Mike Davis, universitaire nord-am�ricain, auteur, entre autres, de City of Quartz, Los Angeles, capitale du futur, Plan�te Bidonvilles, n�est plus � pr�senter. Critique d�un urbanisme de classe bas� sur la s�gr�gation sociale, il s�est attaqu� cette fois-ci � l�explosion des bidonvilles dans le monde. A travers son dernier ouvrage, Le pire des mondes possibles, il nous livre un sc�nario-catastrophe de ce que sera la plan�te d�ici un quart de si�cle, notamment dans le Sud. Le chercheur am�ricain se base sur un rapport affolant de l�ONU selon lequel les deux tiers de l�humanit� vivront dans des villes en 2025. Selon ces projections onusiennes, le milliard de personnes, priv�es du minimum, s�entassant dans des bidonvilles � la p�riph�rie des grandes villes du Sud atteindra le chiffre de 4 milliards d�habitants. D�j� en Afrique, les bidonvilles croissent deux fois plus vite que les villes. Au Nigeria, la part de la population vivant en bidonville repr�sentait 79% en 2003, soit plus de 41 millions d�habitants, au Bangladesh, elle est de 84%� D�ici 2015, sur les 23 villes qui auront une population sup�rieure � 10 millions, 19 sont situ�es dans le Sud. Au Caire, par exemple, plus d�un million et demi de personnes s�entassent dans les bidonvilles, certains habitent des cimeti�res, transformant des mausol�es de l��poque mamelouk en logement, tandis que plusieurs dizaines de milliers d�autres d�racin�s ruraux � un ph�nom�ne tr�s r�cent � ont transform� les terrasses des immeubles du Caire en bidonvilles avec vue sur le Nil ! L�Alg�rie n�est pas en reste. Chez nous, la bidonvilisation, qui a pris la forme de l�habitat pr�caire et v�tuste, gagne chaque ann�e du terrain. Faute d�alternative socio�conomique au n�o-lib�ralisme, souligne Mike Davis, la prolif�ration exponentielle des bidonvilles va d�cupler la pauvret�, la mis�re et les maladies. En effet, contrairement au XIXe si�cle, d�but de la r�volution industrielle capitaliste, on assiste aujourd�hui � une urbanisation sans cr�ation d�emplois. Mike Davis pointe du doigt les logiques n�o-lib�rales � l��uvre dans les pays du tiers-monde, via le poids de la dette, les plans d�ajustement structurel et cette contre-r�volution n�o-lib�rale en marche dans les pays du Sud depuis que leurs gouvernements n�essaient m�me plus de mettre en place des politiques de d�veloppement dignes de ce nom. En fait, on assiste � une logique de classe : les riches se mettent � l�abri, tandis que les pauvres, de plus en plus nombreux, sont livr�s � eux-m�mes et deviennent la proie des id�ologies religieuses et mill�naristes. �Il faut commencer par la solution propos�e par la Bible : les pauvres souffrent en ce bas monde, mais ils seront magnifiquement r�compens�s dans l�autre. Cette solution admirable permet aux riches de jouir de leur richesse tout en enviant les pauvres pour leur f�licit� dans l�Au-del�, ironisait, en 1985, l��conomiste am�ricain John Kenneth Galbraith. C�est, toutes choses �gales par ailleurs, ce qui se passe en Alg�rie, avec ces discours politiques empreints de religiosit�, s�attachant � canaliser la col�re populaire vers les femmes qui ne portent pas le voile, vers ceux qui ne font pas la pri�re, vers les journalistes qui informent sur les malversations et, depuis que c�est devenu un th�me � la fois de mobilisation et de diversion, vers ces Occidentaux qui critiquent l�Islam. �a ne co�te rien parce qu�on pense ainsi occuper le petit peuple au lieu de r�pondre et de satisfaire � ses besoins en mati�re de logement et d�emploi. Au-del�, Mike Davis pose la question de savoir si cette population socialement d�sint�gr�e, sans autre perspective que la pauvret�, n�est pas annonciatrice de sc�narios � la Mad Max. Les �meutes sociales qui secouent de temps � autre le pays, le d�veloppement de la d�linquance et du banditisme en sont peut-�tre les pr�mices. �Hadari� (attention) comme on dit chez nous �