Rassembleur, Aboubakr Belka�d l�est toujours. M�me dix ans apr�s avoir �t� assassin� par des terroristes. Jeudi � jour de r�f�rendum pour une charte cens�e �r�concilier� les Alg�riens � sa famille, ses amis et des dizaines d�anonymes se sont rassembl�s au cimeti�re d�El Alia pour se recueillir sur la tombe du d�mocrate. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Jeudi 29 septembre. Au carr� des Martyrs du cimeti�re d�El Alia, une foule compacte se forme d�s 10 h autour d�une tombe fleurie. Les mains face au visage en signe de pri�re, l�assistance �coute l�imam r�citer des versets du Coran. Ci-g�t depuis septembre 1995 Aboubakr Belka�d, ravi aux siens par des terroristes islamistes. D�mocrate convaincu et convaincant, l�homme luttait contre l�obscurantisme. �Les batailles que l�on perd ce sont celles que l�on n�engage pas�, telle est l�inscription que l�on peut lire aujourd�hui sur le marbre de sa s�pulture. Son �pouse et ses trois enfants ont fait de la comm�moration de Aboubakr Belka�d un rendezvous incontournable dans le calendrier fun�bre de ceux qui ont choisi de livrer bataille. Fid�les et impassibles, ils se tenaient jeudi devant sa tombe, entour�s de sa famille et de ses amis. Des d�mocrates, des membres de la presse et de simples citoyens. Des personnalit�s politiques et historiques sont �galement pr�sentes : le g�n�ral-major Mohamed Touati, R�dha Malek, El Hadi Khediri, Mohamed Mechati, Mohamed-Salah Mentouri, Abdelkader Sallat. Dans la foule, Fatma-Zohra Flici et Amara Benouyn�s, deux n�o-r�conciliateurs, ne passent pas inaper�us. Certains estiment inopportune leur pr�sence � cette c�r�monie. Le com�dien Sa�d Hilmi et le chanteur Mohamed Lamari, fers de lance de la culture de la �moussalaha�, sont �galement tr�s critiqu�s. Les yeux embu�s, Khalti Houria, m�re inconsolable d�une jeune �tudiante assassin�e pr�s de Sidi Moussa, ne peut se retenir. Elle �clate contre Amara Benyoun�s, pr�sident de l�UDR. �Rappelle-toi ce que tu m�avais dit, Amara, lors du d�c�s de Hachemi Ch�rif. Tu m�avais dit de ne pas m�inqui�ter, qu�il n�annoncerait pas sa r�conciliation, son amnistie g�n�rale! Vous aurez �a sur la conscience!�. Le pr�sident de l�UDR baisse la t�te et sors du carr� des Martyrs. A quelques m�tres de l�, Fatma- Zohra Flici, d�put�e RND et pr�sidente d�une organisation de familles victimes du terrorisme, tente de justifier sa pr�sence. �J�ai toujours particip� � cette c�r�monie de recueillement, je ne vois pas pourquoi je ne serais pas venue aujourd�hui.� Le cimeti�re d�El Alia se vide lentement. Et comme le veut la tradition, on se donne rendez-vous � �Dar Aboubakr�, la demeure de la famille Belka�d situ�e sur les hauteurs d�Alger. L�ambiance y est beaucoup plus d�tendue qu�� El Alia. �Mon �poux a toujours gard� grandes ouvertes les portes de notre maison, je perp�tue donc cette coutume�, explique Mme Belka�d. Pourtant, cette ann�e, l�hommage rendu � son �poux est particulier puisqu�il co�ncide avec la tenue d�un r�f�rendum pour une charte d�cri�e par les victimes du terrorisme. �Mes enfants et moi faisons la distinction entre ces deux �v�nements. Nous sommes contre toute tentative de r�cup�ration politique. Mon d�funt mari �tait un v�ritable d�mocrate, respectueux des convictions politiques des autres�, explique-t-elle avec un large sourire. La pr�sence chez les Belka�d de personnes qui ont choisi de passer �de l�autre c�t� est une preuve que ce principe subsiste encore. Mais pour certains, la douleur est insurmontable. C�est le cas de Le�la Aslaoui qui peine � supporter les propos du chanteur Mohamed Lamari. Sans trop convaincre, ce dernier tente d�expliquer pourquoi il a choisi de soutenir Bouteflika. �Il faut se r�concilier ma s�ur Le�la, il le faut. C�est �crit dans le Coran�, lance-t-il. L�ancienne ministre et ex-magistrate ne l��coute pas. Elle �clate en sanglots. Les dirigeants d�aujourd�hui ont d�cid� d�imposer l�amn�sie. Les assassins de Aboubakr Belaka�d, de Mohamed R�dha Aslaoui et de milliers d�autres victimes d�actes terroristes isol�s ne seront jamais inqui�t�s�