Une image chasse l�autre, le monde n��tant qu�un kal�idoscope de fun�bres tableaux qui laissent impavides les ind�collables des petits �crans du monde. Apr�s le scandale des photos montrant les s�vices commis par des soldats am�ricains dans la prison d�Abou Ghraib, pr�s de Baghdad, voici qu�une vid�o, prise en 2004, donne � voir des soldats britanniques rouant de coups de pied et de coups de matraque de jeunes Irakiens inoffensifs. Diffus�e par l�hebdomadaire News of the World , la vid�o a �t� tenue en suspicion par les autorit�s am�ricaines qui se sont employ�es � dissuader les m�dias de leur pays � la diffuser� On a � peine le temps de se scandaliser que d�autres images sur l�Irak arrivent sur les �crans. De singuliers pogromes (o� tant�t victimes, tant�t bourreaux, les Irakiens trouvent ensemble la mort) � la suite de la destruction partielle du d�me dor� de l�imam chiite El Askari � Samarra. Sous les yeux de la premi�re puissance militaire du monde qui appelle beno�tement sunnites et chiites � la raison ! Une journaliste irakienne et deux de ses coll�gues, le cameraman Khaled Mahmoud Al-Falahi et le preneur de son Adnane Kha�rallah, qui couvraient l��v�nement, ont �t� retrouv�s morts. Correspondants de la cha�ne de t�l�vision Al-Arabiya, ils avaient auparavant assur� plusieurs envois � la cha�ne pour laquelle ils travaillaient, Al Jazira. Il est � craindre que leurs noms s�estompent rapidement des tablettes de l�indignation s�lective. Bahdjat Atwar �tait jeune, belle et professionnelle. Me revient en m�moire une autre �poque de l�Irak, en 1994, sous le r�gne de fer de Saddam Hussein et les affres du blocus. Une journaliste irakienne, non moins belle et comp�tente, �tait r�duite � couper en quatre le papier dont elle disposait, ce n�est pas une image pour des notes sur une rencontre litt�raire o� l�on dissertait avec brio de Barthes et de la critique moderne. Autres temps, autres m�urs, dit-on. En France, le commerce journalistes et pouvoir politique est depuis longtemps r�gi par des lois et des usages hautement polic�s. Au point que les mauvaises langues �voquent la pratique dans la profession du �journalisme de connivence�. Derni�rement, un vieux routier de l�audiovisuel (il fit ses premi�res gammes en journalisme � la radio autochtone, celle du temps de �l�Alg�rie de papa�, selon le mot du g�n�ral de Gaule et fut m�me s�v�rement chahut� au moment du putsch des g�n�raux en 1961) , Jean-Pierre Elkabbach, pr�sident d�Europe 1 � nonobstant d�autres titres � , pour ne pas le nommer, a donn� des sueurs froides � sa r�daction. Il a demand� son avis au ministre de l�Int�rieur et pr�sident de l�UMP, sur l�heureux �lu possible pour la couverture du plus possible futur pr�sident de la Ve R�publique, de source sondagi�re. Devant des journalistes m�dus�s, Elkabbach a r�pliqu� sans rire : �Il est normal de consulter les politiques pour recruter des journalistes pas trop pr�s du pouvoir.� Quelle belle le�on de journalisme ind�pendant. Ses coll�gues alg�riens, dans le public ou le priv�, souvent admiratifs plus qu�� leur tour de l��thique m�diatique d�outre-mer, devraient s�en inspirer, si ce n�est d�j� fait. Et on logerait ainsi moins de confr�res aux frais de la princesse. D�ailleurs, bient�t, les hommes politiques fran�ais n�auront plus besoin de plumitifs accr�dit�s aupr�s d�eux. L�invention et l�usage du blog font fureur dans la gent politique fran�aise. La s�millante S�gol�ne Royal, �la divine surprise� socialiste, l�adversaire inattendu du vibrionnant (c�est l�adjectif ch�ri dans la presse � propos du ministre de l�Int�rieur, comme �brouillon� pour le leader de la Jamahiriya libyenne) Nicholas Sarkozy, est en plein travaux de construction de son site d�nomm� �D�sirs d�avenir�. De quoi rendre jaloux Noir D�sir... En fait, le pr�curseur, l��claireur, droit dans ses bottes, a �t� l�ex-Premier ministre Alain Jupp�. Il faut lui rendre justice au moment o� il se trouve dans les froidures du Qu�bec. Ce fut le premier homme de l�Hexagone � mesurer les avantages � bloguer. Mais nous n�avons pas termin� avec M. Sarkozy, son �nergie �tant in�puisable. Il est m�me parfois farceur : en tapant des mots ou des noms sur des moteurs de recherche internet, par exemple, Jospin, on obtient un lien avec le ministre de l�Int�rieur et des... Cultes. Revenons aux journalistes, si jamais nous nous en sommes �loign�s. Serge Halimi, journaliste du Monde diplomatique et irr�v�rencieux auteur, publie une nouvelle version de son best-seller du Les nouveaux chiens de garde. Il y diss�quait �un petit groupe de journalistes omnipr�sents � et dont le pouvoir est confort� par la loi du silence � impose sa d�finition de l�information-marchandise � une profession de plus en plus fragilis�e par la crainte du ch�mage. Je l��voque parce que je viens de lire sous forme de reproche qu�il accorde rarement un entretien... Pour ma part, il l�avait prestement accept�. C�est moi qui fis d�faut mais je garde toujours sa carte de visite. On ne sait jamais. Au pays, des confr�res ne pourraient �tre rang�s dans cette d�finition � sens unique. Ils restent plut�t fid�les � la maxime de Beaumarchais. Or, �quand on veut plaire dans le monde, il faut se r�soudre � apprendre beaucoup de chose qu�on sait par des gens qui les ignorent�, �crivait le m�morialiste de Louis XIV... Je voulais sortir du th��tre d�ombre de la presse, pour te parler, lecteur, d�un film : Munich. Je ne sais s�il est projet� sur les rares �crans du pays. Spielberg n�est pas un inconnu et son fils, trop vite escamot� par la critique, m�rite amplement le d�tour et la r�flexion. Nous y reviendrons ult�rieurement. L��vocation du dernier opus de l�enfant prodige d�Hollywood nous fait rebondir sur ce �malade d�espoir� de Palestine. Mahmoud Darwich qui vient de faire para�tre chez Actes Sud Ne t�excuse pas dans une traduction d�Elias Sanbar. N��tant pas de la m�me envergure que Darwich, lecteur, je te demanderai de bien vouloir m�excuser de remettre � la prochaine chronique le p�riple dans le drame palestinien selon deux versions bien originales...