Jamais le sentiment d�ins�curit� n�a �t� aussi fort. Pourtant les statistiques officielles des services de la police ou celles des services de la Gendarmerie nationale font appara�tre une stabilisation de la d�linquance. Alors, s�agit-il d�une psychose collective ? La r�alit� est ailleurs. Les chiffres fournis par les services de s�curit� � la presse locale ne portent que sur les affaires constat�es. Mais les autres. Vols, viols, agressions physiques, rackets, tels sont les fl�aux qui rongent la ville de Sa�da. 19 heures. Peu apr�s la rupture du je�ne, le quartier de Lamarine est noir de monde. Les Sa�dis appellent cet endroit �Le march� aux voleurs�. Tous les produits issus des vols sont habituellement revendus l�. Cela va du portable dernier cri au poste-cassette-radio. On y trouve aussi de la lingerie f�minine et des cr�mes pour blanchir la peau ou des aphrodisiaques propos�s par des Africains. Il ne se passe pas un jour sans que de paisibles citoyens se fassent agresser en plein jour. Au milieu de la foule s�vit une meute de voleurs qui agissent dans une quasi-impunit� et dire que dans un pass� pas lointain, � Sa�da, on pouvait vaquer � ses occupations sans avoir � recourir au vilain geste de palper sa poche int�rieure afin de v�rifier que son portefeuille ou son portable y sont encore. A cette �poque, un petit larcin �tait h�r�tique et provoquait l�ire collective. H�las, cette �poque est r�volue. Autres temps, autres m�urs. Aujourd�hui, les malfaiteurs pullulent partout et s�adonnent au m�tier sous ses multiples facettes. Le vol � la tir, la roulotte et la casse font des victimes chaque jour et chaque nuit que Dieu fait. Autant dire que Sa�da n�a rien � envier au Bronx. Les coupe-jarrets ont moins de 20 ans et pourtant ces jeunes sont socialement rejet�s et politiquement harcel�s. �lectoralement convoit�s, tous entament le m�me combat pour une ville moderne. Une ville d�figur�e et d�chir�e par la violence. Un visiteur non averti peut ais�ment qualifier la ville de �Madinet el Ogban� � appellation donn�e par les anciens Sa�dis, comme �tant le royaume de l�ennemi et de la violence. Certes, malgr� le quadrillage d�une mani�re efficace et les rondes nocturnes effectu�es par les services de police, il n�en demeure pas moins qu�on enregistre toujours les cambriolages, les vols en tous genres, la vente des psychotropes, comme le t�moigne cet �ni�me coup de filet de la police judiciaire. Jeudi dernier, en appr�hendant une bande de malfaiteurs dont la s�ur du chef de gang, une certaine T. Fatma, �g�e de 25 ans en possession de 40 plaquettes de psychotropes. Les mis en cause ont �t� plac�s sous mandat de d�p�t par le magistrat-instructeur aupr�s du parquet de Sa�da. Pourtant, au niveau de ce m�me parquet, les magistrats n�ont pas la r�putation d��tre tendres. Le rituel est immuable, tous les jours on juge, en comparution imm�diate, des pr�venus pris en flagrant d�lit, g�n�ralement des petits d�linquants arr�t�s la veille. Des comparutions qui se succ�dent au pas de course. On traite souvent les affaires de vols. Les pr�venus sont le plus souvent des jeunes des quartiers populeux. La plupart des r�cidivistes, des d�linquants qu�on montre du doigt, car ici � Sa�da, tout se sait et rien ne se cache. Mais tout le monde avoue son impuissance, le comble est que souvent, m�me les victimes se r�signent � ne pas les d�noncer par crainte de repr�sailles. �volution des mentalit�s � Sa�da, on admet en effet que les statistiques offrent une photographie incompl�te de la d�linquance.