La premi�re moiti� de la d�cennie 2000 restera marqu�e au plan �conomique par les plans de soutien et de consolidation de la croissance �conomique : le pays veut combler son retard d��quipement et notamment dans les infrastructures de base. Bonne d�cision. Mais il ne faut pas r�duire l�avenir de l�Alg�rie � ce seul horizon. D�autres projets, d�autres grands projets doivent mobiliser le pays. Ainsi c�est maintenant qu�il faut renouer avec notre ambition industrielle. Rappelons-nous. 1966 : L�Alg�rie arr�te ses choix en mati�re de d�veloppement �conomique : notre bonheur est dans l�industrialisation ! Notre agriculture frapp�e d�un certain nombre de handicaps dont notamment une insuffisante pluviom�trie et une faible dotation en surface agricole utile, ne pouvait pas constituer le secteur dynamisant et entra�nant toute l��conomie. Mieux encore, seule l�industrialisation pouvait venir au secours d�un secteur agricole qui ne pouvait m�me pas assurer l�autosuffisance alimentaire ni au moins garantir une balance agricole �quilibr�e. De plus, l�industrialisation c�est le d�veloppement car c�est l� en effet que se fabriquent l�ensemble des biens capitaux, des biens d��quipement n�cessaires � l�essor des autres secteurs, c�est l� aussi que sont transform�es les mati�res premi�res disponibles dans le pays ou import�es et qu�est cr��e ainsi de la valeur ajout�e c�est-�-dire de la richesse. C�est l� aussi que se construit la technologie et que se produit l�innovation � l�origine des progr�s de productivit�. C�est enfin l� que sont cr��s les emplois � dur�e ind�termin�e. Dans notre pays, la politique industrielle � laquelle on associe le nom de Bela�d Abdesselem a �t� une politique de type traditionnel, avec forte intervention directe de l�Etat � la fois dans le choix des sp�cialisations, dans le financement et la r�alisation des investissements et dans le soutien financier des entreprises publiques qui portent cette sp�cialisation. L�Etat d�termine aussi les territoires d�implantation des projets dans le cadre d�une politique volontariste d�am�nagement du territoire. Toute l�industrie alg�rienne ou ce qu�il en reste aujourd�hui, rel�ve de cette d�marche (� quelques tr�s rares exceptions). Ces choix et cette d�marche se justifiaient largement par le contexte national caract�ris� par une absence d�entrepreneurs et de capitaux priv�s, ou en tout cas, un grand �cart entre ce qu�il �tait possible de faire avec les �priv�s nationaux� et les besoins et les exigences d�une ambitieuse strat�gie de d�veloppement. Ils se justifiaient aussi par le contexte international marqu� par la mont�e des nationalismes �conomiques dans les pays du tiers-monde, les �succ�s� du mod�le d�industrialisation de type sovi�tique et la volont� des jeunes Etats-souverains de rompre les liens de d�pendance �conomique qui les rattachaient aux anciens colonisateurs. Bien �videment ces contextes ont chang�. L�Etat, a montr� chaque jour un peu plus, parce qu�il a �t� tentaculaire, qu�il a �t� un mauvais investisseur et un mauvais gestionnaire et ses actions, certes bien utiles, �taient financi�rement trop lourdes pour des r�sultats m�diocres. Le contexte international a lui aussi chang� et la mondialisation lib�rale de l��conomie a compl�tement d�class� les mod�les d�industrialisation �tatistes, ferm�s et peu comp�titifs. L��conomie de march�, avec un Etat modeste, un Etat plus garant que g�rant s�est g�n�ralis�e et la libert� d�entreprendre et de commercer s�est partout impos�e. Le ministre des Participations semble avoir compris tout cela, lui qui a annonc� il y a quelques jours l��laboration par son d�partement (et non pas par le minist�re de l�Industrie ?!) d�une strat�gie industrielle r�nov�e qui serait soumise � d�bat � la rentr�e de septembre. On ne conna�t pas encore le contenu de cette strat�gie, ni ses principales articulations mais on peut d�ores et d�j� �mettre quelques r�flexions sur cette importante question. 1�/ Aujourd�hui les principes de l�intervention directe traditionnelle de l�Etat ont �t� partout abandonn�s. L�investissement, la r�alisation d�usines et de plates-formes industrielles sont le fait des firmes, des entreprises priv�es, et la s�paration des missions de propri�taire, de gestionnaire et surtout de puissance publique est une condition incontournable de la performance et de l�efficience. 2�/ L�Etat intervient non plus sur les finalit�s de la strat�gie industrielle (qui est le fait des entreprises priv�es) mais sur les moyens organisationnels de cette strat�gie. L�Etat r�unit les �facteurs coop�rants�, c�est-�-dire l�ensemble des conditions organisationnelles, humaines, de recherche innovation qui assurent le succ�s des choix et des nouvelles sp�cialisations industrielles. L�Etat a alors comme missions principales de soutenir la recherche-d�veloppement, de favoriser la coop�ration entre firmes aux activit�s compl�mentaires (pour cr�er de la valeur). Et c�est directement l�entreprise et non plus le secteur qui devient la cible des interventions de l�Etat. Les soutiens publics sont alors accord�s aux activit�s et non aux secteurs. 3�/ Dans le cas de l�Alg�rie, quelle pourrait �tre la nouvelle strat�gie industrielle. a/ Il s�agit en tout premier lieu de r�habiliter les plates-formes industrielles existantes et notamment celles qui portent v�ritablement des sp�cialisations viables. Quel est ce programme de r�habilitation ? L�Etat finance la mise � niveau, encourage et accompagne des alliances entre ces plates-formes industrielles et des partenaires �trangers � comp�tence av�r�e, le but recherch� �tant d�abord la restructuration de ces plates-formes. b/ La nouvelle strat�gie industrielle devra s�employer � cr�er, avec l�aide de l�Etat, des �p�les de comp�titivit� r�unissant entreprises, instituts de recherche-d�veloppement, cercles de qualit�, instituts de formation sup�rieure qualifiante (� cr�er). Le but vis� ici est de cr�er des champions alg�riens qui seront porteurs de la strat�gie d�exportations hors hydrocarbures. c/ Bien �videmment, cette d�marche concerne les entreprises publiques et priv�es et devra favoriser les ouvertures de capital et les privatisations totales des entreprises publiques industrielles retenues. d/ L�Etat doit �laborer et concr�tiser un programme de d�veloppement de l�attractivit� du site Alg�rie.