Annaba, ou La Coquette, comme se plaisent � l�appeler affectueusement tous ceux qui l�aiment, est en train de perdre de son aura et de tout ce qui faisait son charme. Cette �petite grande� ville, qui s��tale au bord de la M�diterran�e, est aujourd�hui ceintur�e par une cha�ne de bidonvilles qui la d�figurent et qui en m�me temps l�emprisonnent. Des favelas o� les conditions de vie les plus �l�mentaires sont inexistantes et o� une population nombreuse venue des localit�s ou des wilayas voisines, attir�e par la perspective d�un emploi bien r�mun�r� ou une vie meilleure, s�est entass�e pendant ces derni�res ann�es. Des habitations faites de mat�riaux hybrides, des baraques construites en une nuit et qui se dressent le lendemain d�j� occup�e par une famille qu�il est aussi impossible de d�loger. Ce foisonnement de bicoques a envahi des sites inconstructibles ou r�serv�s � l�expansion de la ville. Des terrains occup�s ill�galement et qui de nos jours posent un s�rieux probl�me pour les diff�rents programmes de r�alisation de logements dont Annaba a vraiment besoin. A Sidi-Harb I, II, III et IV, � Bedari, Oued-Ennil, H�djar- Eddis, Bouza�roura ou Boukhadra (que les gens continuent � appeler Bouhamra par d�fi � l�administration), c�est le m�me topo, des bidonvilles o� vivent des milliers de n�o-citadins dans des conditions tr�s pr�caires et o� les risques d��pid�mies ou d�accidents sont tr�s pr�sents. Ce sont des baraques de t�le ondul�e avec des parois faites de divers mat�riaux, de terre s�ch�e ou de bois vermoulu qui commencent � suinter � la moindre goutte de pluie ; il faut dire que Annaba est tr�s bien �servie� en pr�cipitations atmosph�riques, les fr�quentes inondations en hiver en sont la preuve irr�futable. Pas d'�clairage public, ni gaz, ni eau courante, pas de syst�me d'�vacuation des eaux us�es, chiens, chats, vaches et autres bestioles se �baladent� de jour comme de nuit. Des immondices partout drainant des nuages de moustiques qui s�y repaissent et constituent des foyers potentiels de d�veloppement de maladies de toutes sortes. Des fils �lectriques hiss�s sur des poteaux de fortune finissent leur course dans ces baraques o� la nuit une faible lumi�re �claire timidement la maisonn�e. Un bidonville est par d�finition une agglom�ration excentr�e mais, � Annaba, il en existe deux intra muros, l�un datant d�avant l�Ind�pendance et situ� pr�s de la Tabacoop et, l�autre, � la salle omnisports o� une cinquantaine de familles sont group�es et vivent dans des conditions insupportables. Les derni�res statistiques officielles, arr�t�es � la date du 31 d�cembre 2005, font �tat de 19 645 constructions pr�caires dont 6 141 dites v�tustes ou vieux b�ti et 13 324 baraques des bidonvilles. Entre-temps, d�autres baraques ont pouss�. Sachant qu�un recensement a �t� fait et donc qu�il y a possibilit� d�acc�der � un logement, d�autres familles se sont install�es et �a continue. 6 669 de ces habitations pr�caires ont �t� prises en charge, les 6 655 qui restent attendront encore puisque les programmes inscrits ont d�j� �t� affect�s. Ainsi, sur les 24 491 logements � r�aliser, 19 545 sont en cours et ont �t� r�partis sous diff�rentes formules : logement social locatif (5 988), logement social participatif (2 497) logement location- vente (2 682), logement promotionnel (2 337) et logement rural (6 041). Pour l�ann�e 2006, il est pr�vu le lancement de 4 946 unit�s, les livraisons seront deux fois sup�rieures puisqu�elles seront de l�ordre de 9 806 logements. Le 4 du mois courant, lors d�un regroupement r�gional des cadres de son d�partement en poste dans six wilayas de l�Est (Annaba, Guelma, Skikda, T�bessa, Souk-Ahras et El-Tarf), Mohamed Nadir Hamimid, apr�s avoir suivi les rapports pr�sent�s par les directeurs du logement et des �quipements publics (DLEP) s��tait inqui�t� que le nombre de logements r�alis�s � Annaba �tait r�duit en comparaison � ceux livr�s les ann�es pr�c�dentes et que le taux des cr�dits consomm�s a consid�rablement baiss�. Le wali, pr�sent durant la s�ance de travail, �tait alors intervenu pour expliquer qu�il y a � Annaba un gros probl�me de foncier et qu�une commission interminist�rielle s��tait d�plac�e dans cette wilaya pour r�gler d�finitivement le probl�me et affecter des terrains qui serviront d�assiette aux programmes de logements qui certainement conna�tront un meilleur taux de r�alisation. Une autre commission de wilaya, institu�e pour la r�gularisation des actes de propri�t� des lotissements destin�s aux activit�s r�sidentielles, se r�unit r�guli�rement pour le traitement des dossiers. Ces milliers de logements qui vont �tre r�alis�s ne r�glent pas pour autant le probl�me des bidonvilles � Annaba, puisque tous rel�vent de formules o� l�acqu�reur devra apporter sa contribution, dont le montant se situe entre 20 et 30 millions de centimes. Le logement social locatif tend � dispara�tre : de 4 140 lanc�s en 2005 il passe � z�ro en 2006. Les habitants des bidonvilles sont pauvres et vivent en dessous du seuil de pauvret�, ils sont ch�meurs pour la plupart et vivent au jour le jour. Il faudrait donc une v�ritable politique sp�cifique de la ville qui prendrait en compte les couches d�favoris�es pour les int�grer dans le d�veloppement socio�conomique de fa�on � cr�er un ensemble harmonieux o� les in�galit�s sociales seront r�duites. Autrement, les choses se d�graderont encore plus. Tout le monde sait que l�explosion sociale et les affrontements prennent naissance dans les bidonvilles avant de s��tendre et faire tache d�huile.