Une cinquantaine de civils r�fugi�s � Cana dans un b�timent de trois �tages ont trouv� la mort dans un raid isra�lien. Surpris dans leur sommeil, des femmes et des enfants, qui s��taient r�fugi�s dans ce village, ont essuy� des tirs de l�aviation isra�lienne. Il �tait 01h30 (22h30 GMT) lorsque l�attaque a d�but�. Deux heures durant, l�arm�e s�est acharn�e sur l�abri. Ce pilonnage a co�t� la vie � plus de 25 enfants. Poussant la barbarie � son paroxysme, l�arm�e a poursuivi son attaque alors que les op�rations de secours se poursuivaient. Au moment o� les secouristes tentaient de d�gager les corps ensevelis, les bombes continuaient � pleuvoir sur Cana. Usant de leurs mains nues pour d�gager les victimes ensevelies sous des monceaux de gravats, les secouristes, dans leurs uniformes oranges, ont bataill� dans la poussi�re et la chaleur pour extraire des corps sans vie et sauver des bless�s. Avec cette b�vue de trop, le bilan des civils massacr�s d�passe les 700. La tension atteint son paroxysme mais Isra�l persiste et signe. R�uni en urgence, le Conseil de s�curit� de l�Onu tente d�arracher un improbable cessez- le-feu. Isra�l ne s�excuse pas et ne veut pas de cessez-le-feu A peine g�n� par les condamnations qui �manaient de toutes les capitales, Isra�l ne regrette pas son geste. Son ministre des Affaires �trang�res s�est content� d�exprimer les regrets du cabinet Olmer. �Isra�l exprime ses regrets pour la mort de civils innocents. Nous ne voulons pas voir des civils �tre pris dans la guerre entre Isra�l et le Hezbollah.� C�est par cette laconique phrase qu�a r�agi le gouvernement isra�lien. Des regrets qui n�emp�chent pas Isra�l d�affirmer qu�il devait disposer d�une p�riode d�une � deux semaines pour poursuivre son agression contre le Liban. A la secr�taire d�Etat am�ricaine venue discuter d�un �ventuel cessez-le-feu, Olmert a demand� quelques jours de plus pour finir sa sale guerre. �Isra�l a besoin de dix jours � deux semaines pour continuer l'op�ration. Isra�l n'est pas press� de parvenir � un cessez-le-feu avant que nous n'arrivions au point o� nous pourrons dire que nous avons atteint les principaux objectifs que nous nous sommes fix�s. Cela comprend la maturation du processus diplomatique, les pr�paratifs pour une force multinationale et un accord d�taill� sur cette force.� En d�autres termes, la communaut� internationale a beau condamner, crier au scandale, rien n�arr�te le massacre et on se permet m�me de le justifier. Son Premier ministre a d�clar� que le village libanais de Cana servait de refuge aux combattants du Hezbollah. Ce ne sont pourtant pas ceux-l� qui ont �t� cibl�s mais des civils qui ne pourront d�sormais plus emprunter la route Beyrouth-Damas. L�unique passage encore praticable a �t� bombard� par l�aviation isra�lienne qui a tir� un missile air-sol au m�me endroit, bombard� � trois reprises quatre heures auparavant. Rice persona non grata � Beyrouth. L�ONU se r�unit Premi�re r�action au carnage de Cana : les autorit�s libanaises ont demand� � la secr�taire d�Etat am�ricaine d�annuler son escale � Beyrouth. Condoleezza Rice a �t� contrainte de rejoindre les Etats-Unis sans rencontrer le pr�sident libanais qui a aussit�t fait savoir que les conditions qu'il avait fix�es pour l'�change des deux soldats isra�liens captur�s par le Hezbollah ont chang� apr�s le bombardement isra�lien du village de Cana. Une position r�it�r�e par le Premier ministre Fouad Siniora qui a d�clar� : �Il n'y a pas de place pour des discussions en cette triste journ�e�, r�clamant �une enqu�te internationale sur les crimes de guerre isra�liens�. Le Liban r�clame par ailleurs un cessez-le-feu imm�diat et inconditionnel avant toute chose, excluant toute n�gociation apr�s le bombardement de Cana sans un cessez-le-feu imm�diat et inconditionnel. Fouad Siniora a �galement r�clam� la convocation d'urgence d'une r�union du Conseil de s�curit�. Acc�dant � sa demande, Kofi Annan a annonc� la tenue �en urgence� du Conseil de s�curit�. Une r�union qui s�ouvre sur fond de divergences entre Paris et Washington. La France s�est en effet officiellement d�marqu�e de la d�marche pr�n�e par George Bush au sujet du r�glement de la crise au Liban. Le projet de r�solution fran�ais d�taille des mesures � prendre pour un cessez-le-feu durable, y compris le d�ploiement d'une force internationale, sous r�serve de l'approbation des gouvernements libanais et isra�liens et d'un accord de principe entre eux sur les principaux �l�ments d'un plan de r�glement global de leur conflit. Washington parle de l�gitime d�fense Soutenant son alli� isra�lien, Washington, qui a tout juste compati avec le peuple libanais, continue d�estimer que l�agression du Liban entre dans le cadre de la l�gitime d�fense. Le num�ro trois de la diplomatie am�ricaine, Nicholas Burns, a estim� en effet que le bombardement isra�lien sur le village libanais de Cana ne constituait pas un crime de guerre. �Nous croyons que chaque pays a le droit de se d�fendre et nous croyons que ce type de combat doit se terminer. � Dans un autre entretien accord� � la cha�ne de t�l�vision Fox News, M. Burns a pr�cis� qu'il n'y aura pas de soldats am�ricains d�ploy�s dans le sud du Liban. Les Etats-Unis ne vont pas envoyer de soldats au sol dans le sud du Liban. Mais nous apporterons un soutien politique fort � la force multinationale �, a-t-il dit. De son c�t�, Condoleezza Rice a fait savoir qu�il est �temps de parvenir � un cessez-le-feu au Liban. Nous voulons un cessez-le-feu le plus t�t possible �. Unanimes condamnations En attendant qu�une sortie de crise soit enfin trouv�e, la communaut� internationale, choqu�e par la mort des civils libanais, a unanimement condamn� l�attaque isra�lienne. Le roi Abdallah II de Jordanie a affirm� que �cette agression criminelle est une violation flagrante des lois internationales. La communaut� internationale doit assumer ses responsabilit�s et trouver rapidement une issue � la crise et aux souffrances du peuple libanais. La Jordanie soutient le Liban et reste engag�e � poursuivre ses efforts avec les forces influentes dans le monde pour assurer un cessez-le-feu imm�diat et la fin des attaques isra�liennes qui visent les civils.� M�me indignation du c�t� �gyptien. Hosni Moubarak a qualifi� d��irresponsables� les bombardements de Cana. �L'Egypte est profond�ment troubl�e et condamne l'attaque irresponsable isra�lienne sur le village de Cana qui a conduit � la mort de personnes innocentes dont la majorit� sont des femmes et des enfants. L'Egypte, qui a d�j� appel� � un cessez-lefeu imm�diat et inconditionnel, a soulign� le �besoin d'un effort international pour adopter une r�solution au Conseil de s�curit� de l'Onu pour arr�ter les attaques militaires imm�diatement�. C�t� europ�en, le pr�sident fran�ais Jacques Chirac a condamn� le bombardement isra�lien de Cana, le jugeant injustifiable et r�it�rant son appel � un cessez-lefeu. Faisant part de sa "consternation de l'acte de violence qui a co�t� la vie � de nombreuses victimes innocentes, notamment des femmes et des enfants � Cana cette nuit�, Jacques Chirac a soulign� dans un communiqu� que �la France condamne cette action injustifiable qui montre plus que jamais la n�cessit� de parvenir � un cessez-le-feu imm�diat sans lequel d'autres drames ne peuvent que se r�p�ter�. La Commission europ�enne a jug� �horrible� la mort de 51 civils � Cana, dans le sud du Liban. �C'est toujours horrible, quand des civils sont impliqu�s, en particulier des femmes et des enfants. La Commission a demand� � plusieurs reprises que les deux parties arrivent � un cessez-le-feu le plus t�t possible et que dans toutes les circonstances elles respectent les normes humanitaires et les lois internationales. � Pour sa part, le gouvernement espagnol a exprim� �sa plus profonde consternation� et r�it�r� son appel �� un cessez-le-feu imm�diat�. Le gouvernement de Jos� Luis Rodriguez Zapatero transmet �sa plus profonde douleur aux familles des victimes et au gouvernement libanais. Il r�it�re son appel � un cessez-le-feu imm�diat pour mettre fin � la violence et �viter d'assister � nouveau � des trag�dies de ce genre�. Le bombardement isra�lien est une �trag�die�, a d�plor� la ministre britannique des Affaires �trang�res. �C'est tout � fait effroyable pour les familles et le peuple libanais�, a d�clar� Mme Beckett � la cha�ne de t�l�vision Skynews, soulignant qu'il fallait �reprendre le travail pour parvenir � un cessez-le-feu durable au Liban�. L'Alg�rie en appelle � un �veil des consciences Dans un communiqu� rendu public hier par le minist�re des Affaires �trang�res, l�Alg�rie accuse Isra�l de faillite morale et politique. Le massacre de dizaines de civils libanais dans la localit� doublement martyre de Cana est le t�moignage accusateur de la faillite morale et politique de ceux qui font une guerre injuste au peuple libanais depuis plus de deux semaines. Ce massacre qui porte � son paroxysme l'horreur des d�ferlements massifs de violence contre des populations civiles innocentes est � tous �gards condamnable. Il doit l'�tre de la mani�re la plus vigoureuse par la communaut� internationale dans son ensemble. L'Alg�rie condamne fermement cet acte criminel que rien ne saurait justifier. L'Alg�rie s'incline avec respect devant la m�moire des victimes du carnage de Cana et des autres victimes de l'agressivit� isra�lienne. L'Alg�rie salue �galement la vaillante r�sistance des avant-gardes du peuple libanais et l'endurance admirable de tous les citoyens du Liban dans cette terrible �preuve. L'Alg�rie en appelle � un �veil des consciences et � un sursaut collectif de la communaut� internationale en vue d'un cessez-le-feu imm�diat et inconditionnel pour ouvrir d'autres perspectives au Liban fr�re dans le contexte d'une paix juste, durable et globale au Moyen-Orient.� La Ligue arabe demande l'ouverture d'une enqu�te Le secr�taire g�n�ral de la Ligue arabe, M. Amr Moussa, a demand� l'ouverture d'une enqu�te internationale. Dans un communiqu� rendu public hier, le secr�taire g�n�ral de la Ligue arabe a fermement condamn� les attaques militaires isra�liennes �barbares� qui se poursuivent au Liban, et tout derni�rement l'agression barbare contre la ville de Cana qui a co�t� la vie � un grand nombre de civils�. Amr Moussa a, �galement, appel� les pays arabes � prendre les mesures qui s'imposent pour exprimer leur enti�re solidarit� avec le peuple libanais, saluant par l� m�me la r�sistance du peuple libanais face aux agressions isra�liennes. Il a, en outre, soutenu que les attaques isra�liennes contre les infrastructures et les civils libanais constituent une autre preuve des intentions isra�liennes hostiles et de la violation par Isra�l de la L�galit� internationale appelant le Conseil de s�curit� � assumer ses responsabilit�s et � faire pression sur Isra�l pour mettre fin � ces op�rations imm�diatement. Dans ce contexte, M. Moussa a soulign� la n�cessit� des aides humanitaires internationales urgentes ajoutant qu'� ce sujet, il d�p�chera, au Liban, un envoy� de haut niveau, d�s aujourd�hui. Le Hezbollah et le Jihad islamique promettent de punir Isra�l Le Hezbollah a promis de punir Isra�l apr�s le massacre de Cana au Liban. �Ce massacre barbare, qui est un tournant grave et dangereux dans le cours de la guerre, peut conduire � des r�actions contre le monde muet et complice qui doit assumer ses responsabilit�s, car cet horrible massacre, comme d'autres, ne restera pas impuni. L'ennemi isra�lien assumera les cons�quences de ses massacres, � Cana et ailleurs, comme s'y est engag�e la r�sistance islamique. L'opinion internationale ne croira pas les mensonges qu'il d�bite pour justifier sa barbarie�, a expliqu� un communiqu� du Hezbollah. De son c�t�, le Jihad islamique a promis dimanche de commettre des �attentats-suicides � contre Isra�l �dans les prochains jours� en riposte, notamment, au bombardement isra�lien meurtrier de Cana. �Apr�s les attaques continues et les grands massacres commis par l'ennemi sioniste � Ghaza, en Cisjordanie, au Liban-Sud, � Cana ce matin, de nouvelles instructions ont �t� donn�es � la branche militaire du mouvement et, particuli�rement, en Cisjordanie, pour que les combattants des brigades Al- Qods agissent tr�s vite et commettent des attentats-suicides au c�ur d'Isra�l. Nous attendons dans les prochains jours des vagues d'op�rations suicides qui frapperont toutes les villes sionistes que nos combattants pourront atteindre.� L�h�pital de Bint-Jbeil sous la menace de l�artillerie Ni les menaces du Hezbollah, ni les voix qui s��l�vent pour d�noncer la guerre n�ont fait changer de position � Isra�l. Sur le terrain, les combats continuent de faire rage. �Les abords imm�diats de l'h�pital Salah Ghandour, le seul qui dessert la r�gion frontali�re, de Bint- Jbeil jusqu'au littoral de Naqoura, sont syst�matiquement bombard�s depuis midi�, a d�clar� le directeur de l�H�pital. �Les cent lits de l'h�pital sont tous occup�s et quelque 300 familles ont fui les bombardements sur la ville et sont venues s'y abriter. Les bombardements de l'artillerie, depuis le territoire isra�lien, et les raids a�riens se poursuivent dans son p�rim�tre depuis trois heures. Des vitres ont vol� en �clats et au moins un des douze m�decins de l'h�pital a �t� bless�. L'h�pital a un besoin urgent de m�dicaments et de ravitaillement, a ajout� le pr�sident de la municipalit� de Bint-Jbeil, un bastion du Hezbollah. �L'h�pital est � la merci des bombes, nous exhortons les organisations internationales et les associations humanitaires � intervenir pour faire cesser les tirs�, a-t-il dit. La police libanaise a fait �tat d'un pilonnage de toutes les localit�s frontali�res avec Isra�l, qui se poursuivait en milieu d'apr�s-midi. Selon un premier bilan, cinq membres d'une m�me famille, dont deux enfants, ont �t� tu�s sous les d�combres de leur maison � Yaroun, pr�s de Bint-Jbeil