naviguant entre le pavillon international et le pavillon arabe pour distribuer des prospectus. D�autre part, l�Anep s�interroge sur le site de la Safex en tant que lieu d�accueil o� se d�roule la manifestation culturelle. L�espace est consid�r� par l�organisme d�Etat comme �tant � pr�sent un probl�me. M. Adda pr�cise � cet effet que �la Safex est une structure obsol�te. Mais actuellement aucune autre salle n�est adapt�e pour ce genre de manifestation culturelle�. La question subsiste de savoir si l�an prochain, le Sila se tiendra de nouveau � la Safex. Mais, pour l�heure, rien de concret n�a �t� avanc� sur le sujet pour l�ann�e prochaine. Les prix des ouvrages Et comme chaque ann�e, le prix des livres est un sujet d�actualit�. Les r�ductions varient entre 10 et 60%. D�apr�s les exposants, un effort incontestable a �t� fait de la part des �diteurs �trangers pour s�adapter au pouvoir d�achat alg�rien. �Comparativement aux prix pratiqu�s en France, certains ouvrages sont propos�s � moiti� prix�, d�clare M. Pinatel Jean, secr�taire g�n�ral de la r�gie PACA � Province Alpes C�te-d�Azur � en France. Ce membre de la d�l�gation du conseil r�gional du PACA ajoute �� titre d�exemple, cet ouvrage de Ferdinand Pouillon, architecte m�diterran�en, se vend � 59,45 euros dans l�Hexagone. Ici, le m�me ouvrage est au prix de 3150 DA�. Mais les prix restent encore difficilement abordables pour la classe moyenne alg�rienne. Les livres de poche co�tent entre 300 et 700 DA. Les ouvrages acad�miques, les outils p�dagogiques, les beaux livres et les bouquins de vie pratique restent, quant � eux, r�serv�s � une client�le ais�e. Le prix du Vidal 2005 s��l�ve � 11 000 DA. �A d�faut de pouvoir les acheter, le salon est �galement une occasion de pouvoir feuilleter des ouvrages. C�est toujours mieux que rien�, d�clare Lydia, venue visiter le salon. Certains font le d�placement de loin pour s��quiper en livres. Driss, �tudiant en m�decines est un habitu� du salon. Il s�y rend chaque ann�e et vient de S�tif sp�cialement pour l��v�nement. �J�ai d�pens� l�an dernier 50 000 dinars en achat de livres. Ici, l�avantage est la diversit� des ouvrages disponibles�, pr�cise le jeune �tudiant. En outre, la diversit� r�side �galement dans la participation des pays �trangers tels que l�Inde et l�Espagne qui participent cette ann�e � l��v�nement. Par ailleurs, le pays de l�auteur de Don Quichotte de la Manche, Miguel de Cervant�s, �tait � l�honneur jeudi dernier. Pour le 400�me anniversaire de la sortie de la premi�re �dition de l�ouvrage, l�Institut Cervant�s et l�ambassade d�Espagne en Alg�rie se sont alli�s pour permettre � Eduardo Calvo, directeur de cet institut, et Cavanillas de Blas, �crivain, de revenir sur le s�jour forc� de 5 ans de Miguel de Cervant�s et le p�riple du c�l�bre personnage Don Quichotte de la Manche. Beaucoup d�importance est accord�e cette ann�e � l�animation. Pour les membres de l�organisation, elle s�inscrit dans une dimension internationale. A cet effet, Mme Soel avait d�clar� lors de la conf�rence de presse �on s�est mis au niveau du standard international et on a ax� sur l�animation�. Les livres pour enfant et les manuels scolaires : un march� en �volution M�me son de cloche pour tous. �Les ouvrages pour enfant se vendent et se vendent bien, selon une repr�sentante du groupe d��dition de Gallimard. Le pari �tait lanc� lors de la conf�rence de presse. �Cette �dition s�inscrit sous le signe de la promotion de la lecture pour les jeunes afin d�en faire des lecteurs de demain�, avait pr�cis� Mme Soal, pr�sidente de l�Association des libraires alg�riens lors de la conf�rence de presse. Livres de d�coupage et de coloriage, contes ou m�me ouvrages p�dagogiques, l�offre est abondante. Sans vouloir r�v�ler la part du chiffre d�affaires engendr�e par ce secteur, le constat est clair d�apr�s les exposants : il s�agit d�un genre qui s�duit les visiteurs. �Je suis venu avec mes enfants pour leur acheter quelques livres d��veil. C�est important de les familiariser tr�s t�t avec les livres et les plonger dans la lecture afin de leur enseigner que lire doit �tre un plaisir et non une obligation�, d�clare une jeune m�re de 2 enfants. Autre march� prometteur, selon les professionnels de l�industrie du livre : le manuel scolaire. �Une fois que la politique du livre sera clairement d�finie, les livres scolaires seront l��l�ment v�hiculaire g�n�rateur d�emploi�, pr�cise M. Adda. Ce dernier encha�ne que �l�Alg�rie compte seulement 24 000 biblioth�ques scolaires et municipales sur l�ensemble du territoire et 60 librairies dignes de ce nom. Les chiffres sont minces !�. C�est pourquoi la question sur la mise en place d�une v�ritable politique du livre est d�actualit�. �Le message de ce Sila est clair : le secteur du livre alg�rien est entr� dans l��conomie de march� et les professionnels demandent aujourd�hui � l�Etat une politique du livre affirm�e�, souligne M. Adda. Mais dans une interview accord�e � la revue sp�cialement �dit�e pour le salon, Facila, Mme Soal d�clare qu�une politique du livre n�est pas souhaitable dans deux cas de figure �si cette loi reste sans impact direct et concret sur tous les dispositifs juridiques qui interviennent dans la profession du livre� et �si elle ne sert pas de cadre protecteur, en plus d��tre inutile, elle produit un cadre restrictif�.