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ESCALADE DE LA POLEMIQUE DANS L'AFFAIRE DES CARICATURES Entre la libert� d�expression, le tabou et le sacr�
De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed
Les 55 millions de Fran�ais non musulmans doivent-ils se conformer aux interdits musulmans, s�est interrog� Serge Faubert, r�dacteur en chef du quotidien France Soir, dont le directeur g�n�ral a �t� limog� mercredi soir par le propri�taire du journal, apr�s que ce titre eut relay� les douze caricatures publi�es par le quotidien danois conservateur Jyllands- Posten, sous le titre �Les douze visages de Mahomet� et dont l�une repr�sente la t�te du Proph�te surmont�e d�un turban en forme de bombe. Une v�ritable temp�te a suivi ce qui est qualifi� ici �d�affaire des caricatures�. Si au d�but, dans l�Hexagone, seul France Soir avait repris ces dessins, face � l�escalade de l�affaire, en signe de solidarit� et au nom de la libert� d�expression, le quotidien Lib�ration, qui a consacr� six pages dans son �dition d�hier (vendredi) � cette affaire, a fait de m�me en relayant deux dessins (les moins choquants, selon eux) et l�hebdomadaire satirique Charlie Hebdo annonce qu�il fera de m�me la semaine prochaine. Ce choix n�a pas �t� simple, explique le journal Lib�ration qui se d�fend de reprendre � son compte les dessins incrimin�s qualifi�s �d�un niveau m�diocre tant sur le fond que sur la forme�. Mais, explique le quotidien fran�ais, �la force de la d�mocratie et de la libert� c�est de laisser s�exprimer, dans le respect de la loi, m�me leurs ennemis. Ce n�est pas cautionner ces derniers, loin s�en faut, que de rappeler ce principe dans un monde qui tente de le brider chaque jour un peu plus�. Si certains r�agissent contre la reprise de ces dessins � cause de l�amalgame qui est fait dans ces caricatures entre islam et terrorisme, d�autres, plus radicaux, expriment leur col�re en mettant en avant l�interdiction faite par l�islam de la repr�sentation du proph�te, sous quelque forme que ce soit. Face � la mont�e en puissance de la grogne et de l�escalade de la pol�mique, la France officielle s�est exprim�e par un communiqu� dans lequel elle rappelle : �La France est un pays de respect et de tol�rance attach� � la libert� d�expression. Elle condamne tout ce qui blesse les individus dans leurs croyances ou leurs convictions religieuses.� Cette prise de position, r�v�latrice pour le moins de l�embarras cr�� par cette affaire, se voulait m�nager les uns et les autres et �viter que les int�r�ts fran�ais dans les pays musulmans ne soient une cible. C�est rat� ! Le Centre culturel fran�ais � Gaza a �t� la cible, dans la nuit de jeudi � vendredi, d�une bombe et il n�est pas dit que d�autres actes ne viennent toucher les int�r�ts de l�Hexagone. Les derni�res r�actions officielles fran�aises qui se veulent apaisantes ne transigent � aucun moment sur le fondement m�me de la R�publique et la d�mocratie. Le ministre des AE, Douste-Blazy, d�clarait vendredi : �Il n�est pas normal de caricaturer l�ensemble d�une religion � un mouvement extr�miste, voire terroriste.� Et de poursuivre : �Un principe fondateur de la R�publique c�est la libert� d�expression, mais dans un cadre, une limite, celui des lois de la R�publique.� Quant au ministre de l�Int�rieur, Nicolas Sarkozy, qui est en m�me temps ministre des Cultes, il d�clarait jeudi sur LCI : �Autant que faire se peut, il faut �viter de blesser les convictions et les personnes� Mais je pr�f�re qu�on prenne le risque de blesser que le risque de la censure.� Proc�d� m�prisable et v�ritable provocation, a jug� Dalil Boubakeur jeudi sur les ondes de radio et cha�nes TV. Le recteur de la Grande Mosqu�e avait d�j� exprim� son indignation la veille dans un communiqu� que �les caricatures danoises apportent ainsi des �l�ments suppl�mentaires � tous ceux, de tous bords, qui ne travaillent que pour aggraver les fractures entre l�islam et l�Occident� et conclut que �la Grande Mosqu�e de Paris condamne fermement toute atteinte inqualifiable du respect que m�rite toute croyance quelle qu�elle soit de par le monde�. Dalil Boubakeur a re�u jeudi, � sa demande, l�ambassadeur du Danemark en France qui lui a remis une copie de la lettre de regrets en arabe pr�sent�e officiellement par le Premier ministre danois et une lettre d�excuses pr�sent�e par le directeur de la r�daction du quotidien danois Jyllands-Posten. Les repr�sentants des autres communaut�s religieuses ont r�agi officiellement en se positionnant, comme il fallait s�y attendre, contre la publication de ces caricatures. Le grand rabbin de France a d�clar� �partager la col�re des musulmans et comprendre les r�actions d�hostilit� dans le monde musulman�. Pour le rabbin, �on ne gagne rien � rabaisser les religions, � les humilier et � en faire des caricatures�. Le droit � la satire, selon lui, �s�arr�te d�s qu�il est une provocation ou un m�pris de l�autre�. Du c�t� des catholiques, leur responsable des relations avec l�islam, le p�re J.Marie Gaudeul, a r�agi en rappelant : �Notre soci�t� est b�tie sur le respect de l�autre. Le d�saccord peut construire, la d�rision tue.�