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Contribution
"CRISE" DU MDS OU COUP DE FORCE Pour une tentative de sa normalisation programm�e ? Par Ahmed MELIANI * (3e partie)
Publié dans Le Soir d'Algérie le 31 - 08 - 2006

Les �lections pr�sidentielles de 2004, dans ce sens, ont constitu� un tournant, parce qu�elles avaient pris en �tau toutes les forces d�mocratiques et patriotiques pi�g�es par leur caution � un processus �lectoraliste, non pas parce qu�il �tait entach� de fraude, mais parce qu�il �tait biais� d�s le d�part ; ce processus prenait �galement en otage toute la soci�t� qui aspirait � la paix et �tait en attente d�une v�ritable alternative d�mocratique de sortie de crise.
La nomination de Belkhadem n��tait donc pas le fruit du hasard. Elle a �t� l�aboutissement logique et pr�visible d�un processus de d�gradation du rapport de force, en d�phasage avec l��volution de la soci�t�, cons�quence d�un long processus de concessions r�p�t�es � l�int�grisme et � son bras arm� le terrorisme. Les maillons sont livr�s au fur et � mesure, par �tape : la charte pour la paix et la r�conciliation, la nomination de Belkhadem, la m�diatisation des chefs de file de l�islamisme et du terrorisme et des dirigeants du FIS dissous, prorogation des d�lais d�application de la charte� Le pouvoir a poursuivi, depuis, la mise en �uvre d�une v�ritable d�marche de mise au pas de la soci�t� et n�accepte aucune voix discordante poussant l�illusion d�une �dictature �clair�e� � son paroxysme. Les pratiques despotiques et r�pressives restent sa seule r�ponse aux luttes citoyennes et syndicales : emprisonnements et poursuites judicaires contre les journalistes, r�pression et poursuites judiciaires contre les �meutiers � travers le territoire national, harc�lement contre nos militants, interdiction de gr�ves, passibles de poursuites, par voie de justice� La soci�t� alg�rienne est prise en otage entre un pouvoir qui, pour se reproduire, veut toujours maintenir la soci�t� dans un vieux consensus aussi obsol�te qu�impossible � reproduire, un islamisme qui veut instaurer son �Etat� et ne se suffisant plus des possibilit�s que lui offrait l�Etat hybride, au-del� des aspects �tactiques� de contingence, et enfin, les forces d�mocratiques et modernes qui aspirent � une rupture sans pouvoir s�autonomiser pour une alternative d�mocratique de sortie de crise. L�embellie financi�re sert la reproduction �largie du syst�me et la redistribution de la rente de mani�re � g�n�raliser la corruption et emp�cher l��mergence d�une v�ritable soci�t� civile et d�une �lite qui en serait le prolongement. L�Alg�rie ne sait plus quoi faire de son argent ! Le pouvoir, tirant sa fiert� en remboursant la dette, reste incapable de promouvoir les m�canismes qui transformeraient la rente p�troli�re en accumulation productive du capital et en levier pour la relance de l��conomie ; les r�formes �conomiques sont en panne et la paup�risation atteint des seuils jamais atteints depuis l�ind�pendance. Ces �l�ments de constat confirment le niveau de d�gradation du rapport de force. Ils battent en br�che l�id�e �d�un tunnel qui constituerait une sortie de crise� s�appuyant sur des rentiers et donc amput�e d�un soutien et d�un accompagnement de la part des forces d�mocratiques. Cela supposerait implicitement une �volution positive dans le rapport de force dans un processus de d�passement de la rente et de l�islamisme (une r�volution en fait se serait d�roul�e sans que personne n�ait vu venir !). Cependant, il est n�cessaire de s�interroger dans quelle mesure le centre de gravit� du pouvoir refl�te-t-il le rapport de force g�n�ral r�el au sein des institutions. Le processus qui sous-tend la nomination de Belkhadem est loin d�exprimer les �quilibres du moment, il les bouscule. Loin de stabiliser des �quilibres fragiles, il les violente et produit une incertitude porteuse de dangers, mais porteuse aussi de possibilit�s de d�cantations nouvelles. Les forces d�mocratiques et patriotiques, au sein comme en dehors des institutions, t�tanis�es et pi�g�es par les erreurs du pass� et en panne d�une v�ritable alternative d�mocratique rassembleuse et mobilisatrice, ont cependant les ressorts pour se ressaisir et reprendre l�initiative historique pourvu qu�ils sortent du sentiment de culpabilisation et qu�ils tirent les enseignements du pass�.
De la caution anticip�e des �lections chez nos pseudor�novateurs :
Qu�est-ce qui a fond� notre rejet des processus �lectoralistes depuis 1991 ? Le suffrage universel est d�abord et avant tout un attribut de l�Etat moderne et les �lections sont un moyen de r�gulation, de r�solution des conflits et d�alternance au pouvoir dans le cadre d�un consensus d�mocratique national r�el sans risque aucun pour le caract�re r�publicain et d�mocratique du projet national. Le processus engag� en 1989, apr�s les �v�nements d�octobre 88, �tait un processus contradictoire parce qu�il portait en son sein � la fois les germes d�un processus d�mocratique mais aussi le danger d�instauration d�une th�ocratie totalitaire. D�s lors, chaque �ch�ance �lectorale prenait la tournure d�un r�f�rendum sur le projet de soci�t�. Le pouvoir avait encourag� un pluralisme d�brid� et porteur de tous les dangers en tol�rant des partis islamistes ennemis de la d�mocratie et en morcelant le potentiel d�mocratique tout en confisquant les moyens de l�Etat pour maintenir son h�g�monie � travers les partis-Etat. L�alliance islamo-conservatrice, en rupture avec la soci�t� r�elle, permet non seulement au syst�me de se reproduire, mais infl�chit davantage le rapport de force � droite. Les �lections deviennent des pl�biscites � un discours unique port� � son paroxysme. Aucune voix discordante n�est tol�r�e, les m�dias lourds sont confisqu�s et le pouvoir ne veut entendre que son propre �cho. Incapable de voir et d�entendre les luttes et les cris de la soci�t�, il ne peut et ne veut voir que le reflet de sa propre image. Le cadre institutionnel pr�d�termine les �lections et r�duit le pluralisme � un pluralisme de fa�ade. Le corps �lectoral, convoqu� de nombreuses fois, pervertit � chaque fois l�acte �lectoral et soumet la soci�t� au chantage : les partis islamistes ou les partis- Etats, au pire, les deux ! Les courants d�mocratiques morcel�s, dispers�s, emp�ch�s d�agir, sont contraints � une participation aux allures de figuration, on a besoin juste de leur caution. Ils sont mis dans l�incapacit� d�initier une alternative d�mocratique et patriotique de sortie de crise. La confiscation des moyens de l�Etat au profit des partis-Etats conditionne le r�sultat des �lections qui, au lieu de permettre une �mergence d�mocratique, renforce la d�rive despotique. Si les �lections sont universellement con�ues pour permettre d�am�liorer les conditions de vie et garantir l�exercice d�mocratique et la participation des citoyens � la gestion de leur cit�, en Alg�rie et apr�s chaque �lection, les conditions se d�gradent, la r�pression s��largit et les citoyens, exclus, n�ont d�autre recours que les �meutes pour poser leurs probl�mes ! Les �lus ne servent plus � rien et personne ne croit plus aux �lections ; la tendance � l�abstention et au boycott se g�n�ralise. Seul un consensus d�mocratique et patriotique concert� et n�goci�, loin de tout esprit partisan �troit, est � m�me de redonner confiance aux Alg�riennes et aux Alg�riens, de r�habiliter le suffrage universel et de favoriser les possibilit�s de sortie de crise. Ce consensus ne peut �tre que l��uvre des partis d�mocratiques, de patriotes, de personnalit�s d�mocratiques au sein et en dehors des institutions, des repr�sentants de la soci�t� civile et du mouvement associatif. Voil� pourquoi, dans le d�bat au sein du MDS, ce n�est pas la participation aux �lections qui �nous divise� ; la question des �lections est pendante � une question beaucoup plus fondamentale : faut-il int�grer ou non le processus initi� par Bouteflika ? Le rejet des �lections n�a jamais fond� l�identit� de notre Mouvement ; ce qui la fonde, par contre, c�est le rejet des processus qui reproduisent l�alliance islamo-conservatrice et marginalisent le potentiel d�mocratique et patriotique du pays, historiquement majoritaire. Nous avions d�j� envisag� la participation aux �lections pr�sidentielles de 1999 o� l�issue d�mocratique du scrutin ne pouvait �tre garantie que par une candidature consensuelle unique dans laquelle se reconna�traient de larges forces d�mocratiques et patriotiques. Nous sommes pr�ts � investir les �ch�ances �lectorales prochaines � condition que le cadre institutionnel de leur d�roulement permette une r�habilitation du suffrage universel et une �mergence d�mocratique et permette r�ellement de prolonger les luttes et les sacrifices des citoyens. Cette �ventualit� est possible par la mise en �uvre d�un large consensus d�mocratique concert� dans la construction duquel le MDS est pr�t � mettre toute son �nergie. Par contre, le MDS ne se laissera pas entra�ner dans une caution anticip�e aux prochaines �ch�ances. Un d�bat contradictoire, intense et ardu avait tendu les forces du Mouvement pendant des mois sur les partielles en Kabylie. Nos �redresseurs� voulaient faire passer en force une participation du Mouvement � ces �lections, alors que l�appr�ciation de la situation, l�analyse de l�ensemble des param�tres et de la situation en Kabylie juraient tous avec les desseins du pouvoir, � savoir la �normalisation� d�une r�gion en rupture de ban, et qu�une participation dans ces conditions n�aurait �t� qu�une caution � ce processus et un pi�ge qui se refermerait sur le MDS en gaspillant le capital de sympathie acquis de haute lutte. Les r�sultats ont confirm� par la suite que ces �lections ont permis surtout un retour des partis- Etat sur fond de recul du courant d�mocratique. Elles n�ont pas permis de capitaliser et de prolonger les luttes des citoyens en proie � la d�sillusion malgr� le formidable �lan d�mocratique qui avait anim� le mouvement citoyen pendant des ann�es. C��tait le cas par rapport au r�f�rendum sur la charte pour la paix et la r�conciliation nationale o� la position de ces �redresseurs �, apr�s avoir d�velopp� un pr�jug� favorable, �tait �oui� � une participation par le �non� qui allait, selon eux, largement l�emporter. Cependant la position prise par le Mouvement de rejet du r�f�rendum et des partielles lui a permis non seulement de rebondir politiquement, apr�s une p�riode d�h�sitation li�es � ces pressions, mais surtout d�engager une des campagnes des plus importantes malgr� la pression du pouvoir et les poursuites judiciaires contre nos militants. On pensait � juste titre, lors des d�bats au sein du MDS sur la charte, que celle-ci, et au-del� des concessions qu�elle fait � l�int�grisme et de l�absolution des crimes terroristes, � la limite de la culpabilisation des victimes et de ceux qui ont r�sist�, vise � sceller une alliance strat�gique islamoconservatrice, permet � l�islamisme de se red�ployer avec arrogance et fixe le cadre politicoid�ologique qui pr�d�termine les futures �ch�ances �lectorales. Le projet de r�vision constitutionnelle peut-il �tre autre chose qu�une nouvelle �tape dans ce processus ? La pr�cipitation de ces �normalisateurs� � exprimer une satisfaction quant � cette r�vision, avant que le projet ne soit rendu public, rappelle la position sur l�amnistie. Serait-ce un autre signal de bonne volont� qu�on veut envoyer � qui veut l�entendre ? Une prise de position pour une participation � toute �lection � venir, sans aucune pr�caution li�e aux conditions de leur d�roulement, prendrait l�allure d�une caution anticip�e par l�effet d�annonce.
Cristalliser autour d�un soidisant dysfonctionnement d�mocratique pour mieux pi�ger des militants dans des positions politiques jusque-l� inavou�es :
Ainsi, et apr�s avoir �chou� � entra�ner le mouvement dans des positions qui d�vitalisent sa ligne strat�gique de son noyau r�volutionnaire, et apr�s avoir subi un �chec gr�ce � la vigilance des militants qui avait permis d�adopter les projets de r�solutions au congr�s, ces camarades d�plac�rent le d�bat au niveau �organique �. Ils misaient sur une reconfiguration de la composante humaine du congr�s qui tournerait le dos � l��paisseur politique et la profondeur historique du MDS et � son encadrement. Au nom d�une soi-disant �ouverture� l�objectif prend forme : noyer le potentiel du MDS dans le nombre par des quotas pr�fabriqu�s et repr�sentant des r�gions o� le MDS n�est pas pr�sent organiquement, donner le statut de d�l�gu�s � des mouvements associatifs, un profil pour la direction future et une gestion du gongr�s qui tournerait le dos au capital symbolique du Mouvement. Accepter un tel chantage c��tait prendre le risque d�un �clatement du MDS lors du congr�s qui devait se tenir en mai pass�. Ce sont l� les raisons fondamentales qui ont pr�sid� au changement du 21 avril 2006 et que le Conseil national du 27 avril 2006 avait confirm� malgr� la tentative d�obstruction au d�bat. Ce sont aussi les raisons qui ont dict� au Conseil national la n�cessit� de reporter le congr�s pour le pr�parer et le tenir dans la s�r�nit�.
A.M.
A suivre
* Secr�taire g�n�ral par int�rim du MDS


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