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REFERENDUM A BENTALHA ET RAIS
Douleurs muettes d�une population qui garde intact le souvenir de septembre 97 Reportage de Sa�da Azzouz
Publié dans Le Soir d'Algérie le 01 - 10 - 2005

Bentalha et Ra�s, deux localit�s de la capitale, sorties de l�anonymat entre ao�t et septembre 97. Deux localit�s tristement c�l�bres depuis que des groupes de terroristes ont, au nom d�on ne sait quelle logique islamiste, massacr� plus de 1000 personnes (600 morts � Ra�s le 28 ao�t 97, plus de 400 � Bentalha le 23 septembre 97).
Deux localit�s devenues, depuis, � chaque �v�nement national une �destination journalistique�. Cette fois plus que tous les pr�c�dents scrutins. Plus d�une quarantaine de confr�res y ont fait escale. Difficile de restituer et fid�lement ce que nous y avons vu , ressenti et entendu en ce 29 septembre 2005, d�sormais jour du �pardon� national. Se rendre � Baraki, pour aller vers Bentalha, Ra�s, Sidi- Moussa ou encore Larb�a est aujourd�hui tr�s ais� puisqu�une autoroute nouvellement �r�ceptionn�e� y m�ne, au grand soulagement des automobilistes. Alors que nous essayons de trouver notre chemin sur cette voie non encore achev�e, un panneau qui indique la direction de Sidi- Rzine d�clenche une succession d�images p�nibles que l�on pensait avoir r�ussi � effacer de notre m�moire ces huit derni�res ann�es. 23 septembre 97, Sidi- Rzine est un cimeti�re o� l�on creuse des tombes � la pelleteuses, o� l�odeur du sang des cadavres des enfants, des femmes et des hommes massacr�s � la hache se m�le � celle de la terre des tranch�es que l�on creuse � la pelle m�canique pour y enterrer des familles enti�res. Une odeur mortelle qui, longtemps, enveloppera cette r�gion. Machinalement, nous empruntons la bretelle qui m�ne vers ce cimeti�re interdit d�acc�s aux journalistes il y a huit ans. Les herbes folles, parfois ass�ch�s, recouvrent les tombes de ces Alg�riens que l�on enterre une autre fois en ce 29 septembre 2005.
La vieille Lamloum manifeste le rejet de cette charte en se recueillant sur les tombes de sa famille d�cim�e
�Rabi oukilhoum�� (Que Dieu rende justice), r�p�te inlassablement une vieille femme au visage �maci� et creus� par la douleur. Elle tente maladroitement d�extraire les herbes mortes qui recouvrent les tombes align�es des six membres de sa famille, dont une fillette de trois ans, assassin�s lors du massacre de Bentalha. Le tout sous notre regard et celui d�une journaliste de la BBC, la vieille ne fait pas cas de notre pr�sence, le jeune couple qui l�accompagne nous fait signe de ne pas l�importuner. Comment ne pas demander � cette survivante ce qu�elle ressent huit ans apr�s le massacre, quitte � perturber ce moment solennel ? Ind�cent ! On ose la question, quand m�me. On va jusqu'� lui demander ce qui motive son recueillement sur les tombes des siens, un jeudi en fin de matin�e, alors que, traditionnellement, c�est le vendredi matin que l�on rend visite aux morts. Pour toute r�ponse, elle l�ve vers nous des yeux au regard vide, sans haine, un regard sans expression aucune� Un regard mort qui nous fait regretter d�avoir fait intrusion dans le monde sans vie de cette survivante. La jeune femme qui l�accompagne nous fait comprendre qu�ayant capitul� depuis septembre 97, la quinquag�naire n�oubliera et ne pardonnera jamais. Par sa pr�sence au cimeti�re ce 29 septembre 2005,elle marque sa d�sapprobation. En cette journ�e d�di�e � �la paix et de r�conciliation�, nous quittons Sidi-Rzine en m�me temps que cette famille toujours endeuill�e et l�envoy�e sp�ciale de la BBC, dont le v�hicule est escort� par une 406 blanche � bord de laquelle se trouvent quatre �gardes du corps� portant des costumes identiques et les m�mes lunettes noires. Les portes de l��cole Abdelhamid-Ben-Badis, centre de vote, sont grandes ouvertes, l�int�rieur est tapiss� d�affiches qui sugg�rent de �voter oui�. Il est 13 heures et il n�y pas grand monde dans la cour et les classes de cet �tablissement scolaire qui a servi de morgue le 23 septembre 1997. Le hasard fait que l�on rencontre une personne qui, ce jour-l�, nous a permis de rentrer dans ce quartier boucl� par les gendarmes et les militaires et interdit d�acc�s aux journalistes alg�riens. �Ce n�est pas le rush, ne sont venus voter que ceux dont les enfants sont au maquis, en exil ou en prison. Pour nous, c�est un non-�v�nement. Ce n�est pas au peuple de d�cr�ter la paix,c�est � l�Etat de nous l�assurer. Je ne comprends pas, il passe leur temps � dire qu�ils ont vaincu le terrorisme, qu�il ne reste que quelques �gar�s� Pourquoi ce r�f�rendum alors !� Riad, appelons-le ainsi, nous sugg�re de faire un tour � Boudoumi et Hai-El- Djilali, deux quartiers o� la mort a sauvagement frapp� dans le cr�puscule du 23 septembre 97.
Mohamed avait six ans en 97, il en a 14 aujourd�hui et il n�a rien oubli�
Comme � Ra�s, Bentalha ne semble pas s��tre pr�par� � cette journ�e que l�on qualifie d�historique. Comme � Ra�s, seules les �coles sont par�es de ces affiches qui pr�nent la r�conciliation. Rien dans la rue, ni sur les murs ne laisse supposer qu�il y a un �v�nement. Point de portrait du pr�sident tendant la main� Seules subsistent quelques affiches de l��lection d�avril 2004 et sur lesquelles on a badigeonn� �Vive l�USMA, Vive la JSK�. L�association El Amel de Bentalha a marqu� le coup en accrochant une banderole � l�entr�e du quartier et sur le fronton d�une structure sportive. A Boudoumi, quartier martyr, rien n�a chang� depuis 8 ans. Pas un arbre n�a �t� plant�, les routes sont d�fonc�es, les trottoirs et les espaces non encore construits servent de d�potoir, les gamins aux pieds nus courent encore les rues anonymes de Boudoumi et Hai-El-Djilali o� stationnent des semi-remorques en majorit� propri�t� de repentis. Dans l�une d�entre elles, on rencontre Mohamed, 14 ans, v�tu d�un tee-shirt rouge sur lequel �tr�ne� Zidane, idole du gamin rescap� du carnage, qui, avec un autre gamin de 16 ans, une cigarette sur l�oreille droite, venu de Tiaret, nous apostrophe, ignorant le flash de notre photographe. �Vous �tes venus pour le terrorisme (irhab) ?� Le gamin ne nous laisse pas le temps de r�pondre, et enclenche une s�rie de questions sur notre m�tier. On y r�pond tout en nous demandant s�il fallait ou pas parler avec Mohamed de ce 23 septembre 97. �Vous voyez la maison l�-bas, c�est celle de mon oncle, il a �t� tu� par �el irhab�, sa femme et mes cousins aussi. Mes cousines ont surv�cu, elles ont �t� jet�es par le balcon, on a fracass� le cr�ne de l�une d�entre elles avec une hache(�)�, raconte Mohamed qui garde intacts les souvenirs de cette nuit d�horreur. �J�avais six ans, mon p�re travaillait au Sud, c�est ma m�re qui nous a sauv�s (�) Quand ils ont commenc� a frapper � la porte, elle a compris et nous a fait sauter mes fr�res et moi par-dessus le mur des voisins(�)� Comme pour �exorciser� cette nuit d�horreur, Mohamed, qui ne voit pas de psychologue, raconte son histoire, celle des voisins, celle du quartier. Rien n�a �t� oubli�, rien n�a �t� fait pour que Mohamed oublie et pardonne. Le gamin de 14 ans dit refuser de dormir le soir parce qu�il r�ve de monstres et de sang, il dit sursauter � chaque fois qu�il entend l�appel � la pri�re du fadjr parce qu�elle lui rappelle les cris �Allah akbar� des assaillants assassins (�)� Les seuls instants o� Mohamed, qui r�ve de faire du karat�, transcende l�horreur, c�est quand il tape dans un ballon. Maintenant que le projet du chef de l�Etat est pass�, quelqu�un va-t-il aider Mohamed et tous les autres � se �r�concilier� avec eux-m�mes en se reconstruisant ?


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