De violents combats ont oppos� hier des unit�s blind�es de l�arm�e isra�lienne au Hezbollah. La guerre des chiffres a fait rage. Alors que le Hezbollah faisait �tat de la destruction d�un h�licopt�re, l�arm�e isra�lienne s�est empress�e de d�mentir. M�me sc�nario au sujet du nombre de soldats tu�s. Condoleezza Rice qui a effectu� une visite �clair � Beyrouth s�est content�e d�appeler � un cessez-lefeu urgent et d�exiger du gouvernement libanais d�exercer �toute sa souverainet�. Violents combats � la fronti�re : un h�licopt�re isra�lien s��crase Apr�s avoir bombard� pendant douze jours le Sud- Liban, l�arm�e isra�lienne est pass�e � un autre stade. Des combats ont oppos� hier des unit�s de blind�s aux combattants du Hezbollah. Des informations contradictoires ont fait �tat hier de violents combats � la fronti�re. Des unit�s isra�liennes avaient pris position sur la route reliant le village libanais frontalier de Maroun-al-Ras, � la ville de Bint Jbeil. La colonne de chars isra�liens a �t� attaqu�e par le Hezbollah. Des �changes de tirs nourris ont fait deux morts et cinq bless�s dans les rangs des Isra�liens. D�autres sources parlent de 17 bless�s et font �tat de l��crasement d�un h�licopt�re isra�lien dans le nord d'Isra�l, � la fronti�re avec le Liban, plus pr�cis�ment pr�s des localit�s de Dalton et Rehaniya. Les corps de trois civils, dont deux enfants, ont �t� retir�s des d�combres de maisons d�truites lundi dans un pilonnage a�rien isra�lien � Halloussiy�, village du nord de Tyr, o� plusieurs familles sont ensevelies sous les d�combres. L�arm�e isra�lienne r�vise ses objectifs Ces pertes, ajout�es � l'�ventualit� d'un tir de roquettes du Hezbollah sur Tel-Aviv, semblent faire changer de tactique � Isra�l. Sous couvert de l�anonymat, un ministre proche de Ehud Olmert a fait savoir qu��il est temps pour Isra�l de r��valuer ses objectifs afin de trouver une porte de sortie � la crise. On a donn� de trop grandes esp�rances � l'opinion, en promettant de d�sarmer la branche arm�e du Hezbollah et de d�capiter sa direction. Il n'est pas question de perdre cette campagne, mais il va falloir se fixer des objectifs r�alistes. Le gouvernement esp�rait que l'affaire serait r�gl�e en peu de jours, � pr�sent l'arm�e r�clame plusieurs semaines pour compl�ter sa t�che�. Craignant que les pressions internationales ne s�intensifient, Isra�l s�est fix� de nouveaux objectifs : emp�cher le Hezbollah d�attaquer et r�cup�rer ses deux soldats retenus par ce dernier. Pour ce faire, l�arm�e r�clame une semaine suppl�mentaire avant la proclamation d�un cessez-le-feu. Un d�lai que l�inerte communaut� internationale semble dispos�e � lui accorder. En attendant, l'arm�e isra�lienne a menac� de d�truire dix immeubles dans la banlieue sud de Beyrouth. �Le chef d'�tat-major Dan Haloutz a donn� pour consigne � l'aviation de d�truire dix immeubles de plusieurs �tages de la banlieue sud en r�ponse � chaque tir de roquettes sur Ha�fa�, a fait savoir une source proche de l�arm�e. R�ponse du Hezbollah :les incursions ne stopperont pas les tirs de roquettes contre le nord d'Isra�l. Hassan Nasrallah a certifi� que les incursions militaires isra�liennes dans le sud du Liban n'emp�cheront pas ses combattants de tirer des roquettes contre le nord d'Isra�l. �Je vous garantis que cet objectif ne sera pas atteint.� Isra�l utilise des mines antipersonnel Rien n�arr�te l�arm�e isra�lienne. Son ent�tement � mettre hors d��tat de nuire le Hezbollah la pousse � utiliser des mines antipersonnel. C�est Handicap Internationale qui a alert� l�opinion � ce sujet, estimant que plusieurs indices prouvaient que des mines antipersonnel et de BASM (bombes � sous-munitions) �taient utilis�es par Isra�l. �L�utilisation de telles armes par les bellig�rants entra�nerait des cons�quences d�sastreuses sur les populations civiles.� Selon plusieurs t�moignages, des BASM auraient �t� utilis�es par les forces isra�liennes lors des offensives des derniers jours au Sud-Liban. Ces bombes sont interdites en vertu du trait� d'Ottawa, ce qui n�a pas emp�ch� Isra�l de s�octroyer le droit de les utiliser. De son c�t�, le secr�taire g�n�ral adjoint de l'Onu pour les Affaires humanitaires, Jan Egeland, n'a pas �t� tendre avec Isra�l. De retour d'une tourn�e dans des quartiers sud de Beyrouth totalement an�antis par les bombardements isra�liens, il a accus� Isra�l de �violer le droit humanitaire. Il s'agit d'une destruction, immeuble apr�s immeuble, de plusieurs zones r�sidentielles. Je dirais qu'il s'agit d'un usage de la force excessif dans une zone avec autant de citoyens.� Des propos qui laissent de marbre les responsables du massacre des Libanais. �Arr�tez le massacre�, supplie Lahoud Face � cette crise humanitaire, le pr�sident libanais Emile Lahoud a implor� les Nations unies de prendre des initiatives pour �arr�ter le massacre� apr�s 13 jours d�agression isra�lienne. �On est en train de taper toute l'infrastructure. Jusqu'� maintenant on a 350 tu�s, la moiti� sont des enfants, plus de 1 500 bless�s, l'a�roport, l'�lectricit�, les ponts, tous sont touch�s, alors on doit arr�ter ce massacre aussi t�t que possible et apr�s on peut discuter de tout. Les Nations unies doivent faire quelque chose, prendre une d�cision pour avoir un cessez- le-feu.� Evoquant le respect de la Convention de Gen�ve et l'emploi par les Isra�liens d'armes comme les bombes � phosphore et les bombes � laser contre les civils et les enfants, il a souhait� un arr�t des tirs le plus t�t possible afin d'�viter le pire, ajoutant que l'attaque isra�lienne avait �t� planifi�e depuis longtemps et que la capture de deux militaires isra�liens par le Hezbollah n'avait �t� qu'un pr�texte. Si la communaut� internationale n�a pas �t� sensible � cet appel, des anonymes ont manifest� leur solidarit� avec le Liban. A Londres, Amsterdam et Chicago, les manifestants ont d�nonc� l'offensive isra�lienne contre le Liban et le soutien am�ricain et britannique. Quelque 7 000 personnes ont brav� la chaleur et la pluie � Londres et d�fil� sur les rives de la Tamise jusqu'� Hyde Park. Des drapeaux libanais flottaient au-dessus de la foule et des pancartes condamnaient les "crimes d'Isra�l au Liban. �Axe du mal : Bush, Blair, Olmert�, indiquait l'un des �criteaux, faisant r�f�rence aux chefs d'Etat et de gouvernement des Etats- Unis, de Grande-Bretagne et d'Isra�l. Le gouvernement britannique �tait l'une des cibles des manifestants londoniens qui lui reprochaient de n'avoir pas appel� � un cessez-le-feu et de continuer � s'abstenir de toute critique � l'encontre d'Isra�l. �Nous sommes �c�ur�s de la mani�re dont les Etats-Unis et la Grande-Bretagne se sont isol�s du reste de la communaut� internationale �, a expliqu� Yasmin Ataullah, porte-parole de l'Initiative britannique musulmane, l'une des organisations � l'origine du d�fil�. Condoleezza Rice exige que le gouvernement libanais exerce sa souverainet� Hier, la secr�taire d'Etat am�ricaine, Condoleezza Rice, a effectu� une visite � Beyrouth o� elle a plaid� pour un cessez-le- feu �urgent� au Liban tout en avertissant que tout accord devait d�buter par un r�glement des causes du conflit. �Nous pensons qu'un cessez-le-feu est urgent mais il est important d'avoir les conditions pour qu'il soit viable�. L�envoy�e de Bush au Proche-Orient refusait jusqu'ici d'appeler � un cessez- le-feu au Liban, et a expliqu� qu�elle appellerait � la mise en place d'un cadre pour un cessez-le-feu qui serait ax� sur la n�cessit� de d�sarmer le Hezbollah. Tout accord doit pr�voir qu'il n'y a pas de place pour �les groupes terroristes, les groupes non autoris�s capables d'utiliser le territoire du Liban puis de lancer des activit�s ill�gales et ensuite de plonger le Liban et la r�gion dans la guerre�, a-t-elle dit. Elle a �galement demand� au gouvernement libanais de prendre des mesures pour �tendre son contr�le sur tout son territoire, en accord avec l'application de la R�solution 1559 des Nations unies, qui appelle au d�sarmement des milices. �Le gouvernement du Liban est le gouvernement du Liban, traitons le gouvernement du Liban comme un gouvernement souverain tel qu'il est. L'important ici est que le Liban doit regagner tout son territoire�, a-t-elle d�clar�, rejetant les critiques de ceux qui jugent qu'il existe peu de chances de r�soudre la crise sans que les Etats-Unis engagent un dialogue avec la Syrie, accus�e de soutenir le Hezbollah. Condoleezza rice a enfin soulign� l'inqui�tude am�ricaine pour la situation humanitaire au Liban. Les propositions saoudiennes en d�bat A l�heure o� le ballet diplomatique s�intensifie au Proche-Orient, les propositions saoudiennes semblent trouver des �chos favorables. Le chef de la diplomatie saoudienne a appel� � un cessez-le-feu au Liban au cours d'un entretien � la Maison Blanche avec le pr�sident am�ricain. �Nous avons demand� un cessez-le- feu pour permettre l'arr�t des hostilit�s qui permettrait au Liban d'�tablir sa souverainet� sur l'ensemble de son territoire. J'ai trouv� le pr�sident tr�s conscient des destructions et du bain de sang au Liban. Il me l'a dit personnellement et c'est pour cela qu'il envoie Mme Rice pour pr�ciser les d�tails.� De quoi s�agit-il concr�tement ? Le prince Saoud a refus� d'en dire plus � ce sujet. �Je ne dirai rien qui puisse porter pr�judice aux n�gociations que la secr�taire d'Etat va mener�, s�est-il content� de dire. De son c�t�, la Maison Blanche a indiqu� que la rencontre avait permis d'�voquer �la situation humanitaire et la reconstruction, ainsi que la mise en place des conditions pour une fin de la violence. Toutes les parties � la r�union partagent l'objectif d'aider la population du Liban, de r�tablir la souverainet� du gouvernement du Liban et de contribuer � former des forces arm�es libanaises plus fortes et d�ploy�es sur l'ensemble du territoire libanais�. Concr�tement, Bush a demand� au prince Saoud de faire pression sur la Syrie, vraie responsable pour Washington du conflit. Bush accuse en effet Damas et T�h�ran d'attiser les tensions au Proche-Orient en armant et en manipulant le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien, cherche des moyens de d�tourner la Syrie de son �alliance de circonstance � avec l'Iran. Bush ne souhaite cependant pas entamer des n�gociations directes avec Damas. �Nous pensons que les Syriens �couteront plus facilement l�-dessus leurs voisins arabes que nous. C'est juste une question de savoir comment tout cela sera orchestr�.� De son c�t�, l'ambassadeur am�ricain � l'Onu, John Bolton, a rejet� dimanche une offre de dialogue de Damas pour r�soudre le conflit au Liban, affirmant que �la Syrie n'a pas besoin de dialogue pour savoir ce qu'elle doit faire�. Blair persiste, Barroso pour l�envoie de troupes Campant sur ses positions, Tony Blair s'est � nouveau gard� de demander un cessez-le-feu imm�diat au Liban, son porte-parole r�affirmant qu'un cessez-le-feu �unilat�ral ne marchera pas. Nous ne sommes pas en faveur d'un cessez-le-feu unilat�ral car un cessez-le-feu unilat�ral ne marchera pas�, a d�clar� son porte-parole lors de son point de presse quotidien. Alors que la pression monte sur Tony Blair, y compris dans son parti travailliste, son porte-parole a soulign� que le Premier ministre �se soucie des pertes civiles, c'est pour cela qu'il a sign� le communiqu� du G8 qui dit de mani�re explicite qu'Isra�l doit essayer d'�viter les pertes civiles. Mais vous ne pouvez pas prendre une position unilat�rale et, de mani�re r�aliste, esp�rer mettre fin au conflit", a indiqu� le porte-parole, ajoutant par ailleurs que le plan pour une force de stabilisation au Sud-Liban commen�ait � prendre forme. De son c�t�, le pr�sident de la Commission europ�enne, Jose Manuel Barroso, a fait savoir hier que des troupes internationales de maintien de la paix sont n�cessaires au Liban-Sud pour aider � faire cesser les combats entre Isra�l et les milices du Hezbollah. �Je pense qu'il est clair que cette pr�sence internationale est n�cessaire parce que le niveau de confiance entre les parties bellig�rantes n'existe pas.� N. I. / Agences
La vie continue tant bien que mal � Beyrouth La plupart des magasins sont ferm�s, l'eau et l'�lectricit� r�guli�rement coup�es pendant des heures, les produits frais se font rares et le prix de la nourriture flambe. Bien que globalement �pargn�e par les bombardements isra�liens, hormis son quartier sud de Dahiya, consid�r� comme un bastion du Hezbollah, Beyrouth, capitale de 1,5 million d'habitants, a des airs de ville assi�g�e. Les automobilistes grillent les feux rouges, les ordures non ramass�es s'entassent sur les trottoirs et les rues se vident apr�s la tomb�e de la nuit. Des familles nombreuses se regroupent dans les m�mes logements pour partager le co�t de la nourriture et d'un g�n�rateur �lectrique. La situation n'est pas aussi grave qu'� certains moments de la guerre civile (1975-90), lorsque les coupures de courant duraient des semaines, qu'il n'y avait que du pain � manger pendant des jours et que de longues files d'attente se formaient devant les boulangeries et les stations-service. Mais les choses se sont suffisamment d�grad�es depuis le 12 juillet pour pousser les Beyrouthins les plus riches � quitter la ville. Ils ont trouv� refuge dans des h�tels ou dans leur famille sur les hauteurs, ou encore dans les montagnes situ�es � l'est et au sud-est de Beyrouth. Ceux qui restent sont moins ais�s et, pour la plupart, ont d�j� connu les affres de la guerre dans la capitale libanaise. Un nombre croissant de promeneurs, joggers et p�cheurs reviennent sur le front de mer. De jeunes gens se baignent, prennent le soleil ou font des barbecues sur la plage. On recommence � voir des femmes, certaines portant le foulard islamique, faire de l'exercice sur la route c�ti�re. D'autres Beyrouthins restent assis des heures � regarder la mer, fumer le narguil� ou boire du th�. Durant les coupures d'�lectricit�, des familles souffrant de la chaleur humide qui �treint la ville s�installe sur le trottoir, dans des chaises de jardin. Hier la circulation automobile �tait quasiment revenue � la normale et l'on signalait des embouteillages dans certaines rues du centre-ville. Mais ces signes apparents de normalit� ne font pas oublier l'offensive isra�lienne, qui a contraint 700 000 Libanais � quitter leur foyer, fait pr�s de 400 morts et d�vast� les infrastructures du pays. Dans le quartier branch� de Goureau, haut lieu de la vie nocturne dans la capitale libanaise connu pour ses bars et restaurants, on �tait loin de l'effervescence habituelle ce week-end. Une demi-douzaine de restaurants ont tout de m�me ouvert, accueillant une poign�e d'irr�ductibles. Craignant que son bateau ne soit pris pour cible par l'arm�e isra�lienne, le p�cheur Fouad Shihab a d�cid� de se rendre au travail... � la nage. Il transporte sur son dos un filet qu'il d�ploie en nageant sur place. Un travail �reintant, m�me s'il reste pr�s du rivage, d'autant plus qu'il doit affronter des vagues parfois fortes et le mazout qui souille l'eau, pour tenter d'assurer son gagne-pain. Dans le quartier pauvre de Sabra, le barbier Ayman Kourdi, sa femme et leur fils ont quitt� leur appartement pour s'installer chez des membres de leur famille et trouver un peu de r�confort. Durant les bombardements, "la peur et la panique disparaissent lorsque nous sommes ensemble", explique M. Kourdi. "Nous dormons tous par terre les uns � c�t� des autres comme des sardines." Sabra est proche du quartier chiite de Dahiya, un fief du Hezbollah qui a subi un bombardement intensif de l'arm�e isra�lienne. Quartier dens�ment peupl�, Sabra est secou� chaque fois que Dahiya est frapp�.
Pour le Hezbollah, l�heure de v�rit� a sans doute sonn� �L�heure est � la solidarit�. Nous discuterons apr�s �� Tel est le leitmotiv que le Hezbollah ne cesse de nous ass�ner depuis l�op�ration qu�il a lanc�e contre le nord d�Isra�l le 12 juillet, d�clenchant ainsi le d�cha�nement d�vastateur de l�aviation isra�lienne. La man�uvre fr�le le cynisme. Elle est, � la limite, insultante � l��gard de l�opinion libanaise et des milieux politique locaux : rien de plus facile en effet que de prendre de mani�re unilat�rale l�initiative d�entra�ner le pays dans une aventure militaire aux retomb�es incalculables et de dire, une fois le fait accompli impos� � toute la population, qu�il est inopportun de d�noncer �dans les circonstances pr�sentes� une telle d�cision � caract�re autocratique. A l�ombre de la guerre sans merci d�clench�e par l�Etat h�breu contre le Liban en riposte � l�attaque du Hezbollah, la solidarit� est, certes, de mise. Mais il est essentiel d��tablir sur ce plan une nette distinction entre la solidarit� nationale avec les r�fugi�s et les victimes des agressions isra�liennes, d�une part, et la solidarit� politique avec le parti int�griste, d�autre part. La premi�re est un devoir qui ne saurait faire l�objet d�une quelconque r�serve, alors que la seconde risquerait d�hypoth�quer gravement le devenir du pays. La mobilisation de toutes les potentialit�s internes est, � l��vidence, imp�rative pour faire face aux destructions massives et � l�exode d�une grande partie de la population du Liban-Sud et de la banlieue de Beyrouth. Mais dans le m�me temps, il est tout aussi crucial de tirer d�s � pr�sent, et ouvertement, les le�ons de l�attitude aventuri�re du Hezbollah, d�autant que la solution � la crise actuelle fait d�j� l�objet de discussions pr�liminaires � l��chelle internationale et au Palais de Verre, � New York. Un retour au statu quo ante, � la situation privil�gi�e que s��tait octroy�e le Hezbollah et qu�il imposait manu militari � l�ensemble des Libanais sous couvert de �r�sistance�, est d�sormais inconcevable, inacceptable. Le Premier ministre Fouad Siniora l�a relev� hier en des termes � peine voil�s en soulignant que le gouvernement cherche � aboutir � un r�glement �d�finitif et durable� qui permettrait au pouvoir central d�imposer son autorit� sur �tout le territoire libanais � (entendre au Liban-Sud et la banlieue, bastions du Hezbollah) de mani�re � �viter au pays d��tre replong� une nouvelle fois �dans une situation semblable � � celle qui a �t� provoqu�e par l�attaque men�e par le Hezbollah le 12 juillet. Admettre qu�un seul parti, ou m�me une seule communaut�, se donne le droit d�entra�ner le pays dans la guerre � et, de surcro�t, sans aucun enjeu libanais crucial � d�passe tout entendement. Les responsables de la formation int�griste affirment que l�Etat h�breu pr�parait en tout cas son offensive contre l�organisation chiite. Des sources occidentales autoris�es (dont notamment l�ambassadeur d�Allemagne � Beyrouth) auraient m�me averti r�cemment le gouvernement libanais que toute provocation � la fronti�re avec Isra�l risquerait de d�boucher sur une grave conflagration militaire. Pourquoi donc, dans un tel contexte, avoir offert � l�Etat h�breu un pr�texte en or pour lancer son attaque ? Quelques heures apr�s l�enl�vement des deux soldats de Tsahal en territoire isra�lien et les tirs concomitants de katiouchas contre le nord d�Isra�l qui ont accompagn� cet enl�vement, Hassan Nasrallah soulignait que le but de l�op�ration �tait simplement d�aboutir � un �change de prisonniers. C��tait de la part du sayyed un peu trop simplifier les choses en n�exposant � l�opinion publique que la (tr�s petite) partie visible de l�iceberg. Les repr�sailles � l�action en tout point similaire, men�e il y a pr�s d�un mois par les groupuscules palestiniens � Ghaza, ainsi que les mises en garde r�p�t�es des milieux occidentaux � Beyrouth ne laissaient en effet planer aucun doute sur la nature et l�ampleur de ce que serait la r�action isra�lienne. De ce fait, et en l�absence d�un enjeu libanais de poids qui m�riterait d�entra�ner le pays dans la guerre, le casus belli du 12 juillet n�a pu �tre motiv� que par un agenda iranien ou irano-syrien, surtout lorsque l�on sait que la doctrine du Hezbollah impose que les grandes d�cisions strat�giques, plus particuli�rement l�option de guerre ou de paix, doivent �tre obligatoirement du seul ressort d�un guide supr�me religieux, le �walih el-fakih�, qui n�est autre dans le cas pr�sent que Khamenei. Ind�pendamment de la n�cessaire solidarit� avec les personnes d�plac�es, cette conflagration impos�e aux Libanais pour servir une raison d�Etat � l��vidence �trang�re remet sur le tapis avec acuit� une s�rie d�interrogations sur l�all�geance, les v�ritables motivations, le projet politique, voire le projet de soci�t� du Hezbollah. Une r�flexion profonde, cartes sur table et sans complaisance, sur le r�le et la place que devrait occuper d�sormais le parti chiite sur l��chiquier local s�impose, certes, mais dans l�imm�diat, et � la veille de la conf�rence internationale sur le Liban qui devrait en principe se tenir mercredi � Rome, c�est le dossier de l�arsenal militaire et de l�existence m�me de la r�sistance islamique qui doit �tre tranch� sans d�lai. Les d�veloppements de ces derniers jours, et une comparaison des pertes respectives subies par le Liban et Isra�l ont apport� la preuve que la th�orie de �l��quilibre de la terreur�, avanc�e par le Hezbollah pour expliquer son refus de livrer ses armes, n�est qu�un pur leurre. De surcro�t, le litige sur les fermes de Chebaa (que la Syrie emp�che de r�gler) et la pr�sence de trois prisonniers libanais dans les ge�les isra�liennes ne constituent pas un contentieux difficilement surmontable et ne justifient donc pas le maintien d�une milice arm�e jusqu�aux dents qui fait obstruction au r�tablissement de l�autorit� du pouvoir central au Liban- Sud et qui, surtout, �prend tout le pays en otage�, comme l�a soulign� le secr�taire g�n�ral de l�ONU, Kofi Annan, dans son discours devant le Conseil de s�curit�, jeudi dernier. L�abc�s a �t� crev�. Le prix pay� par les Libanais est excessivement lourd. Un retour au statu quo ante risquerait aujourd�hui de saper gravement les fondements de notre �quilibre sociocommunautaire. Pour le Hezbollah, l�heure de v�rit� a sonn�. Plus que jamais, il est appel� aujourd�hui � faire un choix, sans doute difficile, entre les calculs r�gionaux � port�e fondamentalement communautaire et les imp�ratifs de l��dification d�une nation libanaise sociologiquement �quilibr�e. Michel TOUMA In L�Orient Le jour, lundi 24 juillet 2006