C�est contraints et forc�s que les p�res de famille, terrass�s par les d�penses du mois de Ramadhan, se soumettent aux exigences de la f�te de l�A�d, une capitulation en bonne et due forme que tout le monde approuve en silence. A Annaba, l�atmosph�re est d�j� � l�A�d El-Fitr et chaque famille se pr�pare pour achat d�ingr�dients pour les diff�rents g�teaux, effets vestimentaires ainsi que des cadeaux pour les enfants. En ville, c�est l�anarchie totale, des vendeurs � la sauvette se sont �tablis et ne sont pas pr�ts � c�der un pouce des espaces occup�s. Sur les trottoirs devenus d�sormais des boutiques � ciel ouvert, tout est �tal�, une abondance de produits de toutes sortes qu�on expose aux passants et dont on vante les m�rites, les prix �tant tr�s abordables. Pulls, chemises, pantalons jeans, ensembles fillettes, serviettes de tables, de toilettes, jouets, chaussures, ustensiles de cuisines et autres bijoux de pacotille ; tout est bon � vendre. Du c�t� de la rue Ibn-Khaldoun, plus connue sous le nom de rue �Gambetta�, les voitures sont interdites de circulation ; les commerces illicites sont pass�s � la vitesse sup�rieure, maintenant, ils occupent carr�ment la chauss�e qu�ils se sont partag�e. On arrive � peine � se frayer un passage entre les �talages et si d�aventure, on pi�tine un article, on est tout de suite rattrap� par le vendeur qui ne manquera pas de vous insulter et peut-�tre m�me plus. De temps en temps, une bagarre �clate et tr�s vite ce sont les gourdins qui entrent en action, des cris, des menaces, des blessures et du sang qui coule. L�Etat est compl�tement absent et rien ni personne n�intervient pour faire cesser ces comportements. Hier, vers midi, tout le long de cette rue, nous n�avons pas vu un seul agent de police, les quelques policiers toujours en activit� sont en train de r�gler la circulation quelques centaines de m�tres plus loin, � El Hattab, un autre quartier commer�ant squatt� lui aussi par ces parasites au grand dam des commer�ants �tablis. L� aussi, une foule compacte, attir�e par les prix en cette veille de l�A�d, fait ses achats � m�me le trottoir. Il faut vraiment jouer du coude pour pouvoir passer ; les vols � la tire se multiplient, on cherche d�sesp�r�ment son portefeuille pour payer un article et on s�aper�oit la mort dans l��me qu�il a disparu sans que l�on se rendre compte. Derri�re le th��tre, en plein centre-ville, des v�tements sont �tal�s sur les trottoires et m�me sur la chauss�e, juste devant des magasins chics proposant les m�mes articles. Derri�re le cours de la R�volution, c�est pratiquement la m�me chose et si �a continue, on ne s��tonnera pas qu�un de ces jours, on trouvera ces vendeurs proposer leurs marchandises dans la cour de la wilaya. Cette anarchie rampante est une menace s�rieuse pour l�Etat et l�ordre �tabli, il faudra que les pouvoirs publics interviennent de mani�re �nergique et ferme pour mettre fin � tout cela.