La hausse des temp�ratures en cette p�riode estivale ne semble pas affecter le cours de la devise forte sur le march� parall�le. Une devise, en l�occurrence l�euro, la plus pris�e, qui s��changeait, hier au square Port-Sa�d, cette c�l�bre bourse informelle d�Alger, entre 93 et 94 DA pour un euro. Un cours en forte baisse alors qu�il n�y a pas si longtemps l�euro s�achetait plus de 100 DA. La m�me tendance � la baisse marque le dollar, tr�s demand� en g�n�ral par les voyageurs qui prisent la destination Turquie ou pays du Golfe. En effet, la monnaie am�ricaine s�achetait hier dans cette place entre 7.20 et 7.35, tr�s loin du cours de 8.20 en vogue nagu�re. Pour les cambistes, en majorit� des jeunes hommes, assis ou adoss�s � des voitures gar�es le long de l�art�re perpendiculaire � la rue de la Libert�, tenant � la main et au vu de tous des liasses de billets, des dinars ou des devises, ne semblant pas rebut�s outre mesure par la chaleur caniculaire, l�explication la plus commun�ment donn�e � cette baisse de la valeur de l�euro r�side dans la sacro-sainte loi de l�offre et de la demande. Un �march� qui se porte bien selon eux, m�me si pour certains de nos interlocuteurs il n�y a pas assez de demande sur la devise, ce qui explique le recul de l�euro. Toutefois, le n�goce continuait, les vendeurs ne cessant de proposer, presque � la cri�e, leur �marchandise�, et les chalands, � l�image d�un vieil homme, s�arr�tant pour s�enqu�rir de la cotation, quoique peu nombreux. Pour d�autres monnayeurs, les gens de l�int�rieur du pays sont les principaux demandeurs en devises. D�autres, unanimes � dire que la loi de l�offre et de la demande r�git ce march�, ont rappel� que l�arr�t de l�importation des v�hicules de moins de 3 ans a aussi affect� le cours informel. Selon Dahmane, un cambiste, la quarantaine, adoss� � un mur, cette mesure a influ� tant sur l�offre que sur la demande de la devise m�me s�il a tenu � pr�ciser que cette mesure date d�j� de quelques mois. En effet, il est � rappeler que cette mesure a �t� prise dans le cadre de la loi de finances 2006. D�autres facteurs ont aussi jou� dans la modification du cours de la devise, selon les cambistes approch�s. Ainsi, les mesures prises dans le cadre de l�assainissement du secteur de l�importation ont, observent-ils, abouti � la r�duction du nombre de �faux importateurs � et � une circulation moindre des �sachets noirs�. Cela m�me si un monnayeur a assur� que les voitures aux malles charg�es de billets continuent encore de circuler dans ce quartier, au vu et su de tous. A quelques encablures, un autre jeune cambiste indique le m�me cours pour ces deux devises, sans vouloir �tre plus explicite, affichant une m�fiance � fleur de peau quand nous l�avons approch�, car appr�hendant d��tre film�. Certains ont m�me avou� ne pas comprendre la raison de cette chute. �Wa�lach ?� �Ma n�a�rafch !� (�Pourquoi ?� �Je ne sais pas !�), une phrase maintes fois entendue. De l�avis d�autres monnayeurs, tel le jeune changeur Toufik, le march� est � l�image de tout, �rayeb� (ndlr : effondr�), un march� sans client�le, sans que notre interlocuteur puisse, ou veuille, expliquer cette tendance. Certes, la p�riode estivale, marqu�e habituellement par l�afflux d��migr�s, se caract�rise par une offre plus grande de devises sur le march�. Un principe de mise � l�heure actuelle bien que certains monnayeurs aient eu � constater que pour cette ann�e, l�attractivit� du march� parall�le ait baiss� par rapport � ce qui �tait le cas jadis. En effet, les ��migr�s�, friands habituellement de ce march�, aux taux de change all�chants, l�ont quelque peu d�laiss� pour le change officiel. Selon leurs explications, il ressort � l��vidence que la fin de la p�riode des vacances changera la donne, la devise devant retrouver une vigueur certaine par rapport au dinar. Cependant, tous ceux que nous avons rencontr�s estiment que quelle que soit la situation de ce march�, que la devise monte ou baisse, ils continueront � engranger leurs b�n�fices. Quant au change officiel de la devise, la cotation sur le march� bancaire donnait, hier, dans le m�me temps et dans deux agences de deux banques publiques diff�rentes, situ�es � distance l�une de l�autre, des cours diff�rents. En effet, les cours pour le dollar variaient entre 72,12 et 72,90 en achat et entre 76,52 et 77,31 la vente, et pour l�euro entre 91,94 et 86,98 en achat et entre 97,58 et 92,32 la vente. En fait, la question reste � savoir � quand la convertibilit� r�elle du dinar, cette monnaie nationale �tant en force � l�heure actuelle, l��conomie nationale offrant cette image d�un g�ant aux pieds d�argile, emprisonn�e dans sa d�pendance aux hydrocarbures, sa forte propension � l�importation monnay�e en euros, et son inefficacit� et inefficience, au-del� des chiffres financiers mirobolants des r�serves de changes et de la fiscalit� p�troli�re annonc�s.