L'Italie amoureuse du football vit en ce moment une passion contrari�e entre le bonheur offert par la qualification de son �quipe nationale pour la finale de la Coupe du monde et le d�go�t pour les tricheries des dirigeants de plusieurs de ses plus grands clubs. Les �tifosi� vivent toutes les �motions en m�me temps. Le matin du mardi 4 juillet, ils ont pleur� de rage � l'annonce de la rel�gation r�clam�e pour la Juventus Turin, l'AC Milan, La Fiorentina et la Lazio Rome, accus�es d'avoir particip� � un syst�me de trucage des matches du championnat 2004-2005 remport� par la Juventus. Quelques heures plus tard, ils hurlaient leur joie apr�s les deux buts marqu�s coup sur coup par les Azzurri contre l'Allemagne et la qualification de leur �quipe pour la finale du Mondial. Marcello Lippi, le s�lectionneur de la �squadra azzurra�, a r�sum� le sentiment g�n�ral par une des formules dont cet homme aust�re a le secret. �Les gar�ons doivent �tre fiers d'avoir r�veill� tant d'enthousiasme et d'amour dans notre pays. Nous avons relanc� le football italien�, a-t-il affirm� � l'issue de la rencontre contre l'Allemagne. Pr�paration surr�elle Mais la r�alit� du scandale du Calcio est revenue comme un boomerang le lendemain, � peine rang�es les cornes de brume qui toute la nuit ont f�t� la qualification. �L'�quipe qui charme sur le terrain est compos�e de joueurs qui sont condamn�s � la rel�gation�, a rappel� La Repubblica. �Sept des joueurs de la s�lection nationale qui ont qualifi� mardi soir l'Italie �voluent � la Juve, au Milan et � la Fiorentina, et sur le banc de touche, il y avait ceux de la Lazio�, a soulign� le quotidien. Les joueurs ont appris les sanctions r�clam�es contre leurs clubs le matin de leur rencontre contre l'Allemagne. �Comme pr�paration de match, c'�tait un peu surr�el, mais on s'attendait � ce qui a �t� annonc�, a d�clar� l'auteur du second but italien, Alessandro Del Piero, joueur de la Juventus dont le club est menac� de rel�gation en 3e division. �Nous n'avons jamais faibli et le monde entier a vu quel groupe nous formons. Aujourd'hui, ils nous applaudissent et j'esp�re que les �quipes italiennes mises en cause dans le scandale, comme la Fiorentina, mon �quipe, en sortiront lav�es�, a pour sa part comment� Luca Toni. Fuite de joueurs � pr�voir Ce v�u risque de ne pas �tre exauc�. L'entra�neur de la Juventus, Fabio Capello, ne croit pas en la cl�mence de la justice sportive. Il a annonc� son embauche au Real Madrid et sa d�cision est tr�s s�v�rement jug�e. �Capello abandonne le navire qui est en train de couler�, a comment� Il Messaggero. Mais le d�part de l'entra�neur de la Juve pourrait �tre suivi de celui d'autres membres du club turinois. Fabio Cannavaro, capitaine de la Juve et de la s�lection nationale, pourrait le rejoindre � Madrid et l'attaquant fran�ais David Trezeguet serait approch� par l'Inter Milan, r�v�le hier la presse italienne. Les autres clubs pris dans le scandale pourraient �galement perdre certaines de leurs vedettes, achet�es � prix d'or et dont la valeur marchande va se d�pr�cier en cas de rel�gation, souligne le Corriere della Sera. Le Br�silien Kaka, salari� de l'AC Milan, a fait savoir qu'il refuserait d'�voluer en s�rie B, sanction r�clam�e contre le club milanais propri�t� de l'ancien chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi. La justice sportive devrait rendre sa sentence dans les prochains jours. Des sanctions lourdes sont attendues. Elles ont �t� r�clam�es par les dirigeants des autres clubs italiens. �Face � la gravit� de ce qui a �t� fait, si des sanctions exemplaires ne sont pas prises, alors les gens seront f�ch�s�, a averti le pr�sident de l'Inter Milan, Massimo Moratti. Le coaching risqu� mais gagnant de Marcello Lippi Le s�lectionneur italien Marcello Lippi a pris le risque, finalement payant, de faire rentrer trois attaquants en cours de match contre l'Allemagne, en demi-finale du Mondial-2006 de football mardi � Dortmund, contrairement � son homologue argentin en quart de finale. L'Italie, qui l'a emport� 2 � 0 dans les derni�res minutes de la prolongation, avait enregistr� les entr�es d'Alberto Gilardino � la place de Luca Toni (74�), un attaquant pour un autre attaquant, mais aussi de Vincenzo Iaquinta et Alessandro Del Piero pour Mauro Camoranesi (91�) et Simone Perrota (104�), soit deux attaquants pour deux milieux de terrain. Ce �coaching� a �t� payant, m�me si le premier but a �t� marqu� par le d�fenseur Grosso. Le deuxi�me a �t� l'�uvre de Del Piero. En quart de finale contre l'Allemagne, alors que son �quipe menait 1 � 0, le s�lectionneur argentin Jos� Pekerman avait fait sortir Juan Roman Riquelme et Hernan Crespo, ses deux principaux atouts offensifs, pour les remplacer par deux joueurs � vocation plus d�fensive, laissant ainsi sur le banc Lionel Messi, Javier Saviola ou Pablo Aimar. L'Allemagne avait �galis� puis remport� la partie aux tirs au but, et le choix de Pekerman avait �t� vivement critiqu� par la presse argentine. La b�te noire de la Mannschaft L'Allemagne, qui a �t� battue par l'Italie (2-0 a.p.) en demifinale du Mondial-2006 de football mardi � Dortmund (ouest), ne parvient toujours pas � s'imposer face � la Squadra Azzurra en comp�tition officielle. L'Allemagne (ou RFA) avait auparavant d�j� rencontr� l'Italie � six reprises, en Coupe du monde (1962, 1970, 1978 et 1982) ou au Championnat d'Europe des nations (1988, 1996). La rencontre la plus c�l�bre, l�gendaire m�me, remonte au 17 juin 1970 au stade azt�que de Mexico. Ce jour-l�, en demi-finale du Mondial, les deux �quipes ne r�ussissent pas � se d�partager � l'issue du temps r�glementaire (1-1), un but tardif de l'Allemand Schnellinger (90�) ayant r�pondu � une ouverture du score pr�coce de Boninsegna (8�). La prolongation est haletante. Tour � tour, les deux formations prennent l'avantage : la Mannschaft d'abord via M�ller (94�), puis l'Italie gr�ce � Burgnich (98�) et Riva (104�). Puis M�ller, encore, �galise (110�). Mais c'est Rivera, la star de la s�lection azzurra, qui porte le coup de gr�ce (111�). Une image restera de ce match : Franz Beckenbauer � aujourd'hui pr�sident du Comit� d'organisation du Mondial � le bras en �charpe pour la fin du match, �paule d�mise. L'autre match rest� dans l'histoire entre les deux nations � qui ont chacune remport� trois fois la Coupe du monde � remonte � la finale du Mondial-82 en Espagne : � Madrid, le 11 juillet 1982, les co�quipiers de Dino Zoff et Paolo Rossi ne laissent aucune chance aux Allemands (3-1). En phase finale de Mondial, les deux autres rencontres se sont achev�es sur des nuls : au 1er tour du Mondial 62 au Chili (1-1) et au 2e tour du Mondial 78 en Argentine (0-0). En phase finale de l'Euro, les deux �quipes n'ont jamais pu non plus se d�partager (� chaque fois au 1er tour) : 1-1 � l'Euro 88 en Allemagne, 0-0 � l'Euro 96 en Angleterre. Si l'on comptabilise tous les matches entre l'Allemagne et l'Italie, le face-�-face tourne nettement � l'avantage des M�diterran�ens avec 14 victoires, 8 nuls et 7 d�faites (44 buts marqu�s, 33 encaiss�s).
ALLEMAGNE Apr�s l'�limination, l'interrogation Klinsmann Apr�s l'�limination en demi-finale du Mondial-2006 face � l'Italie (0-2 a.p.), l'Allemagne s'inqui�te de la possible retraite de son s�lectionneur J�rgen Klinsmann malgr� les nombreux appels des responsables du football national (DFB). �Je ne sais pas moi-m�me si je vais continuer, j'ai besoin d'avoir du temps pour dig�rer tout ce qui s'est pass� durant le tournoi et ces deux derni�res ann�es�, a d�clar� Klinsmann, visiblement sonn�, mardi apr�s la d�faite face � l'Italie. �J'ai d�pens� toute mon �nergie depuis deux ans et je n'ai pens� � rien d'autre qu'atteindre la finale, a-t-il ajout�. C'est pourquoi je me r�jouis d'avoir aujourd'hui la reconnaissance et le respect. Je vais discuter dans les prochains jours avec ma femme et ma famille, avant de prendre une d�cision�. Nomm� en juillet 2004, Klinsmann est sous contrat jusqu'� la fin du tournoi. Mais depuis sa victoire en quart de finale contre l'Argentine (1-1 a.p, 4 t.a.b. � 2), toute l'Allemagne veut garder son s�lectionneur. Mardi soir, Franz Beckenbauer, le pr�sident du comit� d'organisation du mondial- 2006, avait �t� le dernier en date � exhorter Klinsmann �� continuer son excellent travail�. La F�d�ration allemande (DFB) a donn� � Klinsmann jusqu'au 16 ao�t pour se d�cider. �Notre plus grande priorit� reste de prolonger son contrat, affirme son copr�sident Theo Zwanziger. Je pense qu'il sait ce qu'il doit au football allemand et � ses joueurs�. Zwanziger a d�j� mis son offre sur la table : une prolongation de deux ans, jusqu'� l'Euro-2008, et m�me plus si Klinsmann le d�sire. Mais l� est toute la question. Klinsmann se souvient de ses d�buts difficiles. Sans exp�rience d'entra�neur, il n'a d� sa nomination qu'� une cascade de refus : Otmar Hitzfeld, Otto Rehhagel, Lothar Matth�us, le N�erlandais Guus Hiddink. Il a d'abord fait sourire en annon�ant �nous voulons �tre champions du monde� d�s sa prise de fonctions. Il a fait tousser en ramenant dans ses bagages un �team� de pr�parateurs physiques venu des Etats-Unis. Il a enfin fait hurler en refusant, jusqu'en mars, de quitter le soleil de Californie et sa famille, pour se consacrer enti�rement � la s�lection allemande. La troisi�me place de la Coupe des conf�d�rations 2005 avait fait taire les critiques. Mais la racl�e subie contre l'Italie en match amical (4-1) et son absence lors du s�minaire de la F�d�ration internationale (Fifa) ont raviv� les pol�miques sur ses allers-retours incessants entre Newport Beach et Francfort. Le champion du monde 1990 et d'Europe 1996 a lui-m�me lanc� des perches, en estimant que son adjoint, Joachim L�w, pourrait tr�s bien lui succ�der et poursuivre la �philosophie� d'attaque de la Mannschaft. �Joachim L�w est un entra�neur tr�s intelligent avec un fort caract�re�, a r�pondu diplomatiquement Zwanziger. Mais ces qualit�s seront-elles suffisantes face � son manque de notori�t� ? L'autre solution de la DFB est interne. Le directeur sportif national Matthias Sammer est le premier sur la liste et pourrait assurer l'int�rim en attendant la nomination d'un nouveau s�lectionneur. Rome explose de bonheur Rome a trembl� et souffert pendant deux heures, puis a explos� de bonheur mardi soir apr�s la victoire de l'�quipe d'Italie sur l'Allemagne 2 � 0 apr�s prolongation en demi-finale de la Coupe du monde de football � Dortmund (ouest de l'Allemagne). Douze ans apr�s le match - perdu - contre le Br�sil en 1994, l'Italie va disputer � nouveau une finale de la Coupe du monde, un �v�nement que les Romains ont c�l�br� dans les rues de la ville �ternelle � grands coups de klaxons, de p�tards et de fumig�nes. Apr�s l'angoisse d'un match serr� durant lequel l'�quipe des �azzurri� n'avait pu concr�tiser sa sup�riorit�, un grand cri lib�rateur a jailli de toutes les fen�tres ouvertes des appartements, de tous les caf�s bond�s de �tifosi�, de toutes les places o� �taient install�s des �crans g�ants, au premier but marqu� � la 119e minute par Grosso. La clameur �tait � peine retomb�e qu'une seconde ovation a explos� au second but marqu� � la 121e minute par Del Piero, propulsant l'Italie en finale. Une noria de voitures et de �motorini�, les deux-roues � moteur pris�s des Romains, a aussit�t quitt� les quartiers p�riph�riques pour le centre-ville, dont les acc�s ont �t� rapidement barr�s par la police, provoquant des embouteillages monstres sur les quais au bord du Tibre. Tandis que les conducteurs faisaient jouer les avertisseurs, passagers et passag�res, cheveux au vent, agitaient fr�n�tiquement des drapeaux tricolores vert-blanc-rouge offerts par milliers dans les rues par des vendeurs � la sauvette pakistanais. Sur le Circo Massimo (le �grand cirque�), vaste esplanade � l'emplacement o� la Rome antique organisait des courses de chars, quelque 20 � 30.000 jeunes avaient assist� au match sur un �cran g�ant. Hurlements, fumig�nes, sauts d'enthousiasme ont salu� la victoire de l'�quipe nationale. �Je suis n�e en 1980, et on m'a toujours rab�ch� avec l'Italie championne du monde en 1982 contre l'Allemagne, mais ma g�n�ration ne l'a jamais v�cu� raconte Francesca. �Battre l'Allemagne en prolongation comme en 1970 c'est vraiment parfait. On ne pouvait pas faire mieux�, commente en connaisseur Luigi, 26 ans. Simone, un gar�on de 20 ans se r�jouit d'avoir d�couvert �une �quipe aussi forte et compacte, on ne l'avait jamais vue comme �a�. Pour Gianluca, 16 ans, c'est l'�motion qui prime : �On a souffert, mais la fin �tait splendide, merveilleuse�, raconte-t-il. La victoire de l�Italie f�t�e �� Tizi-Ouzou Si, en raison de la pr�sence du �plus Alg�rien des Fran�ais� dans leurs rangs, les Bleus de Raymond Domenech occupent une place particuli�re dans le c�ur de nos compatriotes qui vibrent pour cette Coupe du monde, il est �galement une des s�lections encore en lice qui jouit d�une popularit� toute singuli�re. En effet, la Squadra italienne compte elle aussi ses adeptes, comme on a eu � le v�rifier mardi soir � l�issue de la demi-finale remport�e face aux Allemands. D�s le coup de sifflet final de M. Benito Archundia, l�arbitre mexicain, des centaines de jeunes sont sortis, dans plusieurs quartiers de Tizi- Ouzou et de sa banlieue ouest notamment, laisser libre cours � leur joie de voir Gennaro Gattuso et ses co�quipiers se hisser en finale. A Boukhalfa, on a m�me convoqu� un disc-jockey pour f�ter la belle victoire des Italiens.