En remportant dimanche dernier l��lection pr�sidentielle chilienne, la socialiste Michelle Bachelet devient par la m�me occasion la premi�re femme �lue de l�histoire de l�Am�rique latine. Dans ce pays, sorti d�une dictature sanglante, l��lection d�une candidate de gauche dont le p�re, le g�n�ral Bachelet, est mort sous la torture sous le r�gime de Pinochet, met en valeur deux faits �troitement li�s : les id�es de gauche, de d�mocratie, de libert� et de progr�s social sont indissociables des id�es de modernit�. Certes, Michelle Bachelet n�est pas une r�volutionnaire. Si elle se r�clame des id�aux de feu le pr�sident Allende, elle d�fend des options �conomiques d�inspiration social-d�mocrate bien �loign�es de celles qui ont valu � Allende la haine des r�actionnaires chiliens et des Etats-Unis d�alors. Mais, contrairement � son rival dans la course � la pr�sidentielle, le candidat de la droite conservatrice Sebastian Pinera, c�est le fait de pr�ner un plus grand engagement de l�Etat en mati�re de politique sociale, comme celui de maintenir � 100% sous le contr�le de l'Etat la compagnie nationale d'exploitation du cuivre, la Codelco, qui a fait son succ�s et qui lui a valu le soutien des plus d�munis, des communistes et de la gauche progressiste. Car le cuivre repr�sente la principale source de devises du Chili. En somme, elle est plus proche id�ologiquement du pr�sident de gauche br�silien Lula que du pr�sident bolivien Evo Morales ou de Hugo Chavez. Evo Morales, �lu d�s le premier tour en Bolivie, n�a pas b�n�fici� en Europe et en Am�rique du Nord de la m�me m�diatisation que Michelle Bachelet. Non parce que c�est un homme, mais pour avoir os� afficher ses amiti�s avec Chavez et Fidel Castro, deux hommes honnis par l�Occident capitaliste et ses m�dias. Et pour avoir affich� son intention de nationaliser le gaz et le p�trole. Ce qui d�pla�t �videmment aux multinationales anglo-saxonnes. En effet, la privatisation actuelle ne rapporte que 18% des recettes d�hydrocarbures, une nationalisation lui donnerait la ma�trise de ses richesses. Suivre donc l�exemple d�Hugo Chavez, qui a fait du p�trole une arme au service du d�veloppement et un moyen pour asseoir son autorit� face � Washington, ne pouvait donc attirer � Evo Morales la sympathie m�diatique occidentale. Quant � Hugo Chavez, r��lu d�mocratiquement � deux reprises, malgr� des m�dias � notamment les t�l�s priv�es v�n�zu�liennes � hostiles � sa politique sociale en faveur des plus d�munis, voil� qu�il est accus� d�antis�mitisme par ces m�mes m�dias relay�s par leurs confr�res europ�ens et am�ricains et des organismes li�s � Isra�l et � la droite conservatrice prosioniste am�ricaine. Derri�re cette campagne insidieuse se cache en r�alit� la crainte de voir l�Am�rique latine basculer � gauche. Apr�s avoir fait l�exp�rience am�re des politiques ultralib�rales pr�n�es par le FMI, les Sud-Am�ricains souhaitent le retour de l�Etat dans la gestion sociale et �conomique et la fin du pillage de leurs richesses naturelles par les firmes �trang�res. Dans au moins cinq pays sud-am�ricains, dont le Mexique, les candidats de gauche sont donn�s favoris par les sondages. De ce fait, l��lection de Mme Bachelet au Chili traduit une orientation progressiste en train de gagner tout le continent sud-am�ricain. En comparaison avec l�Am�rique latine �voluant vers plus de d�mocratie et de progr�s social, le monde arabe stagne et d�cline. Les rapports du Pnud 2003 et 2004, et ce sera le cas sans doute pour celui de 2005, l�ont d�j� relev�. La cause de cette stagnation et de ce d�clin r�side dans l�absence de d�mocratie et de libert�s. Dans des pays o� l�autoritarisme et l�intol�rance religieuse ont force de loi, aucun progr�s social et culturel n�est possible. Alors cessons de nous gargariser avec le glorieux pass� arabo-islamique de nos pays et suivons l�exemple latino-am�ricain.