L'association Tiliwa (sources) du village d'Aït Hichem, le comité de village en collaboration avec l'APC d'Aït Yahia viennent de mettre la touche finale aux préparatifs de la 7e édition de la fête du tapis. Sur un air de gaîté et de joie, la manifestation qui s'étalera sur une semaine (du 18 au 25 août) rendra un vibrant hommage à toutes les femmes en général et à celles qui ont marqué l'histoire de ce petit village perché à plus de 1200 m d'altitude, à 3 km de Aïn El Hammam, face au majestueux Djurdjura. Un hommage aux figures de proue de l'artisanat et de l'instruction qu'elles ont pu propager depuis des siècles : Nna Taos, Nna Ouardia, Nna Ouiza, Nna Yamina et beaucoup d'autres tisseuses aux doigts de fée. Aït Hichem, qui fut le village le plus pauvre de la région d'Aït Yahia, est devenu le plus riche sur d'autres plans : l'instruction (première école laïque de filles en 1892 sous Jules Ferry), la tapisserie et le savoir-faire (géométrie, mathématiques et symbolique dans la confection), ainsi que le souci majeur d'émanciper les femmes à l'indépendance. De là, le tapis d'Aït Hichem, grâce à ces femmes, devient alors une précieuse source de revenus, quand la terre n'arrive plus à nourrir ses habitants. Aujourd'hui, tout le monde se mobilise pour assurer la réussite de cette grande manifestation culturelle. Des associations, des artisans, des artistes et des commerçants qui viendront d'autres régions du pays y trouveront satisfaction. Par ailleurs, la fête du tapis rassemblera pendant une semaine toutes les catégories sociales : pauvres, riches, chômeurs et diplômés. Et chacun y trouvera intérêt. Des achats de tapis ou de robes berbères au petit commerce de circonstance, le tout sous le contrôle des organisateurs. « Une mobilisation accrue pour toutes les actions engagées dans les festivités culturelles sera de mise », nous dira Mme Assia, une participante d'Aït Yahia. Chaque membre s'est vu attribuer une tâche bien définie, dont le dénominateur commun est la discipline. « Il y va de la notoriété du village, d'Aït Yahia et de la Kabylie », ajoutera notre interlocutrice qui insiste sur la labellisation du tapis de Aït Hichem en toute fidélité à l'âme des précurseurs évoqués. Constituée en 1989, l'association Tiliwa s'est lancée le défi d'organiser une manifestation culturelle pour célébrer l'art du tissage et de préserver l'artisanat local et la mémoire de toutes ces femmes qui par leurs doigts créent de véritables œuvres d'art. Pour décrire cet art transmis de génération en génération, l'association Tiliwa explique que les tapis sont « ornés de motifs géométriques s'exécutant à la main avec sept fils colorés et bariolés. Ces symboles rectilignes sont tissés à l'aide de fils fins de couleur blanche sur un fond sombre, bleu indigo, rouge garance, vert olive ou brun foncé ». C'est en 1892 que le tissage est introduit à l'école d'Aït Hichem qui était l'une des plus anciennes écoles d'Afrique du Nord. Entre 1936 et 1950, de nombreuses femmes ont été primées par le gouverneur général d'Algérie.