Bien qu�aucune information �officielle� ne soit venue infirmer ou confirmer �la d�mission� du plus impopulaire des chefs du gouvernement, �le d�part� d�Ahmed Ouyahia, �imminent� pour deux des ministres d�Etat, membres de son gouvernement, Abdelaziz Belkhadem et Aboudjerra Soltani, capte tout l�int�r�t de la sph�re politique, prise de f�brilit� depuis jeudi dernier. Jour o�, dit-on, le sort du chef de l�ex�cutif a �t� scell�. Jusque-l� discret, l�entourage imm�diat du chef du gouvernement �d�chu�, qui opposait un �no comment� aux attaques du FLN de Belkhadem et du HMS de Aboudjerra, s�organise pour prot�ger et concocter une sortie honorable au chef. Depuis dimanche dernier, les relais partisans et m�diatiques du secr�taire g�n�ral du RND, qui soutiennent que ce dernier n�a pas pr�sent� sa d�mission, s�activent pour �faire� d�Ahmed Ouyahia une victime. Un �martyr� qui a d�cid� de ne pas abdiquer en menant sa mission jusqu�au bout. Si les militants du RND, fid�les au SG de leur parti, se contentent de �briefer en off� les journalistes en soulignant que le �chef� continue � pr�parer sereinement son bilan, une activit� largement rapport�e par les journaux acquis au chef du gouvernement, l�Union pour la d�mocratie et la R�publique (UDR) que pr�side Amara Benyoun�s pr�vient les d�mocrates, par un communiqu� rendu public hier, sur les dangers du jeu du FLN et du HMS, auxquels se sont joints le PT et El Islah. L�UDR, qui s�offusque du fait que le FLN emp�che le chef du gouvernement de s�acquitter d�une t�che constitutionnelle, interpelle �l�ensemble des patriotes r�publicains, la soci�t� civile et les institutions de l�Etat� pour faire front face au projet des islamo- conservateurs. Le discours de Amara Benyoun�s est en fait depuis deux jours celui des plus proches collaborateurs du SG du RND. Un parti qui, rappellent-ils, �a sauv� la R�publique au moment o� les �romains�, qui s�agitent aujourd�hui, lui tournaient le dos�. Un argumentaire que les militants du RND, un parti de la coalition pr�sidentielle qui a fait campagne pour le projet de la charte pour la r�conciliation et la paix, avancent pour pr�senter Ahmed Ouyahia comme un �patriote d�mocrate�. Le chef du gouvernement travaille, selon un de ses plus proches collaborateurs, sur �son bilan, qui est en fait celui du pr�sident de la R�publique�. Il est formel : �Rien ne l�emp�chera de le pr�senter.� D�autant, note notre interlocuteur qui revient sur les d�clarations de Abdelaziz Belkhadem, �que le FLN n�est pas si soud� qu�il en donne l�air�. Ainsi, le pr�sident du groupe parlementaire du parti du pr�sident de la R�publique a pris une initiative sans consulter �les d�put�s benflisistes� qui, en refusant de jouer le jeu �de la motion de d�fiance�, prennent leur revanche. Pour notre interlocuteur, Ouyahia ira � l�APN pour faire sa d�claration de politique g�n�rale. A moins que d�ici l� le pr�sident le d�barque�. L�attitude d�Ahmed Ouyahia, que l�on dit en disgr�ce et coup� de ses principaux soutiens, est similaire � celle de son pr�d�cesseur. En 2003, Ali Benflis, � qui l�on avait montr� la sortie, avait refus� de d�missionner et l�avait fait savoir. D�abord, lors d�un point avec la presse nationale, en Mauritanie o� il �tait en mission officielle. L�ex-secr�taire g�n�ral du FLN avait annonc� qu�il n�avait pas l�intention de d�missionner. Une position qu�il r�it�re le jour de sa mise en fin de fonction. �Je n�ai pas d�missionn� !�, avait-il clam�. Avant lui, un autre chef du gouvernement avait v�cu une situation similaire. Feu Kasdi Merbah, en 1989, d�charg� de sa mission par Chadli Bendjedid, avait revendiqu� son droit de pr�senter son bilan devant l�Assembl� populaire nationale, comme le stipule la Constitution. La Constitution, plus pr�cis�ment sa r�vision, est l��l�ment de discorde entre le FLN et le RND, deux �fr�res ennemis� qui ont fait campagne pour le pr�sident- candidat. Pour rappel, entre Ouyahia et Belkhadem, rien ne va plus depuis que le premier fait de la r�vision de la Constitution son cheval de bataille. Ouyahia n�a pas cess� de le contredire en pr�cisant que �ce sujet n�est pas � l�ordre du jour�. Tout cela sous le regard du chef de l�Etat qui, � aucun moment, n�a rappel� � l�ordre ces deux partis de la coalition pr�sidentielle. A moins que la r�vision de la Constitution ne soit l� l�objectif du chef de l�Etat et que le fait que Ahmed Ouyahia s�oppose � cette �ventualit� devienne g�nant pour la suite du programme politique de Abdelaziz Bouteflika. En s�opposant � la r�vision de la Constitution, le secr�taire g�n�ral du RND exprime-t-il son point de vue, celui de son parti, ou se fait-il le porte-parole d�autres segments du pouvoir qui verraient mal le pr�sident reconduit pour un troisi�me mandat ? Une hypoth�se que n��cartent pas les observateurs de la sc�ne politique qui soutiennent qu�en �lib�rant� le chef du gouvernement, le pr�sident se lib�re du dernier bastion des militaires. Pour le pr�sident, qui ne manque jamais de pr�ciser qu�il est le seul commandant � bord, Ahmed Ouyahia pourrait �tre per�u comme �un reliquat� des accords d�avant avril 2004. Pour lui, la charte pour la paix et la r�conciliation ayant concr�tis� ses textes d�application effectifs, le moment est venu de rompre d�finitivement avec �les �quilibres�. Ceux-l� m�mes qu�il n�a pas cess� de d�noncer lors de la campagne pour le r�f�rendum du 29 septembre 2005. Fin de mission, donc, pour Ahmed Ouyahia dont le rempla�ant qui sera connu au plus tard la fin du mois aura pour principale mission de pr�parer les pr�sidentielles de 2009 en passant par les l�gislatives de 2007.