Entre 1999 et 2005, les pays exportateurs de p�trole ont engrang� des recettes d�un montant global de 2000 milliards de dollars. Belle somme ! Mais pr�cisons tout de suite, qu�en dollars constants, les exportations d�hydrocarbures de la p�riode 2001- 2005 ont rapport� bien moins que les chocs p�troliers de 1973 et de 1979. Lorsqu�on compare les recettes de ces chocs rapport�s au nombre d�habitants de l��poque (recettes-population), au m�me ratio de la p�riode 1999-2005, les pays exportateurs ont encaiss� des recettes repr�sentant moins de la moiti� de celles de la p�riode 1973- 1980. Pour la p�riode 1973- 1980, les recettes des pays exportateurs repr�sentaient, en dollars constants, 1.250 dollars par habitant. Pour la p�riode 2002-2005, elles ne repr�sentent plus que 650 dollars par habitant. En un mot, l�embellie p�troli�re 1999-2005 a beaucoup moins enrichi les pays exportateurs que celle de la p�riode 1973-1980. Que font de cet argent les pays exportateurs ? On a pu relever que les comportements des diff�rents pays exportateurs quant � l�utilisation qu�ils font de leurs mannes p�troli�res sont similaires : ils emploient les sommes engrang�es dans quatre utilisations principales : 1- ils importent massivement 2- ils placent leur argent sur les march�s financiers internationaux 3- ils se d�sendettent 4- ils investissent (un peu) chez eux Et l�Alg�rie � comme on peut le constater � ne fait preuve d�aucune originalit� et n��chappe pas � ce sch�ma. 1/ Les importations : 65% des sommes engrang�es ont �t� consacr�es aux importations. Ainsi, les importations d�Arabie Saoudite, par exemple, ont augment� de +85% entre 2002 et 2005, celles d�Iran de +68%, celles de la Norv�ge de +58% et celles de l�Alg�rie ont presque doubl�. Ces importations des pays producteurs de p�trole proviennent g�n�ralement des pays importateurs de p�trole � et de gaz � ce qui contribue donc largement � payer leur facture p�troli�re ! C�est l�Union europ�enne qui est le premier pays fournisseur des pays de l�Opep. Elle leur fournit 30% de leurs importations, suivie des Etats-Unis puis de l�Asie (qui progresse). Les pays importateurs de p�trole d�boursent les sommes d�une main pour l�achat de leur �nergie et les r�cup�rent de l�autre par la vente de leurs produits � leurs fournisseurs de cette �nergie. Finalement, la hausse des prix du p�trole n�est pas aussi dommageable qu�on le pr�tend pour la croissance �conomique mondiale ou, en tout cas, pour les pays industrialis�s qui dominent le commerce mondial. 2/ Les placements � l��tranger 25% des recettes engrang�es par les pays exportateurs de p�trole sont plac�es � l��tranger sur les march�s financiers. La plupart des pays exportateurs pr�f�rent aujourd�hui recourir � des interm�diaires financiers pour placer leur argent. Ils adoptent de plus en plus des strat�gies de placement sp�culatifs alors que dans les ann�es 70, ce sont les banques qui prenaient en charge l�argent des pays producteurs. Nous savons que l�Alg�rie place aussi � l�instar des autres pays de l�Opep ses r�serves de changes sur les march�s financiers internationaux. Sur quels march�s, dans quels types d�investissements de portefeuille, � quels taux ? Le saurons-nous un jour ?! 3/ Le d�sendettement : Les pays exportateurs de p�trole ont aussi utilis� l�embellie financi�re � se d�sendetter. A titre d�exemple, entre 2002 et 2005, la dette publique de l�Arabie Saoudite est pass�e de 97% du PIB � 41%, celle de la Russie de 35% � 14%, celle de Qatar de 47% � 24%, celle de l�Alg�rie de 70% � 26%. La Libye a rembours� presque toute sa dette ext�rieure, le Nigeria a consacr� 12 milliards de dollars au rachat d�une partie de sa dette ext�rieure avec d�cote. L�Alg�rie a engag� le remboursement de plus de 10 milliards de dollars par anticipation. Finalement, la hausse des prix du p�trole � comme on peut le voir � profite aussi aux pays cr�anciers importateurs d��nergie pour la plupart d�entre eux. 4/ Les d�penses publiques : Avec le d�sendettement, les investissements publics r�alis�s dans les pays exportateurs repr�sentent 10% des sommes engrang�es, soit la part la plus faible. Il s�agit de recettes budg�taires suppl�mentaires procur�es par l�am�lioration des prix du baril sur les march�s mondiaux. Ces d�penses publiques sont g�n�ralement affect�es � des investissements publics d��quipement (Arabie Saoudite, Qatar, Kowe�t, Alg�rie), � des subventions de produits alimentaires (Indon�sie, Iran), � la constitution de fonds de r�gulation pour les ann�es de vaches maigres (Alg�rie, Venezuela, Norv�ge, Russie...) En r�sum� on peut souligner trois points : 1/ Le march� p�trolier mondial actuel est favorable aux pays producteurs. Leurs recettes d�exportation se sont consid�rablement am�lior�es, mais les pays importateurs de p�trole en profitent aussi par l�accroissement important de la vente de leurs produits divers aux pays p�troliers et par la r�cup�ration rapide, et dans certains cas inesp�r�e, de leurs cr�ances. 2/ L�Alg�rie ne pr�sente aucune originalit� quant � l�utilisation qu�elle fait de �l�argent du p�trole�. Le sch�ma qu�elle suit ressemble tout � fait � celui adopt� par l�ensemble des autres pays exportateurs de p�trole. 3/ L�Alg�rie qui avait dans les ann�es 70 et 80 �son� mod�le, sa vision du d�veloppement �conomique, sa volont� imaginative semble �tre �rentr�e dans les rangs� et n�est plus qu�un pays exportateur comme tous les autres et peut-�tre encore moins que les autres avec sa nouvelle loi sur les hydrocarbures. A. B. ANNEXE Recettes d�exportations d�hydrocarbures des pays exportateurs en milliards de dollars � ����������� ANN�ES Pays exportateurs 2002 2005 Arabie Saoudite 63,7 159 Russie 36,9 127,9 Norv�ge 34 55,3 Iran 23 49,6 Emirats Arabes Unis 16,6 47,5 Nigeria 15,9 47,3 Kowe�t 14,1 41 Venezuela 21,5 39,7