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Reportage
VOYAGE DANS LES ANTRES DE LA FILIERE CHINOISE DE L'IMPORT Chinatown � Sidi Reghis R�alis� par Lyas Hallas
Publié dans Le Soir d'Algérie le 23 - 12 - 2006

Situ�e � 56 kilom�tres de Constantine, la da�ra de A�n Fakroun est l�une des agglom�rations les plus peupl�es de la wilaya d�Oum-El-Bouaghi avec 47 315 habitants (1998). Une localit� � vocation agricole devenue pourtant, depuis quelques ann�es, le plus grand �centre commercial d�habillement� en Alg�rie, voire la destination la plus pris�e par les commer�ants, d�taillants et grossistes, des diff�rentes r�gions du pays et notamment d�Alger, Tizi- Ouzou et Boumerd�s en qu�te de produits �camelote�, en provenance des pays sud-asiatiques et essentiellement de la Chine, inject�s � flots, dans le march� alg�rien, par les importateurs de A�n Fakroun.
Mais cette nouvelle donne n�a pas pour autant chang� les us et coutumes de ses habitants. Le �shoping � n��tant toujours pas l�apanage des femmes de A�n Fakroun alors que les n�o-importateurs n�ont pas, pour leur majorit�, renonc� � leur activit� originale � savoir l��levage du b�tail. L�acte de l��levage c�toie en effet, l�incessant transit des containers en provenance de Chine � m�me les habitations implant�es dans le centre urbain, construites � coup de milliards � la couleur ciment au fameux quartier � ESetha � notamment. Et si les dividendes de cette activit� commerciale sont fort sentis par la population de A�n Fakroun, compte-tenu des emplois g�n�r�s par ce cr�neau, le taux de ch�mage est des moins bas � Oum El Bouaghi, aucune incidence sur le d�veloppement local de la cit� n�est pour autant perceptible. A la moindre averse, tous les passages et routes de ce grand � souk � se transforment en mar�cages, fatalement impraticables. De plus, aucun h�tel ou autre structure d�accueil indispensable aux transactions qui s�y font n�existent � A�n Fakroun. Par une matin�e pourtant hivernale, l��tranger est frapp� par une atmosph�re poussi�reuse qui ne laisse pas indiff�rent. L�entr�e nord de A�n Fakroun sur la route menant vers Constantine est en chantier. L�am�nagement de la route en double voie et la r�habilitation des trottoirs ainsi que l��clairage public est � pied d��uvre. Il est 9h00, en allant vers le quartier � E-Setha � via l�avenue principale de cette cit�, la rue du 1er- Novembre 1954 en l�occurrence, nous d�couvrons un village plut�t paisible. Les caf�s sont � moiti� vides. Le visiteur peut s�offrir un plat de pois chiches et des brochettes m�me � cette heure-ci. Les senteurs qui se d�gagent si t�t des gargotes align�es tout au long de la rue invitent le passager � la table, m�me si l�hygi�ne est relative.
A la d�couverte d�E-Setha
�Vous �tes � E-Setha, parcourez les passages que vous voulez, le quartier s��tend � perte de vue sur la route menant vers A�n Kercha et A�n M�lila, vous ne pouvez pas imaginer sa grandeur ! � r�pondit avec enthousiasme, un jeune homme apparemment d�s�uvr�, � qui nous demandions de nous indiquer notre chemin. Sa disponibilit� est aussi instinctive que sa curiosit� puisqu�il n�omettra pas de nous demander � son tour d�o� nous venons et pour quel motif ? A E-Setha, l�on se rend compte tout de go que la poussi�re est plut�t l�effet de l��tat de d�labrement des routes qu�aux chantiers d�am�nagement. Au bout de quelques minutes de marche, nos pas errants enjambent une ruelle o� tous les magasins proposent des habillements pour femmes et d�autres articles de literie. � Ici, c�est Souk La�rra�s (march� des mari�es), vous ne trouverez pas des trucs pour hommes � lance � notre adresse un jeune qui aurait flair� notre �garement. Le contact avec le g�rant de la premi�re �choppe visit�e, affichant en gros caract�res �vente en gros�, �tait moins difficile que de l�emmener � d�layer la langue malgr� la disponibilit� qu�il a affich�e pour r�pondre � nos interrogations. �Personne ne peut d�noncer ces pratiques que vous qualifiez d'irr�guli�res !� a-t-il assur�. Il nous apprendra que l�affluence �tait plus nombreuse � �Souk La�rra�s� trois mois auparavant et notamment durant le Ramadhan et que les gens devraient jouer des coudes pour sortir d�ici parce que les prix sont moins chers qu�ailleurs. A l�avenue principale d�E-Setha, la multitude de boutiques d�habillement qui longent de part et d�autre la route sont loin de ressembler � des magasins � respect�s � aux �talages bien garnis et moins encore � des hangars de stockage de marchandises. Ce sont plut�t des �garages� bourr�s de cartons dont certains portent sur leur �tiquetage une immatriculation d�une autre ville. D�autres commerces, et ils sont nombreux �galement, exposent des v�tements et des chaussures de tous genres en dehors de leurs �garages�. Si les prix sont abordables, la qualit� elle, laisse, h�las, � d�sirer � Ici � A�n Fakroun, on commercialise des produits camelote pour des prix d�risoires, et ce, au grand bonheur des petites bourses�, soutient un g�rant, architecte de formation, qui a pr�cis�, par ailleurs, que la majorit� des commerces emploient des �universitaires�. Une solidarit� in�gal�e avec cette couche de la soci�t� d�apr�s ce m�me g�rant qui affirme que l�activit� commerciale a r�duit le taux ch�mage � A�n Fakroun en g�n�ral et chez les plus lettr�s en particulier. �Ceux qui ma�trisent l�anglais assurent m�me la mission d�interpr�tes dans les march�s asiatiques�, a-t- il indiqu�. Il n�en demeure pas moins que pour autant que ces centaines d�emplois cr��s, rel�ve du domaine du travail au noir puisque rares sont les employeurs qui d�clarent leur personnel. �Le sujet est tabou� commente notre interlocuteur. Selon lui, les grossistes et les d�taillants de la r�gion du Centre, pr�cis�ment ceux d�Alger, Tizi Ouzou et Boumerd�s constituent la plus importante client�le des importateurs de A�n Fakroun qui ne trouvent aucune peine � �couler leurs marchandises aupr�s de ces derniers. Et pour cause, � les importateurs de la r�gion centre du pays ne s�int�ressent pas aux habillements chinois, pris�s par les petites bourses au moment o� ce territoire conna�t une forte concentration urbaine et de population d�o� ce flux des commer�ants du Centre. Une sorte de sp�cialisation comme c�est le cas de la pi�ce de rechange et du pneumatique � Ain M�lila, A�n Fakroun est, d�sormais, r�put�e par ce commerce d�habillements du r�clame import�s essentiellement de Chine mais aussi d�autres pays comme l�Inde, l�Indon�sie, la Malaisie, Ta�wan, Duba� et � un moindre degr�, l�Egypte, la Syrie et la Turquie, voil� !� explique-t- il.
D�E-Setha � H�djila
Il est 11h00. Nous prenons la destination d�un importateur implant� � la sortie d�E-Setha en allant vers A�n M�lila. Le moment n��tait pas de tout repos pour les �dockers� qui se h�taient � charger des cartons sur la benne d�un camion de type �Sonacome K66�. L�on apprendra que sa destination �tait le march� d�habillement de A�n Lahdjel, appel�e commun�ment � H�Djila �, dans la wilaya de M�sila. Un march� � l�envergure nationale, selon certains commer�ants. L�importateur que nous cherchions n��tait plus l�. Nous apprenions qu�il �tait parti en direction d�un poste frontalier � Souk-Ahras pour r�gler des affaires. Son fils a�n�, qui, selon un employ�, travaille ind�pendamment, ne nous a rien communiqu�. �Pas question de prendre des photos � nous fait-on savoir. Devant cette �hostilit�, nous nous rabattons sur le chauffeur du camion. Un vieillard portant un turban ou �razza�, selon le vocable utilis� dans la r�gion, qui nous avertira que le convoi d�marrera dans la soir�e pour arriver � � H�djila � la nuit, avant l�heure de l�ouverture du march�. Le vieillard attirera notre attention sur le terrain juste � c�t� qui serait un parking qui abrite les v�hicules en partance vers ce souk de M�sila. Du plus gros tonnage aux fourgons de fortune, ce sont chaque semaine 300 � 400 camions et camionnettes de A�n Fakroun qui investissent ce march�. �Nous partons en convoi ou, parfois, en solo�, a-t-il soulign�. Un quinquag�naire, qui ricanait avec le vieillard, interrompit notre conversation. �On t�a bastonn� et tu n�es toujours pas pr�t � renoncer � ces d�placements �. Rire. L�ins�curit� p�se-t-elle sur cette activit� ? �Souk H�djila est l�un des plus s�curis�s en Alg�rie contrairement � souk El Khettab, une localit� situ�e � 40 km de Mostaganem, o� les agressions sont fr�quentes. Souk H�djila est paisible et c�est pour cela que les commer�ants de A�n Fakroun ne vont plus � El Khettab�, r�torque le chauffeur.
Savoir lire, �crire et� compter
Selon un autre importateur, la plupart des commer�ants de A�n Fakroun acqui�rent la marchandise en provenance de Chine par l�interm�diaire de revendeurs pakistanais, indiens ou y�m�nites install�s � Duba�. Cette marchandise est d�douan�e par des transitaires au niveau du port de Skikda et une fois achemin�e, des groupes de dockers, form�s de 8 � 10 personnes, d�chargent les containers en contrepartie de 10 000 DA. Par la suite, les grossistes et les d�taillants de A�n Fakroun et �galement ceux de la r�gion du Centre, notamment Alger, prennent le relais pour commercialiser ces habillements dans les diff�rents souks �parpill�s � travers le territoire national. � Il y a beaucoup d�importateurs qui investissent ce cr�neau dans toutes les villes d�Alg�rie, mais A�n Fakroun est le centre de ce commerce d�habillements chinois. Les commer�ants d�Alger et de plusieurs villes de l�Est du pays viennent ici pour s�approvisionner, a-t-il indiqu� en d�plorant l��tat de d�labrement des routes et des trottoirs qui deviennent impraticables � la moindre averse dans cette ville. Il n�y a m�me pas une aire de stationnement et cela entrave terriblement le dynamisme de notre travail �. Et d�ajouter que cette activit� commerciale a chang� un petit peu les m�urs de la r�gion dans la mesure o� les gens de A�n Fakroun ne sont pas habitu�s au �shopping� des femmes qui viennent des villes avoisinantes pour faire des courses. �Cette donne a enclench� le mouvement chez les dames de A�n Fakroun !� a-t-il observ�. Notre interlocuteur soutient par ailleurs, que la majorit� des importateurs emploient des universitaires pour le travail de comptabilit�. Peu importe leurs sp�cialit�s, l�essentiel est qu�ils savent lire, �crire et� compter ! Dans la foul�e, il r�v�lera que certains importateurs font sortir des sommes de devises importantes sans les d�clarer, allant de 5000 � 10 000 euros, en plus des 3600 euros autoris�s par les autorit�s alg�riennes. L�on nous pr�viendra d�ailleurs, qu�ici, le march� parall�le de la devise est des plus �florissants�. Selon l�un de ces marchands, de la devise s�entend, � des commer�ants de A�n M�lila viennent r�guli�rement � ESetha dans de grosses cylindr�es avec des malles pleines de devises et offrent toutes les monnaies du monde. Pour assouvir notre curiosit�, on nous recommande � Ch�rif, l�un de ces cambistes qui a pignon sur rue. Dans son local presque vide, il nous proposera d�embl�e des billets, des euros et des dollars. Nous faisons mine d��tre int�ress�s par des dollars canadiens et lui de nous sugg�rer donc, de revenir le lendemain.
Cit� du container et du b�tail
Au retour, certaines ruelles que nous avons emprunt�es ont �t� envahies par des troupeaux de b�tail. Ovins et bovins d�ambulaient au milieu d�habitations construites, s�rement � coups de milliards, � la couleur � ciment �, en plein centre urbain de A�n Fakroun. Un autochtone nous pr�cisera que ce ph�nom�ne est une cons�quence de l�exode rural massif qui a prolif�r� pendant la d�cennie noire. Un sexag�naire, apparemment plus averti, a conclu que l��levage du b�tail est enracin� dans les traditions de la r�gion et personne ne peut nier que cette activit� est � l�origine de l�enrichissement de tous les �milliardaires� de A�n Fakroun, reconvertis dans l�import, �c�est ancr� dans le sang des gens de A�n Fakroun�, a-t-il soutenu. La discussion est brutalement interrompue lorsqu�une voiture flambant neuf, une Golf de cinqui�me g�n�ration, fit irruption en sortant d�un garage de fortune couvert d�une plaque de zinc ! Dans un restaurant, nous avons demand� s�il �tait possible de trouver un h�tel � A�n Fakroun ? Le serveur nous pr�cisera qu�aucune structure h�teli�re n�existe dans cette ville. Notre voisin de table justifiera ce manque par l�attitude conservatrice des gens de A�n Fakroun qui, se m�fient de telles auberges, qui, � leurs yeux, sont des lieux incontournables de prostitution et du commerce des boissons alcoolis�es. Pourtant � les mauvaises langues � avancent que A�n Fakroun est la proie d�une propagation alarmante de la consommation de drogue de m�me que l�existence d�un nombre important de commerces illicites d�alcool commun�ment appel�s �Mistas�, implant�s � la p�riph�rie de A�n Fakroun et dans les bois.
Le d�veloppement local � la tra�ne
A la da�ra, notre demande relative � une fiche monographique r�capitulant les statistiques officielles et l��ventail des projets lanc�s par l�Etat dans le cadre des programmes de d�veloppement � A�n Fakroun est demeur�e sans suite. Le chef de da�ra a refus� formellement de nous communiquer quoi que ce soit, � en ma qualit� d�auxiliaire de l�administration, je ne peux rien avancer. Vous pouvez vous adresser au cabinet de la wilaya � a-t-il sugg�r�. Le P/APC d�ob�dience �MSP�, plus connu � A�n Fakroun sous le nom de � Cheikh Bouzid �, a �t� plus coop�ratif. Il p�che n�anmoins par une ignorance criante des chiffres. Il n�h�sitera pas, toutefois de louer le lancement, il y quelques jours, du plus important projet lanc� � A�n Fakroun durant son mandat, le barrage �d�Ourkis� en l�occurrence. Une localit� situ�e � 9 km au sud de A�n Fakroun sur la route menant vers �Bougherara E-Sa�oudi�. Le projet, pilot� par l�Agence nationale des barrages, co�tera selon notre interlocuteur la bagatelle de 6 milliards de DA. Si le maire n�a pas �t� � cheval concernant la capacit� de cet ouvrage �strat�gique�, il a pr�cis� que ce barrage alimentera plusieurs villes environnantes. Le nombre de postes d�emploi g�n�r�s par les travaux de r�alisation de ce projet, d�une dur�e de 24 mois, est de l�ordre de 300. �La gestion de l�ouvrage, une fois achev�, sera assur�e pas plus de 150 employ�s permanents. Son impact sur les activit�s agricoles est aussi important car, si les cultivateurs souffrent de la pluviom�trie fluctuante et le manque de sources d�eau destin�es � l�irrigation, le barrage leur permettra d��tablir des mara�chages, d�velopper une culture de l�gumes et de fruits et �galement d�am�liorer le rendement des c�r�ales qui est le seul cr�neau investi par ces agriculteurs en plus de l��levage du b�tail. D�autant que cette retenue g�ante d�eau confortera l�alimentation en eau potable jusqu�ici bihebdomadaire et changera certainement l�atmosph�re de la r�gion, du climat sec � un climat semi�humide� s�enorgueillit le P/APC. A propos de l��tat de d�labrement des routes de A�n Fakroun � l�origine de l�atmosph�re poussi�reuse et l�air irrespirable et qui transforment la ville en un v�ritable bourbier � la moindre averse, cheikh Bouzid affirme que cette situation n�affecte pas l�activit� �conomique et commerciale dans sa commune. �Je crois que la boue n�emp�che ni l�activit� des commer�ants ni les visiteurs � faire des courses. Ce sont plut�t les voleurs qui entravent la bonne marche de l�activit� commerciale. Mais, ajoute-t-il, gr�ce aux efforts consentis par la police et la justice, tous les malfrats de A�n Fakroun ont �t� intern�s en prison et depuis 2 mois, le probl�me de l�ins�curit� ne se pose plus �. Selon lui, la commune a inscrit 3 op�rations de r�habilitation des routes, lanc�es depuis un mois � travers trois sites : A�n El Aoura (un site d�une grande concentration commerciale), la Cit� des anciens combattants et l�entr�e nord de la ville en allant vers Constantine, en consacrant une enveloppe financi�re de 4,5 milliards de centimes. D�apr�s cheikh Bouzid, �le taux de ch�mage � A�n Fakroun est des plus bas par rapport aux autres communes d�Oum El Bouaghi�. Sans donner un chiffre exact, il justifie cette tendance � la baisse par les effets de l�activit� de l�import et la solidarit� des gens de A�n Fakroun. Pour le maire, le nombre des habitants de A�n Fakroun avoisinerait les 70 000 �mes. �Le dernier recensement (1998) a estim� la population de la commune � 47 315 habitants, mais ce chiffre est contestable car la situation s�curitaire de l��poque a d�cr�dibilis� la fiabilit� du recensement d�autant plus que le taux de natalit� est �lev�, a-t-il jaug�. En outre, notre interlocuteur a avou� que les ressources de la commune ont augment� � hauteur de 50% par rapport � l�ann�e derni�re, compte tenu de la r�glementation du commerce ext�rieur engag�e par l�Etat, �la cagnotte fiscale de la commune a augment� puisque la fraude a connu un recul depuis que l�Etat a proc�d� au nettoyage de ce secteur. A�n Fakroun dispose �galement d�un march� hebdomadaire (lou� contre 9,5 millions de DA pour l�exercice 2006) et un abattoir (2,3 millions de DA) pour la m�me p�riode�, a-t- il indiqu�. La crise de logement n�a pas �pargn�, par ailleurs, la ville de A�n Fakroun. Contre 3600 demandes de logements sociaux, 220 seulement ont �t� satisfaites en juillet dernier. Une centaine d�unit�s distribu�es a b�n�fici� aux habitants du quartier � El Hir�che �, recas�s suite � l��radication de leurs constructions illicites. Le bidonville d�El Hir�che compte 400 familles. Les habitants des autres bidonvilles : Boua�fia au nord de A�n Fakroun et Kaf Echekara � l�ouest, au nombre de 120 familles, attendent encore leur recasement. 200 logements sont en cours de r�alisation. Le d�ficit s��l�ve donc � plus de 3000 unit�s. S�agissant du probl�me du foncier, A�n Fakroun n�est pas en reste des grandes agglom�rations du pays. � Nous n�avons pas o� s��largir, le centre urbain est satur� et la p�riph�rie de la commune se compose de terres agricoles et autres propri�t�s priv�es. Pis encore, la commune ne dispose pas de moyens financiers pour payer les expropriations. On a du mal � trouver des terrains constructibles. En tout �tat de cause, nous sommes en train de r�viser le plan directeur d�urbanisme, et ce pour d�terminer exactement l�assiette fonci�re de la commune� a-t-il d�plor�. L�habitat rural est aussi � la tra�ne. La commune a b�n�fici� d�un quota de 120 habitations dans le cadre du plan quinquennal. Le d�ficit est encore flagrant. 300 demandeurs, selon le maire, attendent leur tour. Parmi eux, 200 r�sident au centre urbain. �L�exode rural qui a suivi la d�gradation de la situation s�curitaire dans les ann�es 90 a aggrav� la crise. Aujourd�hui, ces gens veulent regagner la campagne, mais notre priorit� est de satisfaire la demande de ceux qui n�ont pas quitt� leurs demeures. Nous devons am�liorer leur cadre de vie� a-t-il insist�. A propos des troupeaux de b�tail qui font partie du paysage quotidien du centre urbain, cheikh Bouzid soutient que ce probl�me n�cessite la volont� de toutes les autorit�s et non pas seulement la mairie, � nous avons proc�d� d�j� � l�interdiction de l��levage du b�tail dans la ville, nous saisissions toutes les b�tes errantes et nous avons m�me intent� des actions en justice � l�encontre de certains maquignons, mais �a n�a rien donn� � a-t-il affirm�.
Un importateur pour 500 habitants
Il convient de noter que les chiffres officiels en mati�re du commerce ext�rieur et des recettes fiscales sont d�risoires par rapport � l�activit� r�elle. En 2005, la recette fiscale de la circonscription de A�n Fakroun �tait de l�ordre de 105 millions de DA, soit 5,6 % des recettes de la wilaya d�Oum El Bouaghi. Un taux insignifiant si l�on prend en consid�ration le nombre d�importateurs activant � A�n Fakroun qui, selon les chiffres de la direction du commerce, avoisine les 60 % des 1003 importateurs domicili�s � O.E.B. L�argument donn� par le directeur des imp�ts � O.E.B est �loquent. �C�est le co�t modique des habits camelotes import�s par les commer�ants de A�n Fakroun qui justifie cet apport minime� a-t-il justifi�. Mais, le rang de la wilaya, qui occupe l�avant derni�re position en mati�re de civisme fiscal contredit � bien des �gards, cette th�se. Depuis la promulgation de la loi de novembre 2005, r�glementant l�activit� de l�import et l�adoption du fameux article 13 qui stipule la r�vision � la hausse du capital social des soci�t�s d�import fixant la barre minimale � 2 milliards de centimes, le nombre d�importateurs a d� fl�chir d�une fa�on vertigineuse. A l�expiration de la datebutoir sommant les importateurs alg�riens � r�gulariser leurs situation en d�cembre 2006, 12 importateurs, seulement, domicili�s � O.E.B ont r�pondu � l�appel. Le nombre a augment� progressivement. En janvier 2006, il �tait de 19. En octobre, et selon les statistiques du Centre national du registre du commerce le nombre d�importateurs domicili�s � O.E.B a atteint 136 dont 68 modifications du capital social et 68 nouvelles inscriptions. 75 % sont domicili�s � A�n Fakroun soit 102 importateurs. L�apport de cette circonscription � la fiscalit� de la wilaya a augment� proportionnellement. En octobre 2006, le recouvrement a avoisin� les 196 millions de DA, soit 9,6 % de la cagnotte fiscale. Malgr� les efforts consentis par l�Etat dans la perspective de combler le vide juridique qui facilitait la fraude, les m�canismes de contr�le, d�application de ces lois et les moyens n�cessaires � ces actions font d�faut. Selon un cadre � la Direction du commerce, le retard accus� dans la circulation de l�information et notamment depuis les postes frontaliers et le manque de coordination entre les organismes charg�s de la gestion de l�activit� commerciale dans les diff�rentes wilayas entravent le travail des brigades mixtes constitu�es des agents de la Direction du commerce, les Imp�ts et la douane, charg�es au niveau local des op�rations de contr�le. �Les fiches statistiques, d�livr�es au niveau des postes frontaliers r�capitulant l�ensemble d�articles import�s, enregistrent parfois des retards de 3 mois. Une dur�e suffisante pour l��coulement de la marchandise quelle que soit sa nature� fait observer notre interlocuteur. Quant aux immatriculations �trang�res � la da�ra de A�n Fakroun sur l��tiquetage de certains lots de marchandises aper�us dans les magasins de cette ville, un cadre de la DCP r�v�le que � certains importateurs louent des registres du commerce domicili�s dans d�autres wilayas. Ce qui complique davantage le travail des brigades mixtes sur le terrain, dans la mesure o� ces importateurs n�ont pas d�adresse � A�n Fakroun et, de surcro�t, nous ne pouvons pas agir � leur encontre par le biais des fiches statistiques en notre possession, �mises des postes-frontali�res �.


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