Le Maroc tente de solder son pass� r�pressif. L�Instance Equit� et R�conciliation (IER), institu�e par le roi Mohammed VI en novembre 2003 pour enqu�ter sur les violations des droits de l�homme entre 1956 et 1999, vient de remettre son rapport au souverain marocain. L�IER a recens� pr�s de 20 000 t�moignages et a identifi� 9 799 cas de violations ayant entra�n� la mort de 592 personnes dont 322 abattues lors des �meutes de Casablanca en 1981. Un chiffre qu�a aussit�t contest� l�AMDH (Association marocaine des droits de l�homme) qui parle d�au moins trois mille morts. Bien qu�il ait �t� fait obligation aux t�moins de ne pas divulguer l�identit� des responsables de ces exactions dont certains occupent encore des responsabilit�s dans l�appareil d�Etat marocain, il va de soi que ce rapport met en cause le r�gne de feu Hassan II. Selon le pr�sident de l�IER, Driss Benzekri, qui a pass� 16 ans dans les ge�les du royaume, �la responsabilit� de l�Etat est �tablie et �vidente dans les violations des droits de l�homme et rien ne peut l�excuser�. Il a donc demand� � l�Etat de pr�senter ses excuses aux victimes. Une chose est s�re : l�enqu�te men�e par l�IER avec auditions publiques et retransmises en direct par la t�l�vision marocaine a eu des �chos certains dans l�opinion publique. Des t�moins ont d�crit les s�vices inflig�s durant leur d�tention. Des charniers ont �t� d�couverts, dont celui de Casablanca o� une centaine de corps des massacres de juin 1981 ont �t� exhum�s. Le Maroc a fait ainsi un retour douloureux mais salutaire sur un pass� r�cent. Pour autant, il n�en fallait pas plus pour que certains organes de presse marocains trouvent en la personne de l�ancien ministre de l�Int�rieur, Driss Basri, le bouc �missaire id�al et demandent qu�il soit traduit en justice, notamment, pour les massacres de Casablanca et de Fes en juin 1981. �Les graves violations des droits de l�homme commises entre 1956 et 1999 ne sont pas le fait d�une poign�e d�individus�, expliquait justement, le 26 d�cembre 2004, Driss El-Yazimi, membre de l�IER et ancien vice-pr�sident de la FIDH. �Nous avons estim�, ajoutait-il, que la responsabilit� institutionnelle primait sur la responsabilit� individuelle.� En effet, c�est bien le r�gime incarn� par feu le roi Hassan II qui est incrimin� et non son seul ministre de l�Int�rieur et ses services. Quelle que soit la suite que compte r�server � ce rapport le roi Mohammed VI, il faut bien admettre qu�en exhumant un pass� sanglant � bien des �gards, le Maroc cherche � tourner une page noire de son histoire. D�autant qu�un tel travail de m�moire devrait contribuer, selon ses auteurs, � asseoir la culture des droits de l�homme et de la d�mocratie. D�j�, les droits de l�homme sont enseign�s dans les �coles du royaume et la pratique de la torture est d�sormais passible de prison ferme. Mais est-ce � dire que ce pays a gagn� en libert� et en d�mocratie ? Comparativement au r�gne de Hassan II, le Maroc d�aujourd�hui jouit d�une plus grande libert� de ton. La presse, surtout arabophone, aborde des sujets tabous. La question de savoir si le Maroc doit �tre une monarchie parlementaire la�que � l�espagnole ou une monarchie de droit divin est l�objet d�un d�bat public. Le Journal-Hebdo a publi� un dossier sp�cial sur �le Maroc poubelle de la CIA� avec cet article sur qui �contr�le les services de renseignements� du royaume. Toutefois, tout n�est pas lib�r� du tabou. Il en est ainsi du dossier publi� par l�hebdomadaire arabophone, El Ayam, sur l�histoire du harem de Mohammed V � Hassan II. Le fait que ce journal ait indiqu� que Mohammed VI avait �coup� avec l��re du harem� n�a pas emp�ch� son directeur et la journaliste, auteur du dossier, d��tre poursuivis pour �diffusion de fausses informations�. On retiendra pour notre part que l�hebdomadaire n�a �t� ni saisi ni interdit !