Tamentit qui signifie en berb�re �le couvert des yeux� ou encore l��il et le sourcil bien qu�une version soutienne que c�est �l�eau de la source� selon le dialecte local, est situ� � environ 12 km au sud du chef-lieu de Adrar et � 1700 km d�Oran. Un silence abyssal qu�entrecoupent de rares incursions de v�hicules o� le braiment d�anes enveloppe cette cit�. Un pays redout� et redoutable des caravaniers qui y transitaient dans la nuit des temps. Dissimul�e derri�re une vaste palmeraie comme toutes les cit�s et ksour du grand sud, Tamentit n�a pas trop de choses � offrir � ses enfants. Un oc�an de dunes � perte de vue, un horizon insaisissable, de l�ennui et un soleil en permanence. Les bambins se lancent dans d�interminables parties de foot au milieu de la poussi�re des d�dales du vieux ksar, presque en ruine. Une seule route ceinture le vieux ksar � proximit� du saint. Le centre de l�artisanat rec�le des �l�ments de vestige et des pi�ces artisanales atypiques qui t�moignent du g�nie des habitants de la r�gion. Des pi�ces de vaisselle en c�ramique, divers objets d�orf�vrerie et enfin des �l�ments de poterie ornent la grande salle du centre. Les poteries sont teint�es en noir avec la mine de crayon d��colier. Tamentit �tait jadis un endroit de rencontre de caravanes qui venaient de Tunis, de B�ja�a pour aller vers l�Afrique noire en passant par le redoutable et terrifiant d�sert du Tanezrouft. Elle fut �galement un lieu de savoir et ksar de l�artisanat, de l�orf�vrerie et de la poterie. Le grand cheikh de la zaouia Mohamed Belekbir d�c�d�, il y a quelques ann�es et dont la r�putation a d�pass� la r�gion d�Adrar et m�me les fronti�res du pays, y avait fait ses �tudes. Les artisans avec des mains agiles et un flegme dont seule la r�gion conna�t le secret fa�onnent divers objets. Tagherbit, grande assiette pour les dattes. Zelafa pour le couscous, Tassefsif, bocal ou broc pour l�eau. L�artisanat constitue l�une des activit�s majeures de la r�gion. A la question de savoir d�o� ils tenaient ces m�tiers, la r�ponse est sans appel. De nos a�eux, pr�cisent les habitants. Les foggara sont omnipr�sentes. Ce sont d�anciennes conduites d�eau souterraines destin�es � irriguer la palmeraie. Elles sont les seules qui sont orient�es dans le sens sudnord, contrairement aux autres qui essaiment la r�gion du Touat (Adrar et ses environs) du Gourara (Timimoun et ses environs) et du Tidikelt (In Salah, Aoulef, Reggane). La plus c�l�bre d�entre toutes reste la foggara Hennou, laquelle est non seulement aliment�e par une source et non par la nappe mais passe sous le ksar de Tamentit � 800 m�tres de profondeur. La foggara est un ouvrage hydraulique qui r�duit au maximum l��vaporation. Elle utilise un syst�me de galeries souterraines qui permettent de drainer l�eau du sous-sol et de l�amener par gravit� � partir d�une succession de puits d�a�ration jusqu�� ce qu�elle parvienne aux champs. Une seguia distribue cette eau par le biais de kesria, (distributeur en pierre) vers de petites seguias. Le partage de l�eau est mat�rialis� par des �peignes� plac�s en travers des canaux d�irrigation. Le fonctionnement, quant � lui, est contr�l� par un �kial� lequel d�termine la quantit� d�eau en fonction du montant vers� par le demandeur. Une trouvaille extraordinaire qui continue d��merveiller � ce jour et dont la r�alisation est attribu�e par les historiens tant�t aux Irakiens tant�t � des tribus ayant peupl� la r�gion depuis plusieurs si�cles d�j�. Tamentit jouit d�un pass� glorieux et dispose en effet d�un riche patrimoine. Un v�ritable tr�sor en somme. Des composantes ethniques ont incontestablement contribu� � la formation d�une grande diversit� culturelle qui s�exprime autant � travers le chant, la danse que l�architecture. On r�pertorie, aujourd�hui pr�s d�une quinzaine d�expressions musicales po�tiques et chor�graphiques. Le �Tbal� appel� �galement �Echellali� du nom d�un grand po�te. Le baroud, la hadra, la rakbia, la barzana ... le kartabou, la touiza. Les biblioth�ques traditionnelles sont t�moin d�un pass� prestigieux. Ce patrimoine doit �tre toutefois sauvegard� et r�habilit�. Un imp�ratif, une n�cessit�. Il faut encourager l�activit� touristique par des investissements priv�s et le balisage du circuit de cette oasis, tr�s pris�e par les touristes, amateurs d�exotisme, car l�aspect culturel demeure l�une des plus grandes curiosit�s de cette r�gion. Le programme sp�cial sud pourra sans aucun doute, dans ce contexte donner un coup de fouet autant au tourisme, � la r�habilitation du patrimoine culturel et artistique. L�agriculture se r�duit � des champs exploit�s individuellement et dont la production saisonni�re suffit difficilement aux besoins de son exploitant. Elle demeure tributaire des camions du nord. M�me la tomate conna�t le revers de la m�daille � l�image des ksour qui tombent en ruine. L��loignement, le probl�me de transport, l�absence de chambres froides conditionnent son �coulement. Aujourd�hui, un appel au secours est lanc� pour sauver l�agriculture du Touat. Le ch�mage est lui aussi d�sign� du doigt. Ce qui pousse les jeunes � envisager l�avenir avec moins de s�r�nit�. Tamentit continue � vivre au rythme des journ�es qui s��coulent et qui s��grennent tel un chapelet. En attendant des jours meilleurs.