Une double évocation nationale pour cet inoubliable artiste de talent. Un hommage appuyé sera rendu au grand maître de la chanson chaâbie, Hadj M'hamed El Anka. D'abord à Mostaganem sur initiative du ministère de la Culture, durant ce week-end et demain sous l'égide de l'association El Ankaouia qui prévoit un plateau d'animation assez conséquent demain soir, vendredi dans la grande salle de l'hôtel Hilton où se produiront en plus d'Al Hadi El Anka, son fils, Chercham, Bourdib et Nadia Benyoucef, notamment. Deux spectacles pour célébrer le 24ème anniversaire de sa disparition. En effet, les deux soirées seront animées par un bouquet d'artistes qui s'emploieront à déployer pour l'occasion une rétrospective de l'oeuvre d'El Hadj El Anka. Un maître modele qui a initié de nombreux chanteurs et continue à inspirer d'autres artistes, notamment des écrivains. C'est que ce maître, qui est plus qu'un enseignement musical, constitue toute une culture et une époque. L'association El Ankaouia est représentée actuellement parmi l'éventail de ses adeptes par les Bourdib, Ferdjallah, Tamache, Kouane pour ne citer que ceux -là. Ces derniers sont des disciples directs du maître à l'image ou reconnus pour s'être inspirés de l'aura du maître à l'image de Djamel Chaïel ou encore Mustapha Belahcène de Relizane. Pour asseoir les particularités de ses interprétations, Hadj El Anka, avait subi dit-on l'influence de l'un des maîtres incontestés de l'école chaâbie mostaganemoise, chikh Belkacem Oul Saïd, qui lui était contemporain. L'événement organisé ainsi à Mostaganem, révèle le directeur de la culture M.Nouredine Benatia, proposera également au programme deux conférences, l'une pour retracer la vie d'El Hadj El Anka que proposera M.Abdelkader Bendaâmache, écrivain et adepte du chaâbi ayant longtemps animé une émission radiophonique en ce sens, l'autre conférence sera animée par M. Halim Tobal, musicologue de Médéa qui évoquera la poésie populaire melhoun et son statut de creuset des paroles interprétées par le maître El Anka. Aussi, à cette manifestation, il est prévue la participation de nombreux artistes qui viendront de Skikda, Annaba, Médéa, Béjaïa, Blida, Alger, Chlef, Tizi Ouzou et Tipaza. El-hmam, Soubhane ellah yaltif, sont autant de textes poétiques que le génie créateur a immortalisés. La grande innovation apportée par El Hadj El Anka, demeure incontestablement la note de fraîcheur introduite dans une musique réputée monovocale qui ne répondait plus au goût du jour. Son jeu instrumental devient plus pétillant, allégé de sa nonchalance. Sa manière de mettre la mélodie au service du verbe était tout simplement unique. A titre indicatif, El Hadj El Anka a interprété près de 360 poésies (qaçaïdes) et produit environ 130 disques. Après Columbia, il réalise avec Algériaphone une dizaine de 78 tours en 1932 et une autre dizaine avec Polyphone. Après plus de cinquante ans au service de l'art, El Anka animera jusqu'à l'aube les deux dernières soirées de sa carrière en 1976, à Cherchell, pour le mariage du petit-fils de son maître cheikh Mustapha Nador, et en 1977, à El Biar, chez des familles qui lui étaient très attachées. Il mourut le 23 novembre 1978 à Alger, et fut enterré au cimetière d'El Kettar.