La prestigieuse et luxueuse salle du mus�e Baccarat situ� dans le XVIe arrondissement de Paris a abrit�, mercredi soir, une �mouvante c�r�monie de remise du �Prix Reporters sans fronti�res Fondation de France� � laquelle ont particip� d��minentes personnalit�s politiques et m�diatiques parmi lesquelles, Emma Bonino, d�put�e europ�enne, Juan Luis Cebrian, Pdg du Pais et du groupe Prisa en Espagne ; Fernando Castello, pr�sident international de RSF ; Bertrand Dufourcq, pr�sident de la Fondation de France ; Florence Aubenas, journaliste ex-otage en Irak ; Raul Rivero, po�te et journaliste cubain fondateur de l�agence Cuba Press, r�fugi� en Espagne. Au cours de cette c�r�monie � laquelle �tait invit�e Fatiha Benchicou, l��pouse de notre confr�re, le secr�taire g�n�ral de Reporters sans fronti�res, Robert M�nard, a tenu � rendre un vibrant hommage � Mohamed Benchicou �emprisonn� depuis juin 2004 pour avoir exprim� ses opinions�. �Je me suis engag� � d�noncer l�emprisonnement de Mohamed Benchicou chaque fois que j�ai l�occasion de prendre la parole publiquement. Je le fais ce soir et je continuerai � le faire�, a-t-il dit � l�assistance. Plusieurs confr�res ont exprim� � cette occasion leur soutien � Mohamed Benchicou et ont demand� � son �pouse de lui transmettre leurs sentiments solidaires. Le laur�at du Prix Reporters sans fronti�res Fondation de France de cette ann�e 2005 est le journaliste chinois Zhao Yan, collaborateur du quotidien am�ricain New York Times et ancien reporter du magazine La R�forme en Chine. Accus� de �divulgation de secrets d�Etat� et de �fraude�, Zhao Yan est d�tenu sans proc�s depuis le 17 septembre 2004 � P�kin. Il risque la peine de mort. Depuis sa cr�ation, le Prix Reporters sans fronti�res Fondation de France a �t� d�cern� � : Zlatko Dizdarevic (Bosnie-Herz�govine - 1992), Wang Juntao (Chine - 1993), Andr� Sibomana (Rwanda - 1994), Christina Anyanwu (Nigeria - 1995), Isik Yurt�u (Turquie - 1996), Ra�l Rivero (Cuba - 1997), Nizar Nayyouf (Syrie - 1998), San San Nweh (Birmanie - 1999), Carmen Gurruchaga (Espagne - 2000), Reza Alijani (Iran - 2001), Grigory Pasko (Russie - 2002), Ali Lmrabet (Maroc - 2003) et Hafnaoui Ghoul (Alg�rie - 2004). D�claration Au moment o� le monde c�l�bre le 57e anniversaire de la D�claration universelle des droits de l�homme, l�Alg�rie, sous r�gime de l��tat d�urgence depuis 13 ann�es d�cr�t� � l�origine pour lutter contre le terrorisme, affiche un tableau des plus inqui�tants en la mati�re. Cette situation atteste d�une volont� politique av�r�e de r�tablir un pouvoir autoritariste, ferm� et n�gateur des libert�s. Un retour sommaire sur l�ann�e qui s�ach�ve montre un recul effarant de la libert� d�expression et la libert� de la presse, malgr� les d�n�gations du r�gime relay� par les responsables de l�instance officielle charg�e de la �protection� et de la �promotion� des droits de l�homme : - r�pression f�roce des �meutes qui secouent de mani�re cyclique de nombreuses r�gions du pays : de jeunes citoyens qui, faute de canaux de m�diation et de dialogue, recourent � l��meute pour protester contre la d�gradation de leurs conditions de vie, sont arr�t�s par dizaines, conduits devant les tribunaux et souvent condamn�s � la prison ferme; - interdiction de fait des syndicats autonomes. L�entrave � la libert� syndicale est men�e de front avec l�intimidation et le harc�lement judiciaire des repr�sentants de ces syndicats; - arrestations dans les rangs de partis politiques d�opposition reconnus : plusieurs militants de ces partis sont actuellement poursuivis en justice, � travers le pays, pour activit� �ill�gale�, c�est-�-dire pour �d�lit� d�opposition � la politique gouvernementale; - d�tention au d�but de l�ann�e de 17 personnes � Gharda�a, suite � un mouvement de contestation pacifique et mise sous mandat d�arr�t de 5 d�entre elles; - arrestation en novembre de 2 militants des droits de l�homme; - 14 journalistes menac�s de prison, suite � des condamnations fermes prononc�s � leur encontre par les seuls tribunal et cour d�Alger. La liste de journalistes condamn�s � la prison ferme, inaugur�e en avril dernier, risque de s�allonger au vu du durcissement de l�attitude du r�gime � l��gard de la presse priv�e; - des dizaines de proc�dures judiciaires sont actuellement en cours pour d�lit de presse � l�encontre des journaux priv�s. Mohamed Benchicou condamn� � 2 ans de prison et enferm� � El- Harrach depuis le 14 juin 2004 totalise � lui seul une trentaine de proc�s pour diffamation connus � ce jour, alors m�me que le journal Le Matinqu�il dirige est ferm� par d�cision administrative depuis juillet 2004. A ces mesures d�tourn�es et destin�es � installer la peur et la censure en induisant les r�flexes d�autocensure chez le journaliste s�ajoute le harc�lement multiforme dirig� par les potentats locaux contre les correspondants de presse dans les r�gions d�Alg�rie. Ce bilan qui reste � compl�ter montre une d�t�rioration patente des conditions d�exercice des droits et les libert�s citoyennes, en d�pit des d�clarations r�it�r�es par les gouvernants quant au respect de ces m�mes droits et libert�s. Il l�ve un peu plus le voile sur une v�ritable strat�gie de la tension visant le retour au parti et � la pens�e uniques au moyen de la domestication des partis politiques, du quadrillage policier de la soci�t� civile et de la confiscation et l��touffement des libert�s publiques. Devant la mont�e de p�rils et les d�rives attentatoires � l�ordre constitutionnel, le Comit� Benchicou pour les libert�s continue sans rel�che � r�clamer : 1- l�arr�t du harc�lement judiciaire et policier des journalistes; 2- la lib�ration de Mohamed Benchicou, s�questr� � El- Harrach et priv� de soins m�dicaux appropri�s. Cette lib�ration s�impose d�autant plus que le statut de d�tenu d�opinion est reconnu � Mohamed Benchicou par des ONG internationales ind�pendantes et m�me par des officiels alg�riens; 3- l�abolition des dispositions du code p�nal pr�voyant des peines de prison et de fortes amendes pour diffamation : l�article 144 bis introduit par l�amendement au code p�nal de 2001 constituant une entrave majeure � l�exercice de la profession de journaliste; 4- l�adoption d�une loi qui promeut la libert� de la presse et prot�ge le journaliste dans l�exercice de son m�tier telle qu�il en existe dans les r�gimes d�mocratiques, en remplacement de l�actuel code de l�information. Il appelle tout particuli�rement les pouvoirs publics � : 1- lever l�interdiction sur les manifestations pacifiques et les entraves � l�organisation autonome de la soci�t� civile; 2- mettre un terme � la r�pression polici�re des militants des droits de l�homme ainsi qu�aux intimidations et arrestations des militants politiques et syndicalistes; 3- cesser les violations des droits et des libert�s constitutionnellement consacr�s et se conformer aux engagements internationaux de l�Etat alg�rien relatifs au respect et � la promotion des droits de l�homme. Par ailleurs, le Comit� Benchicou pour les libert�s en appelle aux instances onusiennes, en particulier au Comit� des droits de l�homme charg� de surveiller la mise en �uvre des dispositions du pacte international relatif aux droits civils et politiques pour exiger des pouvoirs publics alg�riens le respect de l�article 19.2 dudit pacte ratifi�, auquel l�Alg�rie est partie depuis 1989. A cet effet, il joint sa voix aux militants des droits de l�homme au Maghreb et dans le monde pour la mise en place, par l�ONU, d�un m�canisme clair permettant une �valuation r�guli�re en mati�re de respect, par les �tats, de leurs engagements internationaux li�s aux droits humains. Alger le 9 d�cembre 2005 Comit� Benchicou pour les libert�s