L�hommage rendu, vendredi soir � la salle El Mougar � Alger, � l�endroit de cheikh El Hadj M�hamed El Anka, fera certainement date si l�en on juge par l�originalit� dont ont fait preuve les organisateurs. La comm�moration s�est distingu�e, en effet, par une touche de fra�cheur sur le plateau offrant ainsi la chance � de nouvelles figures d��merger tant qu�elles se pr�valent de suivre les bris�es d�El Anka et pourquoi pas ne pas �tre les continuatrices d�une tradition ayant pris naissance � La Casbah. Des noms de chanteurs que, d�usage, on ne peut les voir sur sc�ne � l�occasion d�un tel �v�nement, mais que le minist�re de la Culture et Noureddine Benatia, directeur de la culture de Mostaganem, ont d�cid� autrement pour dire que cheikh M�hamed El Anka est un legs national dont tout un chacun a droit de lui rendre hommage � sa mani�re. Et de quelle mani�re puisque la c�r�monie a �t� port�e � sa plus haute valeur par des artistes, qui non seulement se sont astreints � reproduire fid�lement le r�pertoire du ma�tre, mais l�ont fait �galement de fort belle mani�re. Ainsi, le bal a �t� ouvert par la troupe de l�ONCI qui a ex�cut� une danse traditionnelle alg�roise. La troupe polyphonique Nagham lui succ�dera et interpr�tera � l�unisson des chants du patrimoine lyrique national tels Sidi Abderrahmane ou Ya Dzayer. Toutefois, le public, venu nombreux, attendait f�brilement les prestations musicales purement cha�bies o� le mandole et son mirifique l�emporte sur tout autre instrument � connotation moderniste. Alors que le po�te Yacine Ouabed d�clamait c�r�monieusement des rimes compos�es dans la langue purement alg�roie dont Ya hasrah alik ya eddenia qu�avait repris magistralement le regrett� Kamel Messaoudi, l�orchestre s�attelait � s�installer derri�re le rideau. Mais quelle fut la surprise du parterre quand il verra une pl�iade de musiciens issus des deux g�n�rations. Il y avait ceux qui ont accompagn� El Anka, � l�image de Mustapha Kasdali, Sidi Ali Metidji et Mohamed Tahar, et ceux qui ne l�ont connu qu�� travers les enregistrements. Le pr�sentateur Hamidou annoncera qu�ils sont venus de dix-huit wilayas pour tenir, sous la direction de Mebarek Dekhla, le la aux interpr�tes qui se succ�deront tour � tour. Apr�s une touchia ghirb, c�est Djamel Cha�b d�Alger qui chantera une qacida ch�re � El Anka, intitul�e Rabbi �la el mlih yedebbar. Il sera suivi de Mohamed Hebir�che de Ksar El Boukhari qui interpr�tera Ya el hadhra zidou Besselat. Hocine Driss qui n�est autre que le neveu de Hachemi Guerouabi et Mourad Sediri de B�ja�a se d�marqueront en changeant de registre. Ils se lanceront dans l�interpr�tation de po�sies de type bachique du grand po�te marocain Djillali Mtired qu�on appelle les saqiate. Ya saqi koub ouara et Rah ellil ou �lem el f�djer susciteront un favorable �cho chez l�assistance qui appr�ciera le punch mais surtout la justesse dans la voix des deux artistes. Le clou de la soir�e �tait � l��vidence Mustapha Belahc�ne, un pur imitateur d�El Anka, venu de Relizane. Pour le plaisir du public, il puisera du r�pertoire d�El-Anka une chanson tr�s pris�e par celuici. Elle a pour titre : Qoulou ellaymi(dites � mon bl�meur) du po�te marocain Mohamed Benali. Mustapha Belahc�ne aura l�insigne honneur de cl�turer la soir�e avec une s�rie de chants pan�gyriques dans le mode rhaoui. En signe de reconnaissance du m�rite quant � leur cons�cration � l�art lyrique national, cinq anciens musiciens dont Mustapha Kasdali, Ali Metidji, Mohamed Tahar ont re�u une distinction de la part de Khalida Toumi, ministre de la Culture. C�est dire que la m�moire de cheikh El Hadj M�hamed El Anka a �t� grandement c�l�br�e pour que nul n�oublie sa pers�v�rance et son abn�gation qui ont fait asseoir sur son pi�destal un genre musical devenu l�gitimement un patrimoine national for�ant l�administration de tous.