Une scientifique turque de 92 ans, Muazzez Ilmiye Cig, une pro-la�que convaincue, a �t� acquitt�e hier � l'ouverture de son proc�s controvers� et m�diatis� � Istanbul pour ses �crits sur le port du voile, un symbole qui divise la soci�t� turque. Le procureur a imm�diatement demand� l'acquittement de Mme Cig, estimant que �les �l�ments du d�lit n'�taient pas constitu�s� et que ses opinions incrimin�es ne posaient pas de danger � la s�curit� publique. Les juges ont prononc� d�s lors son acquittement, ainsi que celui de son �diteur, Ismet �g�t�c�, jug� pour le m�me d�lit, celui d'insulte � autrui en raison de sa religion. L'�minente sp�cialiste de l'�poque sum�rienne, civilisation m�sopotamienne du IVe mill�naire avant J-C, s'est expos�e � la col�re des cercles islamistes pour ses �crits sur ce premier peuple antique, selon elle, � avoir utilis� le voile chez la femme comme signe de distinction, des milliers d'ann�es avant l'apparition de l'islam. Dans un livre publi� l'an dernier, Mme Cig, qui d�fend les principes du fondateur de la Turquie moderne et la�que, Mustafa Kemal Atat�rk, avait affirm� dans des propos particuli�rement virulents et provocants, selon certains, que le foulard avait �t� port� pour la premi�re fois par des �femmes publiques� sum�riennes. Il s'agissait de pr�tresses qui initiaient les jeunes hommes � la viesexuelle dans des temples, tout en n'�tant pas des prostitu�es. Un avocat d'Izmir (ouest), qui s'est senti offens�, a port� plainte, poussant les procureurs � intenter une action contre la scientifique et son �diteur. Mme Cig et M. �g�t�c� risquaient jusqu'� 18 mois de prison (bien 18 mois). L'accus�e, qui a affirm� devant les juges n'avoir �jamais eu l'intention de faire de discrimination entre les gens� et qui s'est qualifi�e comme �une fille de la r�volution k�maliste�, a �t� applaudie � sa sortie du tribunal par quelque 200 sympathisants. Cette petite femme, qui ne cesse d'affirmer dans ses �crits que la Turquie d'aujourd'hui s'est �loign�e des valeurs r�publicaines instaur�es par Atat�rk, est devenue la coqueluche des milieux pro-la�ques qui craignent que le gouvernement islamo-conservateur du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan n'entame cet h�ritage. Elle a adress� une lettre � l'�pouse de M. Erdogan, l'invitant � �ter son voile pour donner l'exemple � ses compatriotes interdites d'acc�s � la fonction publique et aux universit�s quand elles portent le voile. �Elle peut porter ce qu'elle veut � la maison. Mais en tant qu'�pouse du Premier ministre, elle ne peut porter ni croix ni foulard�, at- elle dit dans une interview le mois dernier. Mme Erdogan n'a pas r�pondu � la missive. La plupart des �pouses des ministres turcs sont voil�es. La question du port du foulard est redevenue d'actualit� en Turquie apr�s l'arriv�e au pouvoir en 2002 de M. Erdogan et son parti de la Justice et du D�veloppement (AKP), issu de la mouvance islamique. Ce parti a promis � ses �lecteurs d'abolir l'interdiction de port du voile dans la fonction publique et les universit�s. Jusqu'� pr�sent il n'y est pas parvenu en raison du refus des milieux prola�ques, dont l'arm�e. Une trentaine de personnes �taient venues soutenir la cause de l'accus�e, souriante, dans la salle de tribunal d'une cour d'assises de Beyoglu, dans le centre-ville. De nombreux journalistes ont assist� �galement � l'audience sous l'�il vigilant de la police anti�meute. Aucun incident n'a �t� signal�.