Bien que la commune d'Annaba se targue d'être parmi les communes les plus riches et coquettes de l'Algérie, puisqu'elle recèle en son sein d'immenses potentialités tant touristiques qu'économiques conjuguées à un budget de l'Etat colossal, elle semble quand même incapable de sortir de l'auberge tant la situation se dégrade chaque jour un peu plus. Le constat est amer. Des dizaines de décisions spectaculaires ont été annoncées des années durant concernant l'éradication de l'habitat précaire et le relogement des populations vivant dans les taudis qui pullulent au chef-lieu de la commune d'Annaba. Le dernier recensement fait état de 19 465 habitations précaires, soit 19% du parc immobilier de 124 359 logements, dont Sidi Harb détient le plus grand nombre. Sidi Harb, cet immense bidonville se compose de 4 secteurs: 1,2,3 et 4. Des centaines de baraques éparpillées ça et là sur toute la montagne de Sidi Harb, située à la lisière de l'autoroute reliant Annaba-Centre à la nouvelle-Ville jusqu'à l'université de Sidi-Achour, en passant par les Allemands et El Fakharines, qui a fait couler jusqu'à ce jour beaucoup d'encre, notamment en ce qui concerne le projet de 500 logements évolutifs. Un projet bloqué depuis six bonnes années pour cause de dépassement de budget pour lequel un crédit de la Banque mondiale a été octroyé et qui reste en souffrance pour des raisons inexpliquées. Seuls 55% du projet ont été réalisés, soit 273 unités. Le reste, Sidi Harb 1 devra attendre. Sidi Harb 2, n'est pas plus fortuné, lui aussi devra attendre le compte-gouttes de la livraison des 100 logts ruraux retenus sur les 1000 inscrits et dont le chantier a été lancé récemment. Les habitants de Sidi Harb 3 devront conjuguer le verbe attendre pendant que ceux de Sidi Harb 4, eux, chantent «j'attendrai» de Dalida, cela pour conforter leurs coeurs. Puisque aucun changement n'a été perceptible, au contraire ces baraques dont le nombre ne cesse d'augmenter du fait de la passivité des autorités ne peut signifier que précarité qui dure et perdure et qui est un phénomène légal qui s'impose comme un paysage incontournable et confère tant à l'environnement une image hideuse qu'au prestige touristique d'Annaba une mauvaise réputation. Un bidonville, centre des maux, vecteur de tous les vices Ainsi, ce bidonville grandeur nature tient le haut du podium des quartiers défavorisés d'une part, et est le principal centre des maux vecteur de tous les vices par excellence, notamment la prostitution, le trafic de stupéfiants et la délinquance juvénile d'autre part. Ainsi, et en raison de l'absence fort remarquée des conditions élémentaires de vie, les habitants de Sidi Harb, essentiellement du secteur 4, situé à un mètre de la clinique Abou-Marouan, sont menacés par toutes les maladies, notamment celles générées par l'incinérateur de cette établissement sanitaire qui dégage la fumée d'organes humains incinérés et autres déchets provoquant aussi d'autres pathologies d'origines microbiennes, parfois même inconnues. Sur place, le constat est effarant. Des dizaines d'enfants atteints d'asthme, de gale et d'autres ma-ladies, comme cette fille, Dalila, opérée récemment du menton suite à une piqûre d'insecte attiré par la stagnation des eaux usées. Les cas se comptent par dizaines. Autres dangers guettant ces habitants, l'éboulement de roches et de rocailles survenu lors de la forte pluie de la semaine écoulée qui avait mis en danger la vie des habitants de ces baraques construites au pied de la montagne. Si cette situation dure et perdure dans la commune d'Annaba, parce que les responsables qui se sont succédés à la tête de l'Hôtel de ville ont tous contribué à l'apparition des phénomènes liés à l'implantation des baraques et la prolifération des bidonvilles, et par conséquent la dégradation des conditions de vie par manque d'AEP, de réseau d'assainissement ainsi que de l'électricité. Promesses après promesses, tous les élus ont toléré soit par clientélisme, soit par régionalisme la municipalisation des baraques. Certains qui ont réglé «la commission» rubis sur ongle, ont profité et se sont vus attribuer des F3 et F4, même si leur séjour n'avait pas dépassé les trois mois! En revanche, d'autres, moins épaulés, végètent encore sous les tôles ondulées, et il est utile de signaler que parmi ces soi-disant sinistrés figurent des proches des élus et responsables locaux. Cela fait 20 ans, voire même plus, que les pouvoirs publics n'ont de cesse de lancer des projets d'envergure afin d'éradiquer les habitations précaires et les bidonvilles et ce, par l'octroi de logements à caractère social, mais le résultat reste le même, pour ne pas dire en dessous des espérances. L'écart entre l'offre et la demande se creuse d'année en année. Les personnes relogées cèdent leurs baraques à d'autres pour des sommes variant entre 8000 et 12.000 DA. Pour les autres qui débarquent la nuit pour se fixer quelque temps, une demande similaire leur permet d'accéder à un logement et ainsi de suite. Ces nouveaux arrivants à Annaba sont majoritairement des femmes venues des wilayas voisines notamment, Souk Ahras, Tébessa et Guelma, travaillant à 90% d'entre elles dans des boîtes de nuit et s'installent sur conseils des unes et des autres déjà forgées dans le domaine. Reste une petite minorité de familles parties vers Annaba cherchant le sédentarisme dans les bidonvilles de cette commune qui croule sous le poids de la précarité. Ils sont venus s'installer à Annaba pour voir «Cour Bartagne, Gambetta et Chapi», comme ils les nomment. Cet état de fait s'ajoute à la situation de chômage déjà très aigu. Entre précarité et chômage, Annaba étouffe Cette plaie du chômage touche 65% des jeunes de la commune d'Annaba, diplômés ou pas, pour qui l'horizon semble incertain et peu enclin à leur offrir des opportunités. Les contrats de pré-emploi sont infimes pour ne pas dire limités et ne touchent que 25% des chômeurs. Face à la forte demande de contrats de pré-emploi, l'Agence de l'emploi a du mal à atténuer un tant soit peu leur calvaire... Quant au salaire de 7000 DA que les clients du pré-emploi perçoivent à titre symbolique, il est viré sur le compte CCP avec 4 à 6 mois de retard. Cette situation ne peut qu'être un élément de malaise et de désarroi pour cette frange de la société. Les détenteurs de diplômes toutes filières universitaires confondues et TS se demandent pourquoi des responsables nantis et souvent sans diplômes affichent à leur égard un manque de considération, voire même de respect. Les responsables ont été jusqu'à leur proposer un travail temporaire en tant qu'éboueurs de la commune d'Annaba. Une proposition à laquelle ils ont répondu que l'université ne leur a pas délivré de diplômes pour déboucher les égouts ou pour entretenir les vespasiennes publiques. En somme, la situation que vivent les 10.000 chômeurs que compte la commune d'Annaba, et qui ne savent plus à quel saint se vouer, n'est autre qu'une forme de la précarité sociale dans laquelle végète la population annabie. Cette population qui se demande sans cesse, quel crime a-t-elle commis pour que les responsables lui infligent une telle punition. Pourquoi les dépouillent-ils ainsi? Cette grande métropole de l'Algérie, réputée pour sa coquetterie est aujourd'hui abandonnée à la croisée des chemins, victime du laisser-aller de ses chers responsables. Annaba est clochardisée volontairement et légalement par des élus qui n'ont d'égards que pour leurs intérêts et ceux de leurs proches. Pour arriver à leurs fins, ils usent de tous les moyens possibles. Ils sont limités par des mandats et des nominations. Ils n'ont pas le temps de se préoccuper d'une commune meurtrie et trahie par des élus locaux qu'elle a choisis volontairement dans l'espoir de contribuer à son développement. Malheureusement, cela n'est pas le cas, car les différents élus et responsables, aussi bien récents que précédents et à une exception près, ont contribué à la dégradation de l'état général de la commune. Cet état de fait, jusqu'à ce jour, n'a fait que donner une image hideuse d'Annaba, de par la mauvaise gestion, l'abus d'autorité, les détournements ainsi que la dilapidation des deniers publics et autres malversations qui ont valu à cette commune, voire toute la wilaya, la réputation de plaque tournante et où sévit la mafia sous toutes ses formes, allant du foncier qui se vend pour une raison ou une autre à des personnes et personnalités véreuses, jusqu'à l'habitat qui est un marché juteux et la liste reste longue. Tous ces agissements se répercutent sur le quotidien des habitants de la commune, qui, face à leurs problèmes, notamment les plus élémentaires, tels l'environnement, servitudes vitales, réseau routier, logement, éducation, emploi et autres, se demandent à quand la délivrance?