Le 15e prix Reporters sans frontières —Fondation de France récompensant un journaliste, un média, une organisation de défense de la liberté de la presse et un cyberdissident — a été remis mardi soir lors d'une cérémonie à l'espace EDF Electra. Le prix Journaliste a été attribué au Birman U Win Tin, emprisonné depuis 17 ans. U Win Tin, âgé de 77 ans, a été condamné à vingt ans de prison pour « subversion » et « propagande antigouvernementale » en 1989. U Win Tin a été l'un des conseillers en politique du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, elle aussi privée de liberté. Le prix Défenseur de la liberté de la presse a été attribué à l'association Journaliste en danger basée à Kinshasa, fondée en 1997 par les journalistes Donat M'Baya Tshimanga et Tshivis Tshivis. Le prix Média est revenu à l'hebdomadaire russe Novaïa Gazeta pour lequel travaillait Anna Politkovskaïa, assassinée à Moscou le 7 octobre 2006. Novaïa Gazeta est connu pour ses enquêtes qui dénoncent régulièrement la corruption de l'administration russe. Le prix Cyberdissident, créé depuis deux ans, a été attribué au Cubain Guillermo Farinas Hernandez, directeur de l'agence de presse indépendante Cubanacan Press. Celui-ci avait entamé, en février 2006, une grève de la faim et de la soif pour demander que tous les Cubains aient accès à un « internet libre ». La cérémonie de remise des prix a été précédée d'un hommage à Gébrane Tuéni, le PDG du quotidien An-Nahar, assassiné à Beyrouth le 12 décembre 2005 dans un attentat à la voiture piégée. Pour rendre hommage au PDG d'An-Nahar, la danseuse Yalda Younès a interprété une œuvre chorégraphique et musicale Non, écrite par Zad Moultaka à la mémoire du journaliste libanais, Samir Kassir, assassiné le 2 juin 2006. Le secrétaire général de Reporters sans frontières, Robert Ménard, a rappelé que 110 professionnels des médias ont été tués en 2006, dont 78 journalistes. « Ils ont été tués pour nous informer. » Et 139 autres journalistes sont emprisonnés, ainsi que 60 cyberdissidents. S'adressant à la salle, Robert Ménard ajoutera : « Vous pouvez, en Occident, être exaspérés par des journalistes qui ne font pas bien leur travail, il y a des pays où les journalistes ne peuvent pas exercer leur métier. Emprisonner un journaliste, c'est empêcher une parole libre ». Et de rappeler que le prix Reporters sans frontières est important, car « il permet de saluer le courage de journalistes, de médias, il honore et il est efficace, car il aide à la libération de journalistes emprisonnés ». Le directeur général de la Fondation de France, Francis Charron, a estimé pour sa part que « s'il y a quelque chose qui tue, c'est le silence ». Paris De notre bureau