Avec cette succession de revers, le patron de la maison-Blanche, dont le proche entourage est désormais inquiété par la justice, aura toutes les peines du monde à redorer son blason. Faisant cavalier seul pendant les précédentes années dans le domaine de la prise de décision, George Bush subit maintenant un retour de manivelle des plus fulgurants. Déjà malmené par l'opposition démocrate avec l'augmentation quotidienne de la liste des soldats morts en Irak, le président US a encaissé des coups politiques majeurs affectant sa politique étrangère, l'économie et la justice, alors que sa cote de popularité était déjà tombée à un niveau de baisse record. Depuis une semaine, le président US ne cesse d'accumuler les défaites. Affaibli déjà par les fortes critiques sur la mauvaise gestion au niveau fédéral des secours après les passages des cyclones au sud des Etats-Unis, il a été mis groggy par l'obligation qui lui a été faite de retirer la candidature de son avocate personnelle, Harriet Miers, à un poste de membre de la Cour suprême. Le knock-out (K.-O.) est venu avec l'inculpation du directeur de cabinet de son vice-président, Dick Cheney, vendredi passé. Ce coup est le plus difficile à supporter en raison du poids du numéro deux de la Maison-Blanche dans la gestion des dossiers sensibles. Pour les observateurs, Dick Cheney est le véritable maître à bord. Même si les Américains ont déjà une opinion négative de ce dernier, il n'en demeure pas moins que son sort est très important pour l'avenir de George Bush. Le fait qu'il soit directement mêlé à cette affaire de divulgation de l'identité d'un agent de la CIA, laquelle est liée au dossier de la guerre en Irak, rajoute à l'impopularité de l'administration Bush. Le vice-président est considéré comme le responsable des décisions prises en solo et en secret dans le bureau ovale sur les questions cruciales notamment. C'est le point de vue du colonel Lawrence Wilkerson, bras droit du l'ex-secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, Colin Powell, pendant 16 ans, qui estime que les deux hommes paient maintenant les conséquences des décisions qu'ils prenaient seuls jusque-là. L'annonce des profits faramineux des compagnies pétrolières, ramènent au devant de la scène médiatique “tout le problème des prix de l'essence à la pompe et des liens de Bush et Cheney avec l'industrie pétrolière”, comme le souligne Eric Davis, professeur de sciences politiques à l'université de Middlebury dans le Vermont. Cette série d'évènements négatifs pour l'administration Bush fait dire à Thomas E Mann, chercheur en sciences politiques à l'institution Brookings que “l'impression que le parti républicain au pouvoir est caractérisé par la corruption, le copinage et l'abus de pouvoir”. La situation est qualifiée de tellement catastrophique que Bush “n'a plus beaucoup de capital politique à dépenser en ce moment”, conclut un autre observateur. K. ABDELKAMEL