Au milieu du puzzle se trouve le Liban. Dans ses deux livres : l�Orient �clat� et l�Europe et l�Orient, Georges Corme nous livre les cl�s essentielles pour comprendre l��anomalie� libanaise n�e du d�pe�age anglo-am�ricain de l�empire ottoman apr�s la Premi�re Guerre mondiale. Cette lecture est n�cessaire pour comprendre aussi toute l�histoire r�cente du Moyen-Orient et la politique europ�enne en M�diterran�e. Pour l�heure, le Liban a jou� un r�le-cl� dans la r�sistance � la politique d�Isra�l. Seul pays d�mocratique de la r�gion, libre des f�odalit�s arabes install�es par l�Angleterre, il a accueilli et soutenu la r�sistance palestinienne puis a d�velopp� sa propre r�sistance infligeant � Isra�l le seul revers qu�il ait jamais connu en l�obligeant � �vacuer son territoire � la suite d�une guerre de gu�rilla men�e essentiellement par le Hezbollah, mais pas seulement, et soutenu par l��crasante majorit� de la population toutes confessions et toutes ethnies confondues. Au cours de cette gu�rilla nationaliste, le Hezbollah va nouer des alliances r�gionales qui lui fourniront des moyens militaires importants mais sans commune mesure avec ceux d�Isra�l. Il fallait quand m�me aux forces nationalistes libanaises contrer, � l�int�rieur du pays, les courants sociaux et politiques favorables � Isra�l et aux Am�ricains dont quelques figures restent c�l�bres. Du Hezbollah de Fadhallah aux milices pro-isra�liennes, le champ politique libanais comprenait toutes les nuances : anti-isra�liennes, antiam�ricaines, anti-syriennes, etc. selon l�appartenance confessionnelle, ethnique, politique mais surtout en fonction de l�appartenance de classe et de l�origine des fortunes et des statuts sociaux. Car, malgr� l�existence d�anciennes familles bourgeoises ou f�odales tr�s, tr�s riches, dans ce pays aussi, le pouvoir ou le rapport au pouvoir reste un formidable moyen de promotion sociale. Or, le pacte de Taef a r�gl� les questions de coexistence des diff�rents courants libanais ; il n�a pas r�gl� les diff�rends politiques et sociaux. La guerre de r�sistance a renforc� ce processus en isolant largement les courants pro-isra�liens et/ou antisyriens qui referont r�cemment surface et dont Siniora, l�actuel Premier ministre, est la figure de proue avec le soutien am�ricain, et de quelques pays arabes, notamment l�Arabie Saoudite, l�Egypte, la Jordanie et quelques autres qui veulent en finir avec les mouvements populaires de r�sistance � Isra�l.