Les travaux dans le port de p�che et de plaisance de la ville de Tigzirt-sur-mer tirent � leur fin apr�s un retard de pr�s de trois ans. En effet, ce projet, dont les d�lais impartis � sa r�alisation compl�te �taient de 24 mois, devait �tre r�ceptionn� le 17 mars 2004. Le gros �uvre est � pr�sent termin�, les deux jet�es achev�es, les deux appointements ainsi que le dragage du bassin, il ne reste que le b�tonnage ou le goudronnage du terre-plein. D�ailleurs le groupe r�alisateur Meditram a r�duit drastiquement sa pr�sence sur le chantier en hommes et en mat�riel depuis quelques semaines d�j�. Retour sur les faits : les travaux avaient enregistr� au d�marrage, en autonome 2002, un retard de six mois environ sur les vingt-quatre requis � son ach�vement. Au d�but du chantier, les responsables de Meditram avaient promis de mettre les bouch�es doubles pour rattraper le temps perdu et terminer le projet dans les d�lais. Mais les difficult�s du groupe � ouvrir une carri�re d�exploitation de roche dans les environs imm�diats de la ville de Tigzirt a s�rieusement perturb� les pr�visions de l�entreprise. Car, au d�part, celle-ci comptait exploiter le gisement du cap Tadl�s, qui est un patrimoine historique pour subvenir aux besoins �normes de l�ouvrage en roche. Mais il faut compter avec la population du village de Taksebt qui s�est dress�, � l�occasion, comme un seul homme mobilisant tous les voies et moyens pour faire �chouer le projet destructif attentant au patrimoine national. Ce qui a pour cons�quence directe de pousser Meditram � reprendre le chemin de la vieille la carri�re des A�t Rehouna dans la commune voisine d�Azeffoun qui subit une remise en l��tat apr�s des ann�es d�exploitation pour les besoins du port de la ville pr�cit�e. La longue distance � parcourir par les camions, 35 kilom�tres environ, faisait perdre un temps pr�cieux � l�entreprise et ne fait que corser la situation. S�en est suivie alors toute une s�rie de prospections et d��tudes de carri�re mais sans r�sultat. Et comme dit l�adage populaire, un malheur ne vient jamais seul... En effet, au manque de carri�re s�ajoute la fermeture des sabli�res de la r�gion au d�but de l�ann�e 2004 par le wali de Tizi-Ouzou. Une d�cision qui n�a fait qu�embrouiller encore davantage les pr�visions du groupe r�alisateur. D�j� quelque temps avant son lancement, la d�cision d�implanter le nouveau port sur le site du petit port et de la petite plage a soulev� des oppositions � Tigzirt. Le projet en effet n�a laiss� personne indiff�rent dans la ville. Il a divis� la population en deux camps. Les opposants, men�s sous la houlette des arch�ologues qui �taient f�rocement oppos�s, avaient initi� une protesta pour pr�server un site romain, d�une valeur inestimable, d�couvert quelques ann�es auparavant � la petite plage et qui se trouve aujourd�hui sous une �paisse couche de gravats. Mais, lorsque les autorit�s se voulaient convaincantes et persuasives, elles savaient agir de fort belle mani�re. Elles avaient martel� � outrance l�argument �conomique. Et pour le reste, la m�canique officielle forte dans le discr�dit et la descente en flammes s�en est charg�e des opposants. Mais, depuis, beaucoup d�eau a coul� sous les ponts et chacun, � la lumi�re d�une aveuglante r�alit�, dans son petit coin, a tri� le bon grain de l�ivraie. Car les arguments �conomiques tant ressass�s pour faire passer l�am�re pilule du massacre arch�ologique et �cologique ne tiennent plus la route. Le chantier gigantesque qui devait recruter au moins 150 ch�meurs n�a pas tenu ses promesses. Car, ils n��taient qu�une dizaine de travailleurs locaux � avoir �t� enr�l�s pour la dur�e du chantier. Et les diff�rentes unit�s d�accompagnement comme la conserverie industrielle, la fabrique de glace, d�hame�ons et de filets de p�che ou encore les casiers en dur pour les p�cheurs ne sont pr�sentes que dans les calculs propagandistes, sortis pompeusement du fond du sac pour s�duire le maximum de personnes � la cause. A ce propos, il est utile d�ajouter que l�acquisition d�un port de cette envergure dans une bourgade comme Tigzirt est un apport ind�niable. Seulement, la v�rit� a �t� occult�e sur les facettes du projet. Lors de notre vir�e sur les lieux jeudi dernier, le bassin du port de 25 200 m2 demeure calme et ce, bien que la mer �tait d�mont�e aux alentours. A l�int�rieur, ne sont mouill�s que quatre palangriers et un sardinier de 5 m�tres de long environ ainsi que quelques autres petites barques. Le port pour rappel a �t� con�u pour pouvoir abriter 81 bateaux dont 50 de plaisance (ex : hors-bords) et 31 de p�che (24 petits m�tiers et 7 sardiniers chalutiers) dont la longueur varie entre 10 et 20 m�tres. Et, chose bizarre, � quelques mois, peut�tre � quelques semaines de sa r�ception officielle, il ne compte dans ses eaux aucun bateau de cet acabit. La fiche technique du projet tablait sur une production annuelle de 260 tonnes de poisson blanc et de 1 200 tonnes du poisson bleu en plus d�une quantit� non n�gligeable de crustac�s. Avec ce mat�riel de rafistolage, il est tout � fait clair que cet objectif ne sera peut-�tre jamais atteint. La v�rit� veut que les pauvres p�cheurs locaux, auxquels le projet �tait en principe destin�, ne poss�dent pas les moyens et les appuis n�cessaires pour pouvoir d�crocher les cr�dits bancaires pouvant atteindre plus d�un milliard de centimes pour s�offrir ce mat�riel. Les rares tentatives qui ont �t� entreprises ont tourn� court. Selon une source proche des p�cheurs, un seul dossier est sur le point d�aboutir. Les 30 autres places r�serv�es � cette cat�gorie de bateaux serviront � cr�er un cartel de barons de la p�che qui viendront exploiter de nouveau �les fils du pauvre�. C�est dire qu�� ses d�buts le projet a suscit� de grands espoirs chez le petit peuple, pauvre et humili�, qui ont vite c�d� la place � la d�ception en cours de route et maintenant � l�appr�hension en phase finale du projet...