�J�ai fait des erreurs�, �crit Cindy Sheehan, m�re d�un soldat am�ricain tu� � Baghdad, devenue aujourd�hui l�ic�ne du mouvement am�ricain anti-guerre en Irak. Dans son livre Peace Mom, le combat d�une m�re am�ricaine contre la guerre, elle s�insurge, elle la croyante catholique, de ne pas avoir aid� son fils, pendant qu�il �tait encore temps, pour le tirer des griffes des sergents recruteurs de l�arm�e am�ricaine, avant de s�apercevoir que sa scolarisation dans les �coles religieuses ultra-conservatrices l�avait id�ologiquement pr�par� � s�engager dans l�arm�e. �Leur mission, �crit-elle � propos de ces �coles, est de d�pouiller les enfants de la moindre fibre d�individualit�, de les �soumettre � un lavage de cerveau, fond� sur un unique postulat : seule notre religion est la bonne.� Et d�observer (fort) lucidement : �Quelle que soit la religion, les fondamentalistes sont responsables de l��tonnant p�trin dans lequel nous nous trouvons aujourd�hui. Chr�tiens int�gristes, musulmans extr�mistes ou encore juifs sionistes, ils n�aiment rien d�autre qu�entra�ner leurs adeptes dans une fr�n�sie de haine et de peur.� Pire, apr�s l�enr�lement de son fils, elle se souvient avoir encourag� une de ses filles � s�engager dans l�arm�e de l�air � � son grand soulagement, sans succ�s � pour se faire payer ses �tudes de m�decine. Ayant fait des �tudes d�histoire, Cindy Sheehan affirme ne pas ignorer que son pays (les Etats-Unis) �faisait rarement la guerre pour autre chose que pour les int�r�ts� du �complexe militaro-industriel� et admet dans le contexte d�alors avoir manqu� de vigilance en faisant montre d�une tranquille assurance �d�autosatisfaction et de paix issue des ann�es Clinton�. Aussi reconna�t-elle n�avoir pas fait attention au fait que l�embargo impos� par Washington � l�Irak avait caus� la mort d�un demi-million d�enfants, que ce pays �tait r�guli�rement bombard� par les Am�ricains durant les ann�es 90 et, par cons�quent, que l�Administration Bush se pr�parait � engager son pays dans une guerre totale. �Avant, je regardais CNN� et � l�occasion on pouvait m�me me faire regarder Fox News. A l��poque, avoue-t-elle, je ne me rendais pas compte que c�est ainsi que l�on nous fournissait notre dose quotidienne de propagande�. Et la mani�re dont ces m�dias traitent de la guerre en Irak, ne diffusant qu�un son de cloche, lui fait dire qu�ils �ne sont pas libres dans le Bush Land�. Depuis la mort de son fils en avril 2004, Cindy Sheehan est pass�e � l�offensive. S�en prenant au discours patriotique qu�elle qualifie de �patriotisme en carton- p�te�, au nom duquel des jeunes sont enr�l�s pour aller se battre pour des causes n�ayant rien � avoir avec la d�fense de la patrie, des libert�s et de la d�mocratie. Elle essaie, non sans un certain succ�s, de faire prendre conscience aux parents de soldats tromp�s par la propagande de la Maison Blanche, de la n�cessit� de refuser la guerre de Bush. Esseul�e au d�part, sans autre soutien qu�une poign�e de personnes, parmi lesquelles la chanteuse Joan Baez, Cyndy Cheehan est arriv�e en l�espace de trois ans, � retourner la situation en sa faveur. En effet, quand elle avait d�cid� de camper devant le ranch de Bush en ao�t 2005, personne ne croyait en ses chances d��tre entendue. Et pourtant, petit � petit, par solidarit�, par curiosit� pour cette m�re de soldat campant sous une tente afin d��tre re�ue par le pr�sident am�ricain, la foule grossissait et manifestait sa sympathie. Des micros se tendaient vers elle, des t�l�s locales diffusaient quelques images, avant que les grandes cha�nes nationales de t�l�vision ne se la disputent. Au point, admet-elle aujourd�hui, qu�elle ne s��tait jamais imagin� qu�elle serait �au centre du plus grand tourbillon m�diatique de ces derni�res ann�es�. Qui a tout de m�me permis � tout un pays de sortir de son mutisme, que des voix de plus en plus nombreuses, y compris celles de soldats et d�officiers, de s��lever contre la guerre de George Bush.