En attendant le �deuxi�me round� guerrier promis par Amir Peretz, ministre de la D�fense isra�lien, l�Islam politique, version sunnite, f�te comme il se doit la victoire du Hezbollah. Qu�importe si le �Parti de Dieu� est un mouvement chiite, honni par d�finition par le salafisme sunnite, qu�importe si pendant ce temps, les salafistes irakiens continuent � massacrer � coups de v�hicules pi�g�s leurs fr�res chiites irakiens � Baghdad et ailleurs, l�essentiel pour les islamistes du Proche- Orient et du Maghreb est d�expliquer la d�convenue militaire isra�lienne comme une victoire de l�Islam ! Et bien s�r de l�instrumentaliser � des fins de politique int�rieure. Dans un article intitul� �A wave of political Islam in Mideast� (Vague de l�Islam politique dans le Moyen-Orient), le Herald Tribune dat� du 19/20 ao�t, note que pour les �Arabes de cette r�gion�, le Hezbollah a �restaur� leur dignit� et leur honneur� et que sa victoire �a �t� per�ue comme un antidote aux �checs du nationalisme arabe, du communisme et du socialisme�. Le journal am�ricain conclut, citant de nombreux experts �gyptiens et arabes, que cette guerre du Liban a encore modifi� dans un sens favorable aux islamistes le rapport de l�Islam au politique et qu�elle a convaincu les plus h�sitants � croire au slogan brandi par les Fr�res musulmans durant les derni�res �lections �gyptiennes affirmant que �l�Islam est la solution�. Il y avait quelque chose d�ind�cent � voir ces d�fil�s organis�s par les �Fr�res� dans les rues du Caire, d�Amman et d�ailleurs pour f�ter la d�faite de �l�ennemi sioniste�, alors qu�au m�me moment la morgue de Baghdad r�ceptionnait, rien que pour le mois de juillet, 1850 corps de civils tu�s par balles par des �escadrons de la mort� chiites pendant que les salafistes irakiens de leur c�t� tuaient autant de chiites � coups de voitures pi�g�es ou � coups de mitrailleuses lourdes comme on l�a vu dimanche lors de la comm�moration de l�anniversaire de la mort du septi�me imam chiite, Moussa al-Kazim, ex�cut� au VIIIe si�cle � Baghdad sous le r�gne de Haroun al-Rachid. Cette r�alit�-l�, sur laquelle les islamistes toutes tendances confondues ferment les yeux, ne peut �tre occult�e par la �r�sistance� du Hezbollah et son populisme religieux, comme ne peut �tre occult�e la r�alit� d�une militarisation de fait de la vie sociale et politique de la quasi-totalit� des pays du Proche-Orient dont Isra�l est le plus puissant gr�ce au soutien massif am�ricain. A l�inverse, rien ne sert de diaboliser le Hezbollah si l�on occulte les conditions sociohistoriques de sa cr�ation ou le fait que Washington et Tel-Aviv ont de tout temps consid�r� que des mouvements se drapant de la banni�re de l�Islam ont servi et servent leurs objectifs : dans les ann�es 60/80, l�islamisme soutenu par Washington a �t� utilis� pour combattre le nationalisme progressiste arabe et la suppos�e menace communiste, en Afghanistan par exemple ; aujourd�hui, ce m�me islamisme organis� en partis politiques pr�sente l�avantage d��tre un �repoussoir� commode. La m�diatisation des actes terroristes islamistes, des vocif�rations contre les �impies� et les femmes par des barbus pakistanais, arabes et afghans donne de l�Islam une image tellement n�gative que des id�ologues bien intentionn�s n�h�sitent pas � l�exploiter comme repr�sentant l�ensemble des croyants des pays arabes et musulmans, qui constituerait une menace pour l�Occident, justifiant ainsi a priori �la guerre contre le terrorisme� de MM. Bush et Blair. Pour l�heure, le Hezbollah �vite d�endosser l�habit d�une r�sistance purement islamiste comme le poussent � le faire les mouvements islamistes de la r�gion au profit d�une posture symbolisant la r�sistance de tout un peuple. Mais � br�ve �ch�ance, elle risque de ne pas �tre tenable. Car le �Parti de Dieu� devra composer avec les r�alit�s d�un Liban qui, tout en inscrivant sa politique dans le cadre de la solidarit� arabe, ne veut plus �tre l�otage des rivalit�s g�o-politiques r�gionales. H. Z.