Comme tout le monde veut rendre ses enfants heureux, alors on ne compte pas. Béjaïa, un jour d'octobre mais pas n'importe quel jour: le 27e du Ramadhan, un des jours qui précèdent l'Aïd. La ville grouille de monde. On s'affaire. L'Aïd est là. Le mois de Ramadhan s'en va. Pas tout a fait! Ces derniers jours s'apparentent à une véritable épreuve tout aussi difficile à passer que le Ramadhan lui-même et ce ne sont pas les prix affichés qui vont nous démentir. Toutes ces belles choses excitent la joie des enfants, à l'image de tout le reste d'ailleurs. On augmente tout et de plusieurs crans. Pour les enfants, la fête de l'Aïd est synonyme de joie, de plaisir et surtout de gâterie. C'est pourquoi, ils attendent cet événement avec impatience. D'ailleurs, on le dit bien entre adultes: «L'Aïd c'est la fête des enfants». Ce sont eux qui seront gâtés le plus aussi bien par le père que par la mère, avant ou après l'Aïd. Ils deviennent le centre des préoccupations. Entre les gâteaux préparés avec beaucoup de soins par leur maman, les jouets choisis chez le vendeur installé au coin de la rue et les beaux habits achetés pour l'occasion, c'est suffisant pour faire d'un enfant, fille ou garçon, l'être le plus heureux sur terre. Et comme tout le monde veut rendre ses enfants heureux, alors on ne compte pas. On dépense pour satisfaire les caprices. Les parents vivent en revanche et sans rechigner un véritable cauchemar. La fin du mois de Ramadhan est l'ultime saignée. La viande à 550DA le kg, des légumes dont la pomme de terre à elle seule coûte 70DA, les courgettes à 60DA, les haricots à 60DA, les desserts qui s'éloignent de la portée de tous. Toutes les économies sont englouties. Et alors qu'on a toutes les peines du monde à assurer une rentrée scolaire plus au moins digne et un mois sacré confortable, voilà que se présente une fête aux défis multiples. Les gâteaux sans lesquels l'Aïd ne serait pas une fête sont les premiers accessoires à saigner la famille. S'agissant de la réception de parents et de proches, la femme ne lésine guère sur les moyens pour accorder un accueil chaleureux. La farine à 35DA, les cacahuètes à 230DA le kg les noix de coco à 170DA le kg, en plus des différents sucres, de la margarine, de la vanille et des arômes, la liste fait frémir et donne des sueurs froides. Une fois la ménagère satisfaite c'est au tour des enfants, qu'il ne faut surtout pas décevoir. Le grand-père et la grand-mère sont là pour veiller à ce que les enfants aient leurs habits neufs. Il faut un million de centimes pour habiller ses trois enfants si toutefois on ne fait pas face aux exigences du genre: la marque. Le repas de l'Aïd a aussi son prix. Bref, entre les économies englouties dans leur totalité et l'endentement impératif pour certains, le tour est joué pour le père de famille. Dur d'être père! Une sentence unanimement répétée.