Jeudi dernier � l�Ecole nationale sup�rieure de tourisme (ENST), � Alger, la Fondation Mahfoud Boucebci a organis� un colloque sur les �Violences faites aux femmes : du mythe � la r�alit�. Des psychiatres, psychologues cliniciens et criminologues, des chercheurs ainsi que des sp�cialistes en m�decine l�gale, entre autres participants, ont ainsi voulu diss�quer et analyser, en l��tayant de cas concrets et de mod�les de traitements th�rapeutiques, un ph�nom�ne social, sociologique, psychologique, criminel, politique, culturel, religieux� Un fait dont la femme est volontairement ou involontairement l�objet, la victime, la coupable d�sign�e, la cible. N�anmoins, un fait qui met � nu, quelle que soit la forme de cette violence subie, les agressions verbales ou physiques, les agressions sexuelles, les viols, l�inceste, les insultes sexistes, les divers types de harc�lement, sexuel ou moral, dans la famille ou dans le milieu professionnel, les d�valorisations mentales, la violence conjugale, la prostitution�, une faiblesse, une d�faillance, certes, de l�ordre social, mais aussi, cependant, une faiblesse de l�ordre familial. Car, au sein de la famille, base de toute soci�t�, la violence que l�on fait subir � la femme, les traumatismes qu�elle ne pourra que subir durant toute sa vie, ne signifient-ils pas quelque part un manque d��quilibre, de coh�sion de cette famille, une certaine confusion des r�les sociaux. Voire, l�inceste commis par le p�re, le fr�re, l�oncle, l�ami de la famille, ne r�v�le-t- il pas, � un moment ou � un autre, tel que nombre de participants � ce colloque l�ont constat�, la facilit� � succomber, involontairement, � l�esprit de compromission. En effet, la m�re, l��pouse, dont le mari est coupable d�un acte incestueux sur sa prog�niture ou de violences sexuelles sur sa personne, n�est-elle pas parfois amen�e � fermer les yeux, se taire, m�me connaissant la gravit� de l�acte, au regard de son statut de �sexe faible�, de procr�atrice, et m�me son double statut pr�te � controverse. Un silence, une acceptation de la chose, une compromission, motiv�s par les qu�en dira-t-on, la honte, les traditions, mais plus par la peur de perdre l�estime, et, l�argent que le p�re de famille �incestueux !� ou �brutal !� lui fournit, l�habitude de subir, car �c�est une femme, ne l�oublions pas�. En fait, face aux violences faites aux femmes, faut-il en parler ou se taire? Et si il faut agir, comment ? Une probl�matique que ce colloque a cern�e dans tous ses aspects sociaux, culturels et politiques, mettant � nu, selon ses participants, un Etat qui refuse de s�impliquer, une faiblesse de l�ordre institutionnel, la frilosit�, la r�alit� d�une l�gislation qui permet la violence sur la femme, une absence de statistiques sur l�ampleur de ce ph�nom�ne. Ou une situation de stress permanent, d�absence de sentiment de bien-�tre chez les hommes, les jeunes en particulier, et autres frustrations, les probl�mes �conomiques se posant, qui encourage leur propension � la violence. Autres aspects relev�s, l�absence d�un cadre l�gal permettant aux psychologues de d�noncer les abus commis sur les femmes, l�incapacit� des psychiatres � assurer l��quilibre entre leurs obligations �thiques et d�ontologiques et les desiderata des familles, soucieuses de pr�server leur intimit�, ainsi que le r�le parfois ambigu des autres intervenants de la cha�ne de traitement psychologique et criminologique. Ne faut-il pas rappeler aussi que la soci�t�, alg�rienne s�entend, si tol�rante � l��gard de la violence sur les femmes, se montre d�une intol�rance extr�me concernant la propre libert� sexuelle de la femme, une libert� �hram� au nom de la �horma�, de l�honneur, des valeurs et tutti quanti. Et ne l�oublions pas, la violence subie par la femme se traduira, � terme, par une violence qu�elle-m�me infligera, inconsciemment, � sa fille qui reproduira le m�me sch�ma. Mais aussi une violence subie, inhib�e, des mortifications et des souffrances que la femme peut commettre � l��gard de l�homme, mari, fils, fr�re, parent ou �tranger, que ce colloque n�a pas toutefois abord�e.