Sans perdre de temps, le pr�sident am�ricain rassure sa base avec Samuel Alito, un candidat � l'oppos� de son choix pr�c�dent, Harriet Miers. George W. Bush n'est pas homme � faire deux fois la m�me erreur. Son nouveau choix pour si�ger � la Cour supr�me montre qu'il a retenu la le�on du fiasco essuy� avec la nomination de sa collaboratrice Harriet Miers, contrainte de se retirer jeudi dernier. Samuel Alito a tout de l'anti-Miers : un juge bard� d'exp�riences et consid�r� par les mouvements conservateurs comme l'un des leurs. Son surnom, �Scalito�, en fait un �mule du juge Antonin Scalia, l'un des plus radicaux � si�ger � � vie �, dans la plus haute juridiction am�ricaine. Le pr�sident l'a pr�sent� hier en tout d�but de matin�e, avant m�me que les radios et les t�l�visions eussent repris leur litanie sur la mauvaise passe que traverse la Maison-Blanche, avec le retrait de Miers et l'inculpation de Lewis Libby, le directeur de cabinet du vice-pr�sident Dick Cheney, pour �parjure� et �obstruction � la justice�. George Bush a mis en avant �l'exp�rience extraordinairement �tendue� de Samuel Alito, plus vaste �qu'aucun pr�tendant � la Cour supr�me depuis 70 ans�. Il s'est dit convaincu que le S�nat, auquel incombe le processus de confirmation, �sera impressionn� par son parcours remarquable, son temp�rament judiciaire mesur� et sa consid�rable int�grit� personnelle�. L'objectif est clairement de renouveler le coup de ma�tre r�alis� le mois dernier avec la nomination de John Roberts comme pr�sident de la Cour. Mais ce n'est pas un Bush des grands jours qui est mont� au front hier : le pr�sident est apparu fatigu�, le ton monocorde et l'�locution hach�e, portant les stigmates des �preuves pass�es, et le poids de celles � venir. La nouvelle bataille qui s'annonce ne devrait pas pi�tiner longtemps sur les comp�tences du candidat, mais elle aura une dimension id�ologique, coutumi�re dans des d�cisions qui engagent le droit et les m�urs de la soci�t� am�ricaine pour des d�cennies. Les d�mocrates ont d�nonc� le choix d'un homme �trop radical pour le peuple am�ricain�, n'excluant pas de recourir � l'arme du flibustier, une man�uvre qui permet de bloquer une d�cision au S�nat en prolongeant ind�finiment le d�bat. A l'inverse, les groupes de pression qui avaient men� la cabale contre Harriet Miers se sont r�jouis de la s�lection de Samuel Alito, qui figurait sur la liste de leurs favoris. �C'est un conservateur bon teint, l'opposition aura du mal � le d�peindre comme un extr�miste�, assure Gary Bauer du mouvement pour les Valeurs am�ricaines. Hier, l'int�ress� s'est engag� � �prot�ger les droits constitutionnels de chaque Am�ricain avec soin et retenue�, mais il s'est bien gard� d'entrer dans les d�tails de sa �philosophie judiciaire�, qui recouvre ses valeurs morales et ses opinions politiques. A son cr�dit, on lui pr�te de brillants talents de juriste, conjugu�s � une bonhomie et � un go�t du consensus qui adoucissent son c�t� �Scalito�. D�sormais, la classe politique et les m�dias vont �plucher toutes ses d�cisions, ses moindres commentaires et d�clarations, � l'aff�t d'un d�rapage qui pourrait lui co�ter le poste. L'enjeu est sensible : en rempla�ant Sandra Day O'Connor, d�missionnaire, il pourrait faire basculer la Cour � droite sur des sujets aussi disput�s que l'avortement, la discrimination positive ou la peine de mort.