Quand l�expert s�applique � d�montrer qu�il y a mieux � faire de la rente p�troli�re qu�� payer par anticipation la dette ext�rieure et qu�au m�me moment une voix politique mart�le que �nous ne faisons pas ce que nous voulons avec notre argent�, nous sommes devant une convergence de propos qui ne doivent rien � la pol�mique ou aux critiques caricaturales, mais bien face � un constat troublant (1). Car c�est l�avenir d�un pays qui se joue � travers des choix financiers d�cisifs et en m�me temps sur la capacit� d�un r�gime � lui assurer une s�curit� �conomique sur le long terme. Mais, nous r�torquera-t-on, �tes-vous s�r que l��conomiste prudent et le politicien offensif parlent du m�me sujet et contestent la m�me d�marche quand ils s�adressent soit au lecteur soit � un auditoire partisan ? Probablement que oui : m�me si leurs mises en garde respectives fonctionnent sur deux registres diff�rents, elles se recoupent sur le bon usage national de cette aisance mat�rielle. Le scepticisme argument� de l�analyste ne d�ment gu�re le diagnostic politique de l�autre. L�Alg�rie ne serait donc qu�un coffre-fort dont dispose si peu le pays mais qui, par contre, permet � �d�autres� de tirer des traites � leur profit. M�me si la formule � l�emporte-pi�ce de Hamrouche appelle � quelques nuances, elle ne dit pas moins que ce que soul�ve l�option du remboursement anticip�. En somme, l�ancien Premier ministre instruit le proc�s du pouvoir � partir non seulement de sa pratique politique, mais �galement de sa tendance f�cheuse � livrer les moyens de paiement du pays � la sp�culation de la finance internationale. Ceci dit, pourquoi �vite-t-on d�examiner soigneusement cette critique et s�empresse-t-on d�aller vers des extrapolations hors de saison ? De celles qui cr�ditent cette personnalit� du d�sir de revenir aux affaires publiques. En effet est-ce vraiment raisonnable de lui pr�ter de si t�t des ambitions de candidat chaque fois qu�il s�exprime ? M�me quand il est admis que ses avis se font effectivement rares � une fois l�an nous le rappelle-t-on � et qu�il a l�originalit� de ne plus appartenir aux ob�diences susceptibles de fabriquer de grands destins, pourquoi continue-t-il � susciter tant d�int�r�ts quand d�autres sont moins bien accompagn�s m�diatiquement ? Y aurait-il par cons�quent un �effet� Hamrouche qui ne laisse personne indiff�rent au point d�incarner abusivement l�unique outsider �jouable� en 2009 ? Lorsqu�elle s�amuse � faire le recensement des t�tes politiques bien faites, la presse d�couvre un maigre cheptel de leaders cr�dibles. Et ce n�est pas pour d�plaire � l�actuel chef de l�Etat si, par insatiabilit� du pouvoir, il voulait succ�der une� deuxi�me fois � lui-m�me. Ni Taleb Ibrahimi, moins encore A�t Ahmed ne se projettent dans l�avenir alors que le �tout-venant� qui peuple les officines aux ordres a peu d��paisseur politique et est d�pourvu de r�f�rences historiques. En un mot de fausses p�pites pour m�riter la R�publique. A 63 ans aujourd�hui, Hamrouche semble justement repr�senter cette insoup�onnable synth�se entre la g�n�ration qui confisqu�t le pouvoir d�s l�ind�pendance et celle de l�apr�s-88, lourdement p�nalis�e par la recomposition du r�gime � la faveur de la menace islamiste qu�il fallait conjurer et contenir durant la d�cennie 1990. Il aurait pour lui un capital de sympathie, aussi bien de la part des cercles occultes, lesquels n�ont jamais disparus, mais �galement du c�t� des fragiles strates de la soci�t� politique qui n�ont pas renonc� � l�id�al d�une nouvelle R�publique. Sch�matiquement, c�est ainsi que se pr�sente le sc�nario avantageux pour lui et sur lequel travaillent les politologues patent�s ; et pas seulement ceux qui sont � l��uvre dans le secret des cabinets noirs. Cependant, le fait que 2009 soit une �ch�ance relativement lointaine et que, de surcro�t, le pr�sident en exercice s�efforce de renvoyer � plus tard les discussions sur la r�vision constitutionnelle, risque de brouiller toutes les martingales �chafaud�es. Qu�est-ce � dire, si ce n�est que Hamrouche ne voudra entrer dans la comp�tition qu�� la seule condition que Bouteflika respecte � la lettre l�actuelle r�gle de deux mandats en rendant les cl�s de l�Etat � l�expiration de sa seconde magistrature. Son intuition politique qui n�est d�ailleurs pas une vaine qualit� lui ayant �pargn� la mascarade de 2004, l�on voit mal comment il changerait d�avis si l�on devait toucher � cette disposition. D�tenteur des droits d�auteur sur le concept �d��lection ferm�e�, avec sa pitoyable manipulation et sa cohorte de li�vres, il faudra plut�t l�attendre sur les propositions qu�il pourra faire pour d�verrouiller le principe constitutionnel de l�alternance. Bien que l�on ait �crit � son sujet et h�tivement qu�il �tait en �r�serve� de la R�publique, c�est tout le contraire dans l�imm�diat, sauf sur l�extr�me �r�serve� qu�il cultive � l�encontre des l�gitimit�s � l�alg�rienne. Ainsi, l�on sait, par d�duction logique, qu�il n�y aura jamais de face-�-face Bouteflika-Hamrouche, puisqu�un tel challenge est la n�gation m�me de son combat. Par ailleurs, le r�formateur qu�il s�efforce de le demeurer pourrait bien s�accommoder de quelques tutelles invisibles, qui auraient la main l�g�re sur le processus. Celui qui permettrait au �jeu� de s�accomplir pour le grand bien de la p�dagogie d�mocratique. Lui qui sait d�o� il vient et qui ne renie rien de ses paternit�s anciennes souhaite, quelque part, moderniser les modalit�s de l�adoubement par la multiplication des tickets d�entr�e aux imp�trants. Il en est donc � cette exigence minimale qui ne le diff�rencie gu�re d�un Taleb Ibrahimi mais l��loigne des credo fondateurs du FFS. Opposant �soft� au syst�me, il fait paradoxalement plus peur au pouvoir que les radicaux dont celui-l� a les moyens de marginaliser. C�est que lui parlerait, presque, de l�int�rieur du syst�me au point que lorsqu�il fustige vertement la gouvernance cela fait des vagues. Ainsi son propos occasionne bien plus de d�g�ts qu�on ne le croit dans les �quilibres du pouvoir. Il est quand m�me significatif que ce soit le MSP qui sollicite aujourd�hui ses lumi�res sur la �comp�tition �lectorale�. Parti de l�alliance au pouvoir dont il a sa part de responsabilit� dans le laminage des libert�s publiques, c�est � Hamrouche qu�il demande comment les r�habiliter ! Or, son diagnostic est d�un alarmisme confondant au point o� le pouvoir ne peut se contenter de l�ignorer comme il a l�habitude de cultiver le m�pris pour les voix contraires. Hamrouche, h�te d�une aile du pouvoir, c�est presque un �ami qui vous veut du bien� et qui vient vous mettre en garde contre une certaine pente du despotisme. Indiscutablement son langage ne peut que d�sar�onner un pouvoir solitaire qui sera, d�s l�an prochain, expos� � la n�cessaire �preuve des bilans. Apr�s huit ann�es et � miparcours de sa seconde mandature, les comptes et les m�comptes s�imposeront et pas seulement de mani�re unilat�rale. Lui prend donc une courte avance sur ce rendez-vous des �lections g�n�rales et pour rendre ses oracles plus �muscl�s�, il ne prend justement aucune pr�caution discursive. En r�sum�, il vient de censurer le pouvoir en soulignant qu�il a pitoyablement �chou� en d�pit de bonnes conjonctures �conomiques et m�me politiquement, il a fait �deux fois plus faux� que ceux qui l�ont pr�c�d� en 1992. �L�Alg�rie a �chou� dans son multipartisme et dans son adaptation � la mondialisation�, dira-t- il, et de rench�rir : �L�on a ajout� des impasses � ceux qui existaient d�j�.� Que ceux auxquels �taient destin�s ces reproches trouvent mati�re � ergoter, non pas leur bien-fond� mais sur leur auteur n�est pas surprenant. Hamrouche, diront-ils, est un inconsolable recal� politique qui prend sa revanche comme il peut en jouant notamment � l�inquisiteur. Ils ne se priveront pas de faire des parall�les comme lui n�a pas manqu� d�en tracer au cours de sa d�monstration comparative. Alors ils brocarderont sa posture de r�formateur archa�que qui, en son temps, a laiss� filer tant de dossiers et eut la l�g�ret� de jouer � la roulette russe avec les lendemains du pays. C�est quand m�me de lui qu�est venu cette culture du poker quand il d�cr�ta ��a passe ou �a casse� ! Il est vrai que pour m�moire, l�on sait que c�est avec lui que le cauchemar islamiste � commencer, mais l�on ne peut d�douaner tous ses successeurs, jusqu'� ceux en place actuellement, pour toutes les capitulations de l�Etat. Diagnostic contre diagnostic, pourquoi Ouyahia n�inviterait pas ce lointain pr�d�cesseur � en d�battre publiquement ? S�il est vrai que l�exercice � tout lieu d��tre risqu� pour celui qui plaidera non coupable, il aura au moins le m�rite d�en finir avec tous les �mentir-vrai� si chers aux faussaires politiques.