Derri�re les mots et les formules fielleuses ponctuant la querelle entre le FLN et le RND se profile, en d�pit des apparences, le divorce politique dans cette union � trois. M�me si le �tiers parti� qu�est le MSP se garde bien de rajouter sa louche de m�contentement, il n�en pense pas moins. La situation est donc in�dite pour le chef de l�Etat qui ne peut que prendre acte de ces diff�rends et admettre que le gouvernement concoct� sur la base des soutiens �lectoraux a v�cu. A 36 mois de la fin de son mandat, cet �chec politique perturbe bien plus qu�on ne le croit ses plans et le contraint � agir dans l�urgence. Mais comment y rem�diera-t-il ? Face au forcing du FLN, affichant clairement sa l�gitimit� de courant majoritaire, quelle attitude adopter ? Dans le m�me temps, comment retenir par la manche du �qamis� les islamistes organiques qui s�appr�tent � d�serter ? Quant au RND, dont il sait qu�il est un relais docile mais inapte au �placard�, il lui faudra trouver la bonne alchimie pour le garder dans sa proximit� tout en r�duisant son influence. L�embarras est de taille, car ces partis, tout en ne reniant pas leur all�geance, souhaiteraient quand m�me entrer en campagne pour 2007 sans le handicap des bilans de l�action gouvernementale. L�originalit� d�une telle d�marche, d�j� exprim�e � demi-mot par le premier dirigeant du MSP et n�anmoins ministre d�Etat, est qu�elle vise � surexposer le pr�sident de la R�publique. En somme, ils ne voudraient plus jouer aux fusibles de l�ex�cutif qui �pargnent traditionnellement le chef de l�Etat en assumant l�essentiel des contre-performances. Ce besoin de s�exon�rer dans la perspective des renouvellements des mandats ne signifie pas pour autant une quelconque �mancipation, si tant est que celle-ci doit se traduire par leur entr�e en opposition. Car il n� y a pas plus �tranger � la culture fonci�re dans ces appareils que d�agir et militer contre les pouvoirs en place. Cependant, ils estiment que dans certaines circonstances (�lections obligent), ils peuvent postuler � quelques franchises lib�ratoires et user par cons�quent de leur droit � la critique. C�est ce que font le FLN et le MSP, avec des tonalit�s diff�rentes, des cibles s�par�es, mais pour les m�mes raisons. Mais c�est �tonnamment le parti qui se reconna�t avant tout dans la d�marche du chef de l�Etat qui sonne la charge la plus lourde contre le gouvernement. En entrant en conflit avec le locataire de la chefferie, Belkhadem fait certes valoir le leadership, mal r�compens�, de son parti ; mais dans le m�me temps, il insiste lourdement sur son �offre de service� au nom de cette pr��minence et de l�esprit de �famille� politique. Hors du FLN point de salut, laisse-t-il entendre. Or, comment celui-ci appr�cie- t-il cette bruyante surench�re dont il aurait aim� faire l��conomie � ce tournant capital de son mandat ? L�hypoth�se d�un changement de gouvernement, faisant de moins en moins de doutes, acceptera-t-il de se plier � la seule logique parlementaire ? C'est-�-dire designer un Premier ministre issu du FLN et lui affecter les portefeuilles minist�riels les plus gratifiants. A premi�re vue, la formule para�t simple, coh�rente et surtout efficace en termes de rapports entre l�ex�cutif et le l�gislatif. Mais peut-�tre n�est-elle pas la bonne, � l��talon des enjeux futurs. R�put� pour sa m�fiance des �t�te-�-t�te� qui alt�rent sa libert� de man�uvre, il ne voudra, � aucun prix, donner l�impression de d�pendre d�un seul appareil, f�t-il le mieux huil�. En sept ans de pouvoir, il a suffisamment d�montr� qu�il excellait dans les subtils dosages trans-partisans et qu�il savait brider de tels conglom�rats. En effet, n�a-t-il pas fait cohabiter le FLN et El Islah, le RCD et le MSP, le RND et le PRA, avant de circonscrire son �ventail � la tro�ka, aujourd�hui � l�agonie ? Qu�il soit convaincu que certaines �alliances� ne sont pas forc�ment de bons alliages politiques, ne le convertira pas de sit�t � l�exclusivit� d�un partenaire unique. Il pourra m�me faire l�inverse, rendre leurs libert�s � tous les partis et d�cider ensuite de former un gouvernement de technocrates sans �tiquettes si ce n�est celle d�ob�ir � sa f�rule et de �manager� les affaires publiques. En soi, cette probabilit� sera, pour lui, la fa�on la plus chirurgicale pour mettre un terme � un conflit d�int�r�t et r�sorber le d�ficit de gouvernance qui en r�sulta. Pour peu qu�il envisage encore de se projeter au-del� de 2009, il devra, d�une part, am�liorer ses bilans en s�appuyant uniquement sur des comp�tences technocratiques et, d�autre part, soustraire aux influences id�ologiques sa r�vision constitutionnelle qui doit baliser la possibilit� de se repr�senter. Majoritaires ou minoritaires dans les assembl�es �lues, les partis de l�ex-alliance n�auront alors d�autres alternatives que de s�accommoder de cette reconfiguration de l�ex�cutif qui n�ob�ira plus aux contingences et aux compromis d�appareils. Par voie de cons�quence, le chef de l�Etat pourra imposer � ses soutiens une dialectique autre, qu�il voudra entretenir avec eux, en les �cartant de la gestion directe des affaires. En leur sugg�rant d�appr�hender son rapport avec les partis d�une mani�re diff�rente de celle du pass�, il lui sera loisible de ne plus �tre leur otage. La d�monopolisation du �premier cercle� de l�ex�cutif d�o� les chapelles auront �t� chass�es pourrait, pourquoi pas, r�activer une certaine culture du militantisme partisan qui, jusque-l�, �tait suspect�e de n��tre qu�une course aux privil�ges. Sans contrepartie ni promesse, le FLN et le RND, entre autres, devront alors apporter la preuve au Parlement qu�ils sont r�ellement en phase avec le pr�sident m�me quand ils ne participent plus directement aux affaires publiques. Autrement dit, c�est � eux de confirmer les choix qu�ils ont faits en 1999 et 2004 et pas � lui de se reconna�tre en eux ! Demain, ils devront, par exemple, voter la confiance � un gouvernement dont ils furent exclus ; et ce n�est pas le moindre des paradoxes auxquels ils seront expos�s, eux qui souhaitaient se d�marquer des bilans m�diocres de la gestion. Ainsi, le sc�nario de la libert� octroy�e ne les rendra pas pour autant autonomes dans la critique ni affranchis de leurs responsabilit�s ant�rieures. Le FLN, notamment, ne pourra pas assumer la strat�gie � l�origine de son congr�s des redresseurs. Il n�a pas, non plus, la facult� de se d�fausser de sa pr�sence au gouvernement et l�impasse � laquelle a abouti cette cohabitation. Le pr�sident de la R�publique sera assur�ment le premier � le lui rappeler et � imputer le dysfonctionnement de l�ex�cutif � l�exacerbation des app�tits de ce parti. Plus globalement, il justifiera la mise � l��cart de tous les partis par la persistance des int�r�ts �troits des uns et des autres. Des trois courants en cause, le FLN sera celui qui aura plus � perdre de l�implosion de cette coalition. D�abord, parce qu�il a li� son destin � celui du chef de l�Etat et ne pourra que l�accompagner m�me en temps de disgr�ce ; ensuite, parce que des �lections dans ces circonstances ne peuvent que p�naliser ceux qui ont engag� des combats douteux. L�imprudence de Belkhadem qui, depuis la maladie de Bouteflika, n�a pas cess� de donner des coups de canif dans le deal de l�alliance, peut parfaitement susciter la circonspection chez le chef de l�Etat. Le travail de sape auquel il s�est pr�t� a s�rement d�sar�onn� Ouyahia, mais il n�y a pas la moindre certitude que l�arbitrage final lui soit favorable. Bouteflika, ayant en horreur ceux qui veulent lui imposer de nouvelles r�gles, pourquoi ne pas envisager qu�il ira jusqu'� tenir en suspicion m�me ses plus fid�les alli�s. Cette commission �ad hoc� dont le FLN s�est r�cemment dot� pour �contr�ler l�action du gouvernement� et ce groupe d�experts mis en place pour plancher sur la r�vision constitutionnelle ne rel�vent-ils pas de la plus d�testable des initiatives ? En peu de mots, c�est un activisme partisan qu�appr�cie mod�r�ment la pr�sidence. A juste titre, El Mouradia doit trouver curieux qu�un appareil aux ordres s�amuse � se substituer au magist�re exclusif du chef de l�Etat et surtout qu�il pr�tende faire des �propositions� dans un domaine r�serv� n�engageant que le pr�sident et le peuple. L�entourage de Bouteflika a suffisamment de raisons pour estimer que la machine � propagande de Belkhdem en �fait trop�, comme on dit trivialement. M�me le fait d�avoir apport� en dot le FLN au pr�sident ne conf�re pas aux g�n�reux donateurs une immunit� pour s�agiter en son nom. A vouloir lui forcer la main, Bouteflika sera-t-il enclin � �conduire cette encombrante famille politique ? Rien n�est s�r, mais tout concourt � ce qu�il solde en gros et dans le d�tail cette �alliance�, devenue un boulet.