Arriv�e en t�te du premier tour de l��lection pr�sidentielle chilienne ( 46% de voix), la candidate socialiste Michelle Bachelet a un parcours qui se confond avec l�histoire du Chili. Voil� une femme dont le p�re, le g�n�ral de l�arm�e de l�air, rest� fid�le au pr�sident Allende, est arr�t� apr�s le coup d��tat de septembre 1973, avant de d�c�der sous la torture. Elle-m�me est arr�t�e en janvier 1975, d�tenue durant un mois avant d��tre lib�r�e et de s�exiler en Allemagne de l�Est o� elle poursuit des �tudes de m�decine. De retour au Chili en 1979, interdite de travail pour �raisons politiques�, Michelle Bachelet, qui se sp�cialisera en p�diatrie, travaille dans une ONG assistant les enfants de victimes de la dictature de Pinochet. Mais c�est durant la transition d�mocratique des ann�es 90 que Michelle Bachelet, militante du Parti socialiste chilien, se lance dans la politique. Ministre de la Sant� en 2000, puis premi�re femme en Am�rique latine � occuper le poste de ministre de la D�fense en 2002, elle parvient avec succ�s � r�concilier l�arm�e et les d�mocrates. Le 15 janvier, face au candidat de la droite conservatrice, on saura si Michelle Bachelet confirmera ou non le r�sultat obtenu lors du premier tour de la pr�sidentielle. Pour autant, cette �lection pr�sidentielle chilienne est symptomatique de l��volution politique du continent sud-am�ricain. L�Am�rique latine est en train de virer � gauche apr�s avoir �t� marqu�e durant les ann�es 90 par des mod�les politiques n�o-lib�raux impos�s par le FMI sous la pression active des Etats-Unis. Certains pays comme l�Argentine se sont trouv�s au bord du gouffre en 2001 pour avoir appliqu� � la lettre les consignes du FMI. �Sur les conseils, bien mal avis�s d�ailleurs, des �conomistes lib�raux, les Argentins ont privatis� tout, et le reste�, constate ironiquement Jacques Sapir, directeur d��tudes � l�Ecole des hautes �tudes en sciences sociales et directeur du centre d��tudes des modes d�industrialisation. �Comme il �tait facile � l�automne 1998 de donner l�Argentine en exemple�, ajoute-t-il avant d�accuser �tous ceux qui ont maintenu les Argentins dans la croyance en cette politique suicidaire� de porter �la responsabilit� du drame que ce pays conna�t�. R�sultat : en d�cembre 2001, les �meutes de la faim chassent le pr�sident argentin Fernando de la Rua. Le Br�sil, �galement, a failli �tre emport� par le vent n�olib�ral. Premier signe de cette �volution anti-lib�rale dans le continent sud-am�ricain � voir ma chronique dans Le Soir du 10 novembre � le Sommet des Am�riques de Mar del Plata o� la zone de libre-�change pr�n�e par Washington s�est vu opposer une fin de non-recevoir par les pays du Mercosur (Br�sil, Argentine, Uruguay, Paraguay) et le Venezuela. Second signe et non moins d�cisif, la s�rie des �lections actuelles ou � venir qui confirment cette tendance. La Bolivie, o� le candidat de gauche, Evo Morale, est en t�te des sondages, risque de basculer � gauche dimanche prochain. Le Mexique, principal alli� des Etats-Unis, risque �galement de virer en juillet prochain : l�ancien maire de Mexico, Manuel Lopez Obrador, candidat du Parti de la r�volution d�mocratique, caracole en t�te des sondages. Enfin, au Nicaragua, les sandinistes de Daniel Ortega semblent bien partis pour retrouver le pouvoir. Quant � Hugo Chavez, candidat � sa propre succession en d�cembre prochain, et dont l�influence s��tend � toute l�Am�rique latine, rien pour l�heure ne peut emp�cher sa r��lection. Voil� donc le continent sud-am�ricain s��mancipant de la tutelle des Etats-Unis. Cette �volution va sans doute modifier � terme la donne politique mondiale � un moment o� nombreux sont ceux qui ne craignent pas d�affirmer qu�il n�y a pas d�alternative � la mondialisation n�o-lib�rale. H. Z. RECTIF. George Fr�che est pr�sident du conseil g�n�ral de l�H�rault et non du Var comme c��tait �crit dans ma chronique de jeudi pass�.