Le FLN qui installe Ali Benflis, le RND qui fortifie ses positions, le MSP qui avertit l'opposition, et le RCD qui part déjà en campagne..., la classe politique s'emballe à 8 mois des prochaines élections législatives dans une nouvelle configuration... La prise de contrôle du FLN par Benflis et son équipe a résonné comme un starter aux oreilles des autres formations politiques qui, après une période d'observation, amorcent une précampagne électorale. Le FLN, version Benflis, s'est promis de retrouver ses bases politiques qui font de lui le doyen des formations politiques actuelles dans une reconquête qui se ferait progressivement. Benflis sachant que la récupération de l'assise électorale du FLN, notamment dans les villes, ne se fera pas du jour au lendemain. Le plus troublant est que Ahmed Ouyahia pratique le même optimisme au sein d'un RND qui n'en finit pas de se restructurer. Ouyahia estimant que le RND demeure le parti majoritairement fort et que la perspective des élections de 2002 va lui fournir l'occasion de conforter sa position. Or, deux options semblent ouvertes pour les deux hommes forts des deux partis qui ambitionnent d'être la locomotive des prochaines élections. Soit, le FLN remanié et le RND renforcé décident d'entrer en confrontation pour négocier au mieux les élections législatives et mener, chacun de son côté, une politique individualiste et autonome sans prendre en considération toute alliance électorale ou liste commune. Soit, les deux partis vont raffermir leurs liens, encouragés par les bonnes relations qu'entretiennent Benflis et Ouyahia (ce qui n'était pas le cas entre ce dernier et Benhamouda), et s'unir dans un partage équitable des rôles. Apparemment, c'est cette idée de partage qui semble la plus soutenue au sein des états-majors des deux formations. Un pacte tacite unit déjà le RND et le FLN, dans le sens où une coalition nationaliste et républicaine, pour faire barrage à l'islamisme, est déjà en gestation. Cette alliance politique, avant d'être électorale, pourrait servir au mieux les intérêts du Président Bouteflika qui pourrait ainsi s'appuyer sur deux bases solides. Cette alliance serait servie par un partage des sièges dans la future assemblée parlementaire selon un système de «quota». Le FLN concéderait au RND de ne plus aborder le thème délicat de la fraude électorale de 1997 et réciproquement, le RND laisserait le soin au FLN de prendre la tête de cette alliance, quitte à engranger plus de sièges à la future APN. Ce scénario inquiète déjà l'opposition, en premier lieu islamiste, puisque le MSP de Mahfoud Nahnah anticipe le système de «quota» qui serait en préparation et qui impliquerait des élections faussées. Si pour le RND et le FLN, ce partage serait le fruit d'une collaboration sur le terrain électoral (soutien et unicité des listes), pour les islamistes du MSP, c'est un partage illégal, appuyé par la fraude qui serait concoctée. Abderezak Mokri, le chef du groupe parlementaire du MSP, évoque même l'existence d'informations, sinon de preuves sur un projet de partage de ce quota électoral en arguant que le pouvoir, en rejetant les propositions de son mouvement sur la nouvelle loi électorale, «veut éviter des surprises électorales». Les accusations de Mokri sont assez graves pour ne pas présager un durcissement politique entre les nationalo-républicains et les islamistes dans les prochaines semaines. Tendances toutes présentes au sein de la coalition. Dans cette confrontation, le pôle démocratique est, encore une fois, aux abonnés absents si ce n'est l'agitation électoraliste du RCD. Saïd Sadi a, en effet, traversé la wilaya de Bouira, cette fin de semaine, pour distiller les axes de sa nouvelle stratégie électorale et récolter des sympathies dans la logique du mouvement des ârchs qui ne veut pas se structurer en mouvement politique. Les prochaines semaines seront, à tout point de vue, marquées par cette affaire des quotas ainsi que par les débats sur la loi électorale qui risquent de rebondir, surtout si celle qui sera adoptée avantage la coalition RND-FLN qui se dessine.